«Ça pourrait être notre enfant»

Une petite fille part jouer et disparaît. On espère qu’elle a oublié d’avertir sa maman ou son papa qu’elle est chez une copine et qu’elle reviendra pour souper… Les heures, puis les jours et les années passent. Elle ne rentre pas et on ne la retrouve pas. Comme on ne peut accepter le pire, on dissimule les appréhensions derrière l’espoir, même si, plus le temps passe, moins il y a de chance que son retour se matérialise.

On l’attend encore et toujours, envers et contre tous. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Est-elle encore vivante? On ne sait pas, mais il n’y a pas non plus de preuve qu’elle ne l’est pas. On veut croire au miracle… On anticipe des retrouvailles bouleversantes. Bien sûr, elle sera traumatisée, mais on l’aimera tellement qu’on arrivera à la consoler, à lui faire oublier que l’amour peut se conjuguer à l’envers…

Puis on la retrouve. Morte. L’espoir a résisté presque aussi longtemps que sa courte vie. C’est nous qu’il faut consoler et faire en sorte de réapprendre à conjuguer l’amour à l’endroit.

Il faut continuer à mettre nos jeunes en garde contre les prédateurs. Certains enfants réagissent en fuyant et en criant comme nous l’espérons, mais pas tous. Beaucoup ont de la difficulté à résister à la gentillesse, à un chiot ou à un chaton, aux jeux vidéo ou autres appâts. C’est triste de détruire leur candeur et leur confiance envers l’humanité. Triste, mais essentiel, car ce n’est pas parce qu’on a l’air gentil qu’on l’est nécessairement.

Comme les couver n’est pas plus réaliste que souhaitable, il faut continuer à les mettre en garde certes, mais également s’impliquer auprès de TOUS les enfants. N’ayons pas peur de confronter et de faire des vérifications face aux situations qui nous semblent suspectes : est-ce que tu connais cette personne? Est-ce que tes parents sont au courant? Notons les numéros de plaque des voitures qui rodent autour des écoles et des parcs et dans lesquelles les enfants sont montés avec brusquerie ou nous semblent mal à l’aise et informons-en les policiers. Il vaut mieux signaler une situation qui s’avère non dangereuse que ne rien faire quand on aurait pu éviter un drame.

Il est aussi primordial de développer l’esprit d’entraide des enfants. Dans un groupe, il est plus facile de résister à une proposition attrayante que si on est seul. Il faut aussi apprendre aux enfants à se tenir loin (deux mètres) des inconnus qui s’adressent à eux et de reculer s’ils avancent. Il faut également les informer que des personnes connues peuvent poser des gestes qui les rendent mal à l’aise (85% des cas). Sans développer la paranoïa, il faut renforcer leur affirmation, leur confiance et le réflexe d’attirer l’attention dès qu’ils se sentent inconfortables.

Votre groupe Espace est là non seulement pour outiller les enfants, mais également les parents et l’ensemble de la communauté. Si vous vous posez des questions face à une situation ou vous ne savez comment réagir, n’hésitez pas à nous consulter, c’est gratuit et confidentiel : Espace Bois-Francs, 819 752-9711

Texte rédigé par Monique T. Giroux pour Espace Bois-Francs