Tuer pour économiser?

LETTRE OUVERTE
Voici une lettre ouverte de Jean Guillemette concernant la sortie publique du maire de Louiseville Yvon Deshaies qui souhaite le retour de la peine de mort au Canada.

À grand coup d’austérité, le gouvernement coupe, coupe, coupe et coupe encore. Les villes et municipalités doivent satisfaire les citoyens au maximum, en voyant les subventions et autres revenus diminuer considérablement. Tous les moyens sont bons pour s’assurer d’offrir le meilleur service à la population, la hausse de taxes étant le plus connue. Voilà que mercredi, Yvon Deshaies, maire de Louiseville, annonçait qu’il annonçait qu’il était favorable au retour de la peine de mort, pis encore le retour de la pendaison rien de moins. Son argument : Faire économiser aux différents paliers de gouvernement des coûts considérables et que ces économies pourraient, par exemple, se refléter sur le budget d’une municipalité. Monsieur le maire, est-ce vraiment une économie de coût?

Dans l’édition du 2 février 2012 du journal Le Soleil, on y retrouvait un article qui faisait mention que le coût de la peine de mort était trois fois plus chères que la prison à vie. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu’ils interjetteront appel, ce qui allonge le temps passé en prison. De plus, entre le moment où un criminel est arrêté est son exécution, il peut s’écouler jusqu’à 30 ans. En Californie monsieur le maire, un prisonnier qui écope de la prison à vie coûte bon an, mal an 50 000 $ U.S. Le même prisonnier avec une peine de mort, coûte 150 000 $ U.S. Une différence de 100 000 $, vous qui êtes un administrateur de ville et qui savez, j’ose espérer, la valeur de l’argent, savez-vous ce qu’on peut réaliser avec 100 000$?

Savez-vous, monsieur le maire, où retrouve-t-on le bas taux de criminalité? Dans les pays où l’éducation est une priorité. Par contre, au Québec, le ministre Bolduc en tête d’affiche fait des coupures dans tous les secteurs de l’éducation. À la place de faire des représentations pour la peine de mort, faites-en donc pour l’éducation. Une meilleure éducation aide à prévenir la criminalité, par conséquent aide à baisser le taux de population en prison, donc une économie. On arrive à des souhaits similaires, soit économiser et ce sans que pour autant amener la peine de mort.

De plus monsieur Deshaies, la peine de mort n’est pas plus dissuasive que la prison à vie. Cet argument se vérifie en particulier dans les États américains qui ont réintroduit la peine de mort sans constater de diminution de la criminalité. Un autre argument prétend que les criminels qui s’attendent à être condamnés à mort sont plus sujets à l’usage de la violence, s’épargnant ainsi l’enfermement à vie. Le rapport 2003 du FBI démontre que le sud des États-Unis, qui regroupe à lui seul 80 % des exécutions capitales, demeure la région où le taux de criminalité est le plus élevé du pays. À l’inverse, le nord-est du pays, qui concentre moins de 1 % des exécutions capitales américaines, présente le plus faible taux de criminalité.

En conclusion monsieur Deshaies, preuve que l’homme n’est pas parfait, vous avez faire une bourde politique, et je suis persuadé que vous saurez faire les démarches nécessaires afin de vous rétracter. D’ailleurs, le système judiciaire a pour mission d’éduquer et de corriger les personnes reconnues coupables de crimes. Un homme exécuté n’est pas un homme à qui la société a offert une deuxième chance. Une variante chrétienne de cet argument affirme que personne ne peut se placer au-dessus du Salut et que personne n’a le pouvoir de juger la capacité d’un homme à se racheter. Bonne réflexion monsieur le maire.

Jean Guillemette

ex-candidat d’Option nationale dans St-Maurice