Trudeau avertit Israël qu’une offensive militaire à Rafah serait «catastrophique»

OTTAWA — Une offensive militaire israélienne à Rafah où quelque 1,5 million de Palestiniens ont trouvé refuge serait «catastrophique», a affirmé mercredi soir le premier ministre Justin Trudeau.

Dans une déclaration commune avec les premiers ministres australien et néo-zélandais, Justin Trudeau déplore que l’impact d’une telle incursion à Rafah aurait des effets «dévastateurs» compte tenu de la situation humanitaire déjà désastreuse à Gaza.

«Nous exhortons le gouvernement d’Israël à ne pas s’engager dans cette voie», mentionne le communiqué. «Les civils n’ont tout simplement nulle part où aller.»

«On observe un consensus international croissant sur cette question. Israël doit écouter ses amis et la communauté internationale.» «On ne peut pas faire payer aux civils palestiniens le prix de la défaite du Hamas.»

Cette déclaration fait suite à des avertissements similaires de la part des États-Unis, d’autres alliés occidentaux et de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le président américain Joe Biden a déclaré plus tôt cette semaine qu’Israël ne devait pas lancer une éventuelle opération militaire à Rafah sans un plan «crédible» pour assurer la sécurité des civils.

La ville est située le long de la frontière avec l’Égypte, et constitue le seul passage, étroitement contrôlé, permettant une circulation limitée depuis le début du conflit.

La déclaration de Justin Trudeau constitue le discours le plus ferme jamais prononcé par le Canada sur la conduite d’Israël dans la région, plus de quatre mois après le début de son offensive contre le Hamas.

Les libéraux fédéraux ont été critiqués, y compris par leur propre caucus, pour ne pas avoir exercé davantage de pression sur Israël pour qu’il respecte les mesures provisoires que la Cour internationale de Justice, la plus haute juridiction de l’ONU, a ordonnées le mois dernier.

Le tribunal a rendu cette décision après avoir décidé d’entendre une affaire introduite par l’Afrique du Sud alléguant qu’Israël commet un génocide en ciblant le Hamas dans la bande de Gaza.

Le communiqué de mercredi soir indique que le tribunal a ordonné à Israël de protéger les civils et d’assurer l’accès aux services de base et à l’aide humanitaire essentielle.

Le gouvernement sud-africain a déclaré mardi qu’il avait déposé une «demande urgente» auprès du tribunal de l’ONU pour déterminer si une opération à Rafah menée par Israël constituait une violation de ses mesures provisoires.

Le premier ministre Trudeau et ses homologues ont également soutenu qu’un cessez-le-feu durable est nécessaire et ne peut être unilatéral, en plus de réitérer leur condamnation des attaques perpétrées par Hamas le 7 octobre, qui a mené à l’escalade des tensions.

Ce jour-là, des combattants ont tué 1200 personnes lors d’une attaque brutale contre Israël et ont fait environ 250 otages.

Israël a riposté en déclarant la guerre au Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Le territoire palestinien est depuis soumis à des bombardements presque constants et les autorités locales affirment que plus de 28 000 Palestiniens ont été tués.

Revers des négociations

Les efforts internationaux visant à négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont subi un revers mercredi alors qu’Israël aurait rappelé son équipe de négociation et que le premier ministre Benjamin Nétanyahou a accusé le Hamas d’entraver les négociations sur les enjeux importants, s’en tenant à des exigences «délirantes».

Les remarques de M. Nétanyahou sont intervenues quelques heures après que les médias locaux ont rapporté que le dirigeant israélien avait ordonné à une délégation israélienne de ne pas poursuivre les négociations au Caire, suscitant des inquiétudes quant au sort des négociations et des critiques de la part des familles des quelque 130 prisonniers restants, dont environ un quart seraient morts.

Les proches des otages ont déclaré que la décision du premier ministre Nétanyahou équivalait à une «condamnation à mort».

Les efforts de médiation, dirigés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, ont permis de rapprocher les parties belligérantes d’un accord susceptible de garantir une trêve.

Les parties demeurent très divergentes sur les conditions d’un accord. Benjamin Nétanyahou a promis de poursuivre la guerre jusqu’à la «victoire totale» sur le Hamas et a insisté sur le fait qu’une forte pression militaire garantirait la libération des otages.

Le Hamas a avancé qu’il ne libérerait pas tous les prisonniers jusqu’à ce qu’Israël mette fin à son offensive, se retire de Gaza et libère un grand nombre de prisonniers palestiniens, y compris de hauts combattants.