Les vastes archives de MuchMusic passent enfin au numérique

TORONTO — Le propriétaire de la chaîne musicale MuchMusic, Bell Média, en est à la dernière étape d’un projet de plusieurs années qui consiste à parcourir des dizaines de milliers de bandes vidéo et à transférer des morceaux d’histoire dans de nouvelles archives numériques, a déclaré Justin Stockman, vice-président du développement de contenu et de la programmation de Bell.

«En gros, n’importe quelle entrevue avec n’importe quel artiste que l’on peut imaginer», a-t-il résumé à La Presse Canadienne.

Cela signifie que tout, depuis les rencontres avec des musiciens canadiens et internationaux jusqu’aux retransmissions d’événements spéciaux, trouvera un foyer plus permanent à l’abri de la détérioration progressive des bandes.

De nombreuses bandes vidéo de MuchMusic se trouvaient sur des étagères au niveau inférieur de l’ancien siège social de la station à Toronto, connu sous le nom de «Chum-City Building», sur les rues Queen et John, qui abrite aujourd’hui Bell Média.

Cette collection massive a finalement débordé vers d’autres endroits, a déclaré M. Stockman.

Sauvegarder toutes ces images est devenu une tâche gargantuesque. La variété des formats de bandes vidéo utilisés par MuchMusic au fil des ans a rendu le défi encore plus délicat.

Bell Média n’avait pas répondu dans l’immédiat à une demande de La Presse Canadienne afin de savoir si un projet d’archive similaire était destiné à l’ancienne chaîne québécoise MusiquePlus.

Lorsque les dirigeants de Bell ont lancé le projet pour MuchMusic, ils ont dû décider ce qu’ils voulaient préserver. Sur la liste de sauvetage figuraient bien sûr les entrevues et les programmes mémorables tels que les discussions sur l’éducation aux médias «Too Much 4 Much» et le spectacle hivernal des rassemblements «Snow Job».

La plupart des «lancements vidéo» n’étaient pas sur la liste de sauvetage: des moments éphémères où les vidéoreporteurs de MuchMusic ont introduit des clips vidéo dans le cadre du bloc de programmation quotidien «Videoflow».

«Pouvez-vous imaginer combien il y en a, a souligné M. Stockman. À un moment donné, il faut choisir ce qui a de la valeur et ce qui ne l’est pas. Et tout ce qui a été un moment ou une entrevue remarquable est capturé.»

Il a déclaré que la numérisation des archives de MuchMusic était terminée à environ 70 %. 

Le projet est en préparation depuis «plusieurs années», a-t-il ajouté. Dans le cadre de ce processus, le diffuseur canadien remplace également son système vieillissant de catalogue physique sur fiches par un nouveau format informatisé.

Une mine d’or pour les cinéastes

Une grande partie des images numérisées n’était pas disponible l’année dernière, selon le cinéaste Sean Menard, dont le documentaire «299 Queen Street West» s’inspire d’anciens clips pour retracer l’héritage de la chaîne.

M. Ménard a travaillé avec les archivistes de Bell Média pour extraire des bandes spécifiques des bibliothèques et les a numérisées pour les utiliser dans son film, qui entame une tournée de projection dans les villes canadiennes plus tard ce mois-ci.

M. Stockman s’est dit convaincu que les archives numériques deviendront une ressource pour les cinéastes qui souhaitent accéder à des pans de l’histoire de la culture pop.

Par exemple, des extraits de la vaste couverture sur le terrain du festival Woodstock de 1999 par MuchMusic — qui a capturé la descente du festival de musique dans le chaos — sont apparus dans la série documentaire Netflix de l’année dernière «Trainwreck: Woodstock 99».

D’autres images, numérisées des années avant la dernière initiative, mettent une petite partie de l’histoire de MuchMusic sur YouTube.

Certains des moments les plus marquants de MuchMusic, y compris l’une des dernières entrevues de Kurt Cobain, ont collectivement totalisé des millions de vues.

M. Stockman a fait savoir que d’autres programmes seront également préservés, notamment «Fashion Television» de Citytv, un magazine d’information sur la mode influent animé par Jeanne Beker et qui est entre les mains de Bell.

Toutefois «Speakers Corner», également une série de Citytv, n’est pas destiné à connaître le même sort.

L’émission a duré près de deux décennies et était composée de courts clips vidéo que les passants ont enregistrés dans une cabine vidéo automatisée située à l’angle du bâtiment Chum-City. Les gens payaient un dollar pour fulminer et intervenir sur des sujets d’actualité ou plutôt envoyer des remerciements à leurs proches.

Les droits de «Speaker’s Corner» ont été acquis par Rogers Media lorsque le géant des télécommunications a acquis les actifs de Citytv lors de la fusion de Bell avec la compagnie CHUM, il y a plus de dix ans.

Bien que Rogers utilise encore la marque «Speaker’s Corner» sur certains segments hebdomadaires, un représentant a déclaré «qu’il n’est pas prévu pour le moment de numériser ses archives».