Une grève chez Rogers Sugar cause une pénurie de sucre à l’approche des Fêtes

Une grève à la raffinerie Rogers Sugar de Vancouver est en train d’enlever un peu de douceur à la période des Fêtes pour les pâtissiers et les fabricants de bonbons. 

Dans tout l’Ouest canadien, les petites entreprises qui dépendent du sucre sont aux prises avec des pénuries et des coûts plus élevés, alors que l’arrêt de travail dans l’une des rares usines de sucre du pays perdure depuis sept semaines. 

Chez Le Gateau Bakeshop, à Vancouver, la propriétaire Tanya Muller est de plus en plus inquiète.

Pendant la période chargée qui précède Noël, elle utilise généralement 150 kilos à 200 kilos de sucre par semaine pour préparer les 20 différentes variétés de biscuits des Fêtes dans lesquels sa pâtisserie est spécialisée. 

Mais à l’heure actuelle, la quantité maximale de sucreries que son fournisseur grossiste peut lui donner est de deux sacs, soit 40 kilogrammes, par semaine. 

«Nous avons fait des choses comme faire la queue tôt le matin chez Costco et essayer d’entrer à la première heure pour voir ce qui y est disponible. Parfois, cela fonctionne, et parfois, vous savez, Costco n’a rien non plus», a-t-elle raconté. 

«Je crains que nous ne puissions pas honorer nos commandes, ce qui n’est évidemment pas idéal pour les fêtes de fin d’année.» 

Selon l’Institut canadien du sucre, le Canada produit environ 1,2 million de tonnes de sucre raffiné par an, dont environ 94 % le sont à partir de sucre de canne brut importé en vrac vers trois raffineries à Vancouver, Toronto et Montréal. 

La raffinerie de Toronto appartient à Redpath Sugar, tandis que celles de Vancouver et de Montréal sont exploitées par Rogers Sugar, qui commercialise ses produits sous les marques Rogers et Lantic. 

Les problèmes d’approvisionnement en sucre que connaît l’Ouest canadien proviennent de la raffinerie de Vancouver, où 138 travailleurs ont entamé une grève le 28 septembre. 

Adrian Soldera, président de la section locale 8 du syndicat Public and Private Workers of Canada, a expliqué que le syndicat était en désaccord avec Rogers Sugar sur des questions telles que les salaires, les avantages sociaux et la proposition de l’entreprise d’augmenter les activités de la raffinerie à 24 heures sur 24, 365 jours par an.

«Actuellement, ils travaillent environ 120 heures par semaine, du lundi au vendredi, 24 heures sur 24, a souligné M. Soldera. Ils veulent donc empiéter sur nos week-ends.» 

M. Soldera assure être conscient que la grève a un impact sur les clients, même au niveau des épiceries, où les clients connaissent des pénuries sporadiques au moment même où la demande des boulangers amateurs commence à augmenter. 

«Je veux dire, cela doit être la période de l’année où la demande pour le sucre est la plus forte», a admis M. Soldera, ajoutant qu’il ne sait pas quand la grève prendra fin, car les positions des syndicats et des employeurs restent très éloignées. 

«Même si nous rentrions (au travail) demain, le sucre n’arriverait vraiment sur les tablettes des magasins à plein rendement que la première ou la deuxième semaine de décembre.» 

Pour sa part, Rogers Sugar a fait valoir que sa raffinerie de Vancouver continuait de fonctionner, mais à un moindre niveau, et que l’entreprise utilisait ses autres installations pour soutenir ses clients dans l’Ouest canadien. 

Dans un courriel, le directeur financier de Rogers Sugar, JS Couillard, a reconnu que la grève avait entraîné des répercussions localisées sur l’approvisionnement dans l’Ouest canadien, en particulier pour le sucre brun et certains sucres blancs emballés. 

Cependant, il a assuré qu’il existait «une offre suffisante» pour les autres produits de l’entreprise, y compris les sucres en vrac utilisés par les plus grands transformateurs alimentaires et les sucres liquides. 

M. Couillard a ajouté que l’entreprise demeurait pleinement engagée à conclure une nouvelle convention collective avec ses travailleurs. 

«Nous reconnaissons que cela a créé des désagréments pour certains de nos précieux clients, a-t-il affirmé. Nous nous en excusons et remercions tous nos clients pour leur patience pendant que nous cherchons une solution.» 

Entreprise dans cette dépêche: (TSX:RSI)