La relève des sauts acrobatiques repose uniquement sur les athlètes québécois

LAC-BEAUPORT, Qc — L’avenir de l’équipe canadienne de sauts acrobatiques passe par le Québec. Pas parce que la Belle Province fournit les plus beaux espoirs. Parce qu’elle fournit les seuls espoirs.

Les sept membres de l’équipe nationale viennent du Québec, comme les cinq athlètes Next Gen. N’allez pas lire que les sauteurs québécois, que l’on pourra voir ce week-end lors des deux étapes de la Coupe du monde de Lac-Beauport, au Centre de ski Le Relais, se taillent une place par défaut au sein de l’équipe nationale. C’est que des programmes de sauts acrobatiques n’existent tout simplement pas dans le reste des provinces canadiennes.

«C’est certain que le saut acrobatique, on est un sport niché. L’entraînement se passe sur des rampes d’eau et il n’y a pas beaucoup d’infrastructures à l’extérieur du Québec, a raconté l’entraîneur adjoint de l’équipe canadienne Rémi Bélanger, rencontré après la séance d’entraînement de vendredi. C’est donc difficile de développer des athlètes dans le reste du pays. C’est une des raisons pourquoi on retrouve autant de Québécois sur l’équipe.»

Les rampes d’eau l’été, les sauts sur neige l’hiver et des trampolines accessibles en tout temps pour tout ce beau monde constitue des investissements considérables. C’est ce qui fait que même au Québec, le développement de ces athlètes de pointe passe uniquement par deux pôles.

«Ici, au Relais, et à Mont-Gabriel, note Bélanger. C’est parce que si on recule de huit ou 10 ans, [l’entraîneur de l’équipe Next Gen] Nicolas Fontaine était ici et il s’est dit qu’il allait partir un programme. Moi, qui viens de la région de Montréal, je me suis dit que j’allais partir un programme au Mont-Gabriel. Il y a deux programmes qui roulent parce que deux entraîneurs ont eu le désir de relancer les sauts. Ça fonctionne aussi parce qu’il y a une petite rivalité entre le Relais et le Mont-Gabriel. Mais partout ailleurs dans le monde, s’il n’y a pas d’entraîneur passionné pour partir de tels programmes, il n’y a pas de sauts.»

C’est ce qui explique qu’on ne retrouve plus d’athlètes du reste du pays, comme à l’époque pas si lointaine des Steve Omischl et Warren Shouldice.

«C’est une question d’installations. Quand il y avait des gars comme Warren et Steve au sein de l’équipe, c’est parce qu’il y avait un entraîneur qui avait fait installer une petite rampe à Calgary et qui avait monté un groupe d’athlètes. C’est l’entraîneur qui était vraiment motivé qui était allé chercher les ressources pour faire revivre un programme. Comme nous avons fait Nic et moi.

«Comme c’est niché, il y a aussi un bassin limité d’entraîneurs qui peuvent partir des programmes. Je parlais des rampes d’eau, mais il y a aussi l’entraînement sur trampolines. Ça prend des ressources. Ski Acro Canada est toujours ouverte à partir de nouveaux programmes, mais ça prend les connaissances et la volonté dans ces autres régions.»

Les programmes de Bélanger et Fontaine ont déjà procuré une médaille olympique au pays, celle de bronze récoltée en équipe à Pékin par Marion Thénault, Miha Fontaine et Lewis Irving. Thénault a de plus participé à deux super-finales aux Mondiaux, terminant sixième en 2021 et au pied du podium l’an dernier.

Bélanger assure que les Québécois seront en lice pour des médailles à Milan-Cortina d’Ampezzo, en 2026 et pour les Jeux de 2030 également.

«En 2026, nous aurons des athlètes qui auront le potentiel de se retrouver sur le podium chaque semaine. Pour l’instant, ils prennent encore beaucoup d’expérience.

«Ce qui est le fun, c’est qu’on a beaucoup de monde et la relève est là. Peut-être que nos athlètes qui sont sur le circuit de la Coupe du monde présentement ne s’engageront pas pour un autre cycle olympique, mais ils sont assez jeunes qu’ils le pourraient. Ils vont être matures en 2026, mais ne seraient pas dépassés en 2030. Ils ne seront pas trop vieux du tout.»