Trudeau doit s’asseoir avec les provinces sur la tarification, estime Poilievre
OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre demande au premier ministre Justin Trudeau de convoquer une réunion d’urgence avec les premiers ministres provinciaux pour discuter de la tarification fédérale sur le carbone.
M. Poilievre a publié mardi sa lettre au premier ministre sur les réseaux sociaux à la suite de l’augmentation annuelle de 15 $ la tonne du taux de la tarification du carbone, entrée en vigueur lundi 1er avril.
L’augmentation du taux de la tarification fédérale, prévue chaque année, ajoute maintenant environ 3,3 cents au prix à la pompe d’un litre d’essence. Un réservoir de 50 litres entraînera désormais un «supplément carbone» de 8,80 $, soit environ 1,65 $ de plus qu’auparavant.
Le chef conservateur a passé le mois dernier à parcourir le pays — notamment dans le Grand Toronto, dans les provinces de l’Atlantique et en Colombie-Britannique — pour participer à des rassemblements sous le slogan «Axe the Tax» (abolir la taxe).
Le slogan devient en français «Réduire les impôts». La tarification fédérale ne s’applique pas au Québec, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest, qui disposent de leur propre régime de «prix sur la pollution».
M. Poilievre a promis d’abandonner cette mesure s’il devient premier ministre après les prochaines élections. Les conservateurs fédéraux s’opposent depuis longtemps à l’imposition d’une taxe sur le carburant aux consommateurs ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises.
Le Parti conservateur affirme que cette tarification sur le carbone équivaut à une taxe. Sous la direction de M. Poilievre, il a intensifié ses attaques pour tenter de relier la tarification du carbone à l’inflation et aux pressions que ressentent les Canadiens dans un contexte de problèmes plus larges de coût de la vie.
M. Trudeau rejette la thèse de M. Poilievre selon laquelle cette tarification sur le carbone ajoute un stress financier aux familles déjà aux prises avec une hausse du coût de la vie.
Le premier ministre affirme que les opposants à la mesure, y compris les premiers ministres conservateurs provinciaux, exagèrent l’impact de cette mesure. Il rappelle sans relâche que les familles reçoivent des remises trimestrielles afin d’aider à compenser la hausse des coûts de combustibles. Les remises sont les plus généreuses pour les ménages à faible revenu.
Sept premiers ministres provinciaux
Juste avant l’augmentation de lundi, M. Trudeau a rejeté les appels de sept premiers ministres provinciaux pour l’annuler, y compris celui du seul premier ministre provincial libéral, Andrew Furey, de Terre-Neuve-et-Labrador.
Tous les premiers ministres des provinces de l’Atlantique ont demandé à M. Trudeau de suspendre la hausse statutaire du 1er avril, tout comme leurs homologues de l’Ontario, de la Saskatchewan et de l’Alberta, qui s’opposent farouchement au principe même de cette tarification du carbone.
M. Furey avait également demandé à M. Trudeau de convoquer une réunion d’urgence pour discuter d’autres options.
«Vous devez vous asseoir avec les premiers ministres et les écouter», a écrit M. Poilievre au premier ministre Trudeau, dans une lettre rendue publique sur les réseaux sociaux mardi après-midi.
«C’est pourquoi je vous demande de convoquer, dans les six semaines suivant la réception de cette lettre, une réunion d’urgence avec les 14 premiers ministres provinciaux du Canada pour discuter de la crise de la taxe carbone», écrit M. Poilievre.
«Ces discussions devraient notamment porter sur votre volonté de permettre aux provinces de ne pas appliquer la taxe fédérale sur le carbone et de poursuivre d’autres idées responsables pour réduire les émissions sans taxes.»
Le cabinet du premier ministre Trudeau n’était pas immédiatement disponible pour commenter l’invitation du chef de l’opposition.
D’autres options ?
M. Trudeau s’est déjà déclaré ouvert à ce que les premiers ministres présentent leurs propres idées, mais il précise aussi que toute proposition devra répondre aux exigences fédérales en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chacun doit jouer son rôle, dit-il.
M. Trudeau a réitéré cet argument mardi à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, quelques jours seulement après que le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, lui a soumis sa proposition.
Le document, intitulé «Toujours mieux qu’un plan de taxe sur le carbone», reprend les mesures prises jusqu’à présent par le gouvernement Houston pour lutter contre le changement climatique.
M. Trudeau a déclaré aux journalistes mardi qu’il n’avait pas vu les détails de cette proposition, mais il a rappelé que les plans antérieurs du gouvernement de la Nouvelle-Écosse n’étaient pas à la hauteur des exigences d’Ottawa à ce chapitre.
Le premier ministre néo-démocrate du Manitoba, Wab Kinew, a confirmé aux journalistes la semaine dernière qu’il travaillait également sur une proposition visant à demander une exemption de la tarification fédérale.
M. Trudeau a déclaré lundi que les premiers ministres qui se plaignent de cette mesure n’avaient toujours pas fourni de plans détaillés sur d’autres moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre.