Lettre ouverte au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

M. le Ministre,

J’ai pris ma retraite de l’enseignement au secondaire dans une petite ville de la Mauricie en 2015. Depuis ce temps je continue d’œuvrer au sein du comité Renouveau Biblio de mon école. Ce comité vise à recueillir des fonds pour aider à garnir les rayons de la bibliothèque scolaire qui en avait grandement besoin.

Il y a quatre ans, des coupures administratives ont amputé les heures de travail de la technicienne en documentation qui travaille sans se ménager pour revamper la bibliothèque qui est devenu, au fil des dernières années, un oasis douillet et accueillant pour nos élèves. Ainsi sa présence à l’école secondaire a été réduite de 5 heures, ce temps étant  accordé à une école élémentaire. Le personnel et les élèves se sont accommodés tant bien que mal de la fermeture partielle de la bibliothèque. Or, on apprend cette année que la commission scolaire vise une coupure de 13 heures supplémentaires. En quelques années, temps accordé à la technicienne en documentation aura fondu de moitié. Pour une seconde fois, la technicienne devra ajouter à son horaire  une autre école élémentaire.

Je salue l’initiative qui permet d’offrir un service en documentation en souffrance à l’élémentaire. Bravo! Mais il en va tout autrement lorsqu’il s’agit d’amputer de moitié le même service au secondaire.

Dans un autre ordre d’idées, le ministère de l’Éducation octroie aux écoles de milieux défavorisés des budgets supplémentaires dans le cadre pu projet « Agir Autrement ». L’école dont il est question ici, profite de ce programme depuis plusieurs années car, l’indice socio-économique est au plus bas de l’échelle, c’est-à-dire 10. Les bénéfices de ce programme sont immenses. Ce programme permet de mettre en place des mesures probantes qui stimulent le sentiment d`appartenance de l’élève et par le fait même, le goût de rester à  l’école jusqu’à la fin du parcours académique. 

Croyez-vous, M. le Ministre, que les choix administratifs de la commission scolaire vont à l’encontre de vos actions qui visent à favoriser et développer l’intérêt de nos jeunes pour l’école et ainsi favoriser la réussite éducative en milieu défavorisé?

Nous savons que la réussite d’un examen avec une note de 60% ne peut se faire sans comprendre les questions demandées. La lecture devient l’outil fondamental de la réussite scolaire. C’est l’objectif qui était poursuivi lorsque votre ministère a implanté le Plan d’action sur la lecture à l’école. En effet, de septembre 2008 à juin 2011, ce Plan avait priorisé l’action et l’embauche de bibliothécaires scolaires. Assisterons-nous à un recul dans les années à venir?

La semaine dernière, La Presse Pus nous rapportait les conclusions d’une enquête réalisée pour le compte de Scholastic, important éditeur jeunesse. On y apprend qu’il existe un clivage entre les jeunes lecteurs et les adolescents. L’intérêt pour la lecture diminue dès l’entrée au secondaire. On attribuerait cela au fait que près d’un jeune sur deux a du mal à trouver un livre qui l’intéresse. Il reste donc du travail à faire et c’est justement là qu’intervient la technicienne en documentation. Son travail de recherche et la mise sur pied d’activités d’animation de la bibliothèque visent à stimuler l’intérêt des élèves.

Il faudra bien réfléchir dans les années à venir et tout mettre en œuvre pour susciter et maintenir l’intérêt pour la lecture chez nos jeunes. Si on retrouve une bibliothèque au sein du projet de Lab-école que le ministère compte mettre de l’avant, au coût de 1,5 millions de dollars par année ( sur 5 ans), il faudra s’assurer que la commission scolaire qui  mènera l’expérimentation aura les moyens financiers de la garder ouverte….

Sandra Delatri,

Enseignante retraitée indignée

St-Justin