Pour que tout le monde y gagne

Réforme du mode de scrutin

L’Écho de Maskinongé faisait récemment état de la perte possible de deux circonscriptions en Mauricie advenant une réforme du mode de scrutin. Les députés qui représentent actuellement la Mauricie à l’Assemblée nationale – tous des libéraux – exprimaient à cette occasion leur inquiétude de voir la région moins bien représentée. Or, la réalité est un peu plus complexe qu’on ne laisse entendre. Quant à l’inquiétude affichée par les libéraux, elle est peut-être celle d’un parti qui se maintient au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 15 ans en ne récoltant jamais guère plus du tiers des suffrages. Pour commencer, soulignons qu’aucune modalité précise n’a été arrêtée quant à une réforme du mode de scrutin, même si un consensus se dégage en faveur d’un mode proportionnel mixte à compensation régionale. Dans tous les cas, tout le monde s’entend sur la nécessité de faire en sorte qu’un parti qui ne récolte que 40 % du suffrage n’obtienne plus 55 % des sièges, comme c’est le cas en ce moment. Parmi les propositions mises de l’avant, on pourrait voir la députation à l’Assemblée nationale représentée par 60 % de candidats et candidates issus de circonscriptions, comme c’est le cas actuellement et 40 % de la députation distribuée proportionnellement entre les partis, en fonction de leurs résultats au suffrage régional. Par exemple, dans une région de dix circonscriptions, il y aurait six circonscriptions uninominales comme actuellement, et il y aurait quatre sièges de compensation répartis entre les partis en fonction du résultat obtenu par chacun d’entre eux dans la région, pour faire en sorte que les dix sièges au total soient attribués de façon proportionnelle. Chaque parti aurait donc à présenter une liste de candidats et candidates pour les quatre sièges de compensation. Ceux-ci devraient provenir de la région et la représenteraient toute au complet. Ainsi, chaque citoyen aurait un député ou une députée de sa circonscription, ainsi que quatre autres représentant sa région, qui proviendraient assurément de différents partis. La région n’y perdrait rien au change et la députation serait plus représentative de la volonté populaire. Il s’agit là d’un exemple, la mécanique précise reste à déterminer. Et elle demande à coup sûr détermination! Justin Trudeau nous aura prouvé qu’abdiquer sur nos ambitions demeure aussi une option. La mise en branle d’un tel chantier devrait nous enthousiasmer plutôt que nous faire brandir de vils épouvantails. Elle demande une discussion franche et non partisane, car même si le processus revêt une certaine complexité, c’est la démocratie qui en sort gagnante en bout de course. Le Québec dispose d’une expertise certaine et d’une longue tradition démocratique qui devraient paver la voie à une réforme de scrutin digne de ce nom. Une réforme où chaque citoyenne et citoyen aurait l’assurance en se rendant aux urnes que chaque vote compte vraiment. Sur son site Internet, l’organisme Mouvement démocratie nouvelle fait valoir que : « Au Québec, la réforme du mode de scrutin est réclamée depuis plus de 50 ans. Tous les partis ont déjà pris position à un moment de leur histoire en faveur de la réforme. Toutes les conclusions des multiples consultations populaires, états généraux, commissions parlementaires et même un avis du Directeur général des élections du Québec convergent en faveur de cette réforme ». Rappelons que tous les partis, sauf le parti libéral, ont signé le 9 mai dernier un engagement ferme à réformer le mode de scrutin à l’intérieur du prochain mandat. En mobilisant la peur et en procédant par raccourcis pour défendre une main mise sur un pouvoir qui leur échappe, les libéraux font encore la preuve que l’heure du changement a clairement sonné. Simon Piotte Candidat pour Québec solidaire dans Maskinongé