Charte des valeurs du PQ: Une embuscade pour les catholiques du Québec

Pendant qu’on veut interdire le port des signes religieux musulman, juif et sick dans la fonction publique, une tolérance a été accordée aux petites croix des catholiques.  Ce qui donne à penser qu’un favoritisme a été concédé aux catholiques.

Ce n’est pas par amour du christianisme ou par absence de neutralité que cette tolérance leur a été accordée.  C’est par stratégie politique, pour ne pas heurter la sensibilité des québécois qui ont encore un attachement à leurs racines religieuses.  Cette tolérance n’est en fait, qu’une diversion pour endormir les catholiques.  Dans les coulisses du pouvoir, Bernard Drainville leur réserve une belle boîte à surprise qui va se retourner contre eux.  Pour adopter une charte des valeurs comme celle qu’il nous propose, il faut adopter un modèle de laïcité qui va permettre l’adoption de cette charte.  Ce modèle de laïcité importé de la France n’est pas neutre.  C’est une laïcité falsifiée, faussée, qui confond laïcité et sécularisation.  Dans une société sécularisée, il n’est pas possible de faire ceci ou cela, de porter ceci ou cela, ce qui est totalement anormal, ce n’est plus de la laïcité, mais quelque chose qui comporte des éléments d’un athéisme d’État.   Voir le livre (la laïcité falsifiée) paru en 2012, de l’auteur français Jean Baubérot, professeur de la chaire histoire et sociologie de la laïcité en France. 

Ce modèle de laïcité peut facilement devenir un outil de répression contre toutes les religions.  C’est ce qu’il deviendrait entre les mains de l’actuel gouvernement.  Ce modèle de laïcité est comparable à une cage à homard, une fois entré à l’intérieur de la cage, vous ne pouvez plus en sortir.  Une grande partie de vos libertés religieuses serait sous la tutelle de l’État.  Il pourrait  en disposer comme bon lui semble.  Il interdirait le port des  signes religieux de ses employés pendant leurs heures de travail.  Il pourrait réévaluer sa position sur les « petites croix ». 

L’État pourrait interdir toutes représentations d’objets sacrés : statues, statuettes, images saintes, etc.. à l’intérieur des hôpitaux, CHSLD et autres.  Il pourrait interdir la célébration de messes en ces lieux.  Il pourrait fermer les locaux de prières des universités et bien plus encore…

Soyez bien assurés que tôt ou tard, il le ferait et cela au nom de la NEUTRALITÉ RELIGIEUSE DE L’ÉTAT.  Cette neutralité de l’État est plutôt, selon moi, absence de neutralité, parti pris pour l’athéisme contre les religions.  Ce modèle de laïcité a créé le racisme et la ségrégation raciale en France.

Plusieurs auteurs, autant en France qu’au Québec ou au Canada, parlent d’un échec de la République pour décrire ce modèle d’intégration des émigrants que Pauline Marois désire implanter ici au Québec.

l- John Saul, écrivain bien connu qui vit au Canada tout en ayant une résidence secondaire en France, titrait dans le Journal de Montréal du samedi 1er mars 2014 : « C’est au peuple de définir ses valeurs, pas à un gouvernement. »  « La France que j’adore, s’est révélée une vraie catastrophe en matière de citoyenneté et d’immigration,  les Français n’ayant pas compris comment agir avec les immigrants.  C’est avec surprise que j’ai entendu Madame Marois vanter leur politique d’émigration et parler de la France comme d’un pays phare. »

2-L’historien et sociologue Gérard Bouchard (commission Bouchard-Taylor) abonde dans le même sens, dans le journal La Presse, 10 janvier 2014 : « Le modèle Français d’intégration, salué par la ministre Pauline Marois, constitue une aberration aux yeux de Gérard Bouchard.  Il n’est rien d’autre qu’un retentissant échec. » Insiste-t-il.

3- Christian  Delorme, curé de la banlieue Lyonnaise, initiateur en 1983 de la marche pour l’Égalité des droits et contre le racisme en France, homme de terrain, avec plus de trente ans de travail avec les musulmans, auteur d’un livre sur l’Islam paru en 2012 cite : « Intégration et banalisation, tel est le souhait des musulmans en France. »  Pour l’auteur « cet Islam ostentatoire que l’on voit en France fonctionne comme une compensation à l’exclusion  qu’ils vivent ou ressentent.  Avant de voir une montée de l’Islam, constatons d’abord un échec de la République. » 

Brimer injustement les libertés religieuses des croyants et humilier ces personnes, ne peut en aucun cas être un gage de paix sociale. 

« La Vérité, c’est ce qui simplifie le monde et non ce qui crée le chaos. »

Antoine de St-Exupéry, réflexion sur la politique.

Le Québec n’a pas besoin de ce carcan pour accomplir sa laïcité.  Jacques Parizeau dira : « La laïcité au Québec, la séparation de l’Église et de l’État, c’est chose faite. »

Jean Dorion dira : « Une société Québécoise laïque à 95% comme maintenant, c’est très bien.  À 100% ce serait trop.  Dans un système totalitaire, beaucoup de gens étouffent. » 

Aujourd’hui au Québec, on commence à parler d’intégrisme laïque pour désigner la doctrine prônant l’élimination de toute trace des religions de l’espace public, sans aucune réserve, ni exception.  Cette doctrine est le fruit de la contre-culture religieuse, issue de la révolution tranquille à laquelle adhèrent plusieurs groupes organisés et plusieurs individus dispersés un peu partout dans la société Québécoise.

Le problème, ce n’est pas l’athéisme, chacun est libre de croire ce qu’il veut.  Le problème, c’est ce militantisme antireligieux qui est à son tour une religion qui s’ignore.  Pour ces militants la religion serait une affaire strictement privée.  L’espace public devrait être libre de toute trace du religieux.  La religion serait un phénomène rétrograde et dépassé.  Les religions seraient source de violence et de haine.  C’est ce genre d’argument qu’ils soutiennent. 

Dans les faits, la langue et la religion sont les deux composantes identitaires les plus fortes d’un peuple.  Affaiblir la langue ou la religion, c’est affaiblir l’identité d’un peuple. 

C’est ce courant militantisme antireligieux qui est la plus grande menace à l’identité  Québécoise et non pas les immigrants avec leur culture et leur religion respectives. 

« Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »

Antoine de St-Exupéry, réflexion sur la religion.

Le problème, avec l’actuel gouvernement, c’est qu’il a perdu le sens du sacré dans sa gouvernance.  Le seul fait d’énoncer une loi interdisant le port des signes religieux pour les employés de l’État pendant leurs heures de travail, on est déjà entré sur le terrain du dénigrement et de la malveillance à l’endroit des religions.

Les signes religieux font partie de l’identité d’un individu ou d’un peuple.  Ils s’enracinent dans les fibres les plus profondes de la personne.  Interdire le port des signes religieux, c’est laisser sous-entendre que ceux-ci ont quelque chose de nocif et que les porteurs de signes religieux sont eux-mêmes un peu nocifs, cela est inadmissible.

Les signes religieux sont en fait le prolongement de l’identité culturelle d’une personne et ils sont aussi le symbole d’une alliance d’amour entre un croyant et Dieu.  Il y a quelque chose de sacré derrière ces signes que l’on se doit de respecter .  C’est le premier des accommodements raisonnables qui doit être mis en place dans une société démocratique.

La sécularisation forcée des individus,  c’est de la profanation des consciences et des dignités.  C’est comparable à la profanation des églises et des cimetières.  Que diriez-vous si l’État  vous interdisait de porter votre alliance de mariage pendant vos heures de travail au nom de la NEUTRALITÉ DE L’ÉTAT?

Impensable, me direz-vous, aucun rapport avec la neutralité de l’État!   La même chose avec les signes religieux, ceux-ci n’affectent en rien la neutralité de l’État.  Ce sont des symboles d’alliances  sacrées qui ne causent aucun problème en soi.  Ceux qui y voient des problèmes, ce sont ceux qui en ont contre les religions. 

Plusieurs de ces individus se retrouvent à l’intérieur de l’actuel Parti Québécois.  Louise Mailloux, philosophe athée, militante antireligieuse, candidate du PQ dans Gouin, en est un bel exemple.

Dans un essai sur la laïcité paru en 2011, Madame Mailloux écrivait que le baptême des petits catholiques et la circoncision chez les juifs et les musulmans, on « appelle cela un viol », écrivait-elle.  Cette semaine, elle a affirmé toujours assumer ces propos. Vendredi 15 mars, Pauline Marois affirmait aux journalistes que Louise Mailloux avait « des écrits éloquents » sur la laïcité et disait : « respecter le fait qu’elle ait ce point de vue. »

 Rien de surprenant à cela, Pauline Marois étant elle-même de confession athée.

Pour ma part, je trouve beaucoup plus éloquents les écrits sur la laïcité inclusive de Jean Dorion,  l’ancien député du Bloc Québécois et qui vont totalement à l’encontre de ce modèle de laïcité que Pauline Marois et Bernard Drainville veulent imposer pour le Québec.  On découvre à l’intérieur de ce livre que la psychose ou la paranoïa que l’on a crée ici au Québec, à l’endroit des intégristes musulmans n’est nullement fondée.

Le cardinal de Québec, Gérald-Cyprien Lacroix abonde lui aussi dans le même sens.  Il déclarait dans le journal Le Devoir du 14 janvier 2014, que cette charte était une

« tempête dans un verre d’eau ».

« Je ne suis pas sûr qu’on avait besoin d’une charte pour regarder les questions qui se posent. »

« Ce qui m’a inquiété dans ce débat-là, c’est que je trouve qu’au lieu de rassembler le Québec, il a semé beaucoup de division. »

On découvrira également à l’intérieur de ce livre que le « voile » chez les musulmanes vivant au Québec est loin d’être un symbole de soumission à l’homme,  mais plutôt un choix personnel pour la très grande majorité de ces femmes.

 Le principe D’ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES sur lequel de Parti Québécois se base pour élaborer sa charte des valeurs ne doit pas devenir lui aussi une autre cage à homard  pour la liberté de ces femmes, ni un motif de perte d’emploi pour celles-ci.

Pauline Marois et Bernard Drainville ont, à mon avis, commis une erreur en voulant imposer aux Québécois une charte des valeurs qui restreint, sans aucune raison valable, les libertés religieuses de ses citoyens.  Ils l’ont fait  sans aucune étude préalable,  uniquement sur la seule base de la peur de l’autre, sur les préjugés à l’endroit des immigrants et à l’endroit des religions.  

Ce n’est pas en cherchant à assimiler les religions ou les cultures des autres peuples que nous allons favoriser le vivre ensemble. 

Pour preuve de cela, regardons nos rapports humains avec les autochtones du Québec qui sont les premiers occupants de ce territoire, qui sont nos voisins et avec qui nous entretenons des préjugés défavorables.  Ne devrions-nous pas apprendre de nos erreurs  du passé?  Ce sont des ponts qu’il faut bâtir et non des fossés qui nous séparent.

Maintenant, ne perdons pas de vue que le terreau d’origine des valeurs québécoises, c’est celui de la foi catholique et non pas celui de l’athéisme.

Dans une société laïque, il ne peut pas plus y avoir une religion officielle qu’un athéisme officiel, comme on est en train doucement de mettre en place au Québec avec Pauline Marois.

Pour le reste du Canada et pour les États-Unis, la laïcité s’applique aux institutions et non pas aux personnes qui y travaillent.  Voilà pourquoi les signes religieux sont reconnus et acceptés presque partout dans le réseau public et jusque dans l’appareil gouvernemental.

L’État est neutre, Il ne prend parti ni pour une religion plus que pour une autre et Il n’en défavorise aucune, contrairement à l’actuel gouvernement qui les dénigre toutes.  Le respect de l’univers sacré des croyants ne fait pas partie de la liste des valeurs du Parti Québécois.  Un Québec pour tous, dit leur slogan, j’oserais ajouter, sauf pour les porteurs de signes religieux.

Personnellement je résumerais cette longue réflexion sur la charte des valeurs du Parti Québécois de la manière suivante :

  • Justice pour tous
  • Égalité entre les peuples
  • Non à une charte raciste
  • Non au dénigrement des religions
  • Non à la sécularisation forcée des croyants
  • Non à l’assimilation des peuples
  • OUI à une identité québécoise qui redécouvre la richesse de ses racines catholiques.

 René Béland

 Défenseur des droits et libertés des minorités.