Toronto: un pistolet paralysant aurait «tout changé», dit Forcillo au coroner

TORONTO — Un ancien policier de Toronto, qui a tiré sur un adolescent dans un tramway vide, a déclaré lundi, lors d’une enquête du coroner, que le fait d’avoir eu un pistolet paralysant aurait «tout changé».

James Forcillo a commencé son témoignage lors de l’enquête sur la mort de Sammy Yatim, 18 ans, sur lequel il a ouvert le feu lors d’un affrontement en juillet 2013.

Lorsqu’on lui a demandé ce qui aurait pu l’aider à prendre de meilleures décisions ce soir-là, M. Forcillo a répondu que le fait d’avoir un pistolet paralysant aurait fait «toute la différence», et s’il y avait eu accès, «aucun d’eux ne serait là».

À l’époque, seuls les superviseurs de première ligne avaient accès aux pistolets paralysants, a-t-il expliqué. «Cette nuit-là, il y avait une réelle pénurie de superviseurs, et quand vous avez besoin d’un (pistolet paralysant), vous en avez besoin tout de suite, vous n’en avez pas besoin dans cinq ou dix minutes», a-t-il ajouté.

Il a fait valoir qu’il s’agissait d’un «échec géant» de la part du solliciteur général, mais qui a depuis été corrigé puisque les pistolets paralysants sont plus largement accessibles aux agents de première ligne.

M. Yatim était seul dans un tramway avec un petit couteau lorsque l’agent Forcillo lui a tiré dessus peu après minuit. L’adolescent a été touché par deux coups de feu.

Un exposé conjoint des faits, lu lors de l’enquête, indique que la confrontation entière a duré environ 60 secondes. Moins de 20 secondes après le dernier coup de feu, un sergent est arrivé sur les lieux et a utilisé son pistolet paralysant sur M. Yatim, qui était tombé au sol après la première volée de coups de feu, selon le communiqué.

Lors d’un procès pénal, James Forcillo a été déclaré non coupable de meurtre au deuxième degré lié à la première série de coups de feu, qui, selon le tribunal, a été mortelle, mais a été reconnu coupable de l’accusation moindre de tentative de meurtre liée à la deuxième série.

M. Forcillo a été condamné à six ans et demi de prison et a obtenu une libération conditionnelle totale en 2020.

Plusieurs incidents rapportés

Lundi, l’avocate du coroner, Grace Alcaide Janicas, a interrogé M. Forcillo sur son mandat en tant que policier avant la mort de M. Yatim. Elle a suggéré que le policier avait été signalé comme «ayant tendance à être dur» dans certaines de ses relations avec le public, ce que M. Forcillo a nié.

Ce dernier a déclaré qu’il avait rédigé beaucoup de contraventions lorsqu’il travaillait dans le contrôle de la route parce qu’il était «jeune» et «essayait de se faire un nom». «Et quand vous êtes autant exposé que moi au public, vous risquez naturellement de froisser quelques plumes», a-t-il déclaré.

Mme Janicas a noté qu’un superviseur avait parlé à M. Forcillo en 2011, dans le cadre d’un processus d’intervention précoce, ce que M. Forcillo a reconnu bien qu’il a déclaré qu’il ne se souvenait d’aucun détail, mais que cela n’avait pas affecté son travail.

L’enquête a appris la semaine dernière que M. Forcillo avait dégainé une arme à feu à cinq reprises entre avril et décembre 2012, et à une autre en juillet 2013, environ deux semaines avant la mort de Sammy Yatim.

Ces cas ont été inscrits dans un système destiné à faciliter une intervention précoce, selon l’enquête. D’autres types d’incidents, tels que les collisions avec des voitures de police et les plaintes internes ou externes, sont également enregistrés dans le système, a-t-on appris.

Lorsqu’un agent a dégainé une arme à feu à trois reprises ou plus dans un délai de 12 mois, le système produit un rapport qui est envoyé à un superviseur, selon l’enquête. Le seuil peut être différent pour d’autres types d’incidents, a appris La Presse Canadienne.

Le rapport vise à inciter à vérifier le bien-être général de l’officier plutôt qu’à engager un processus disciplinaire, selon l’enquête.

M. Forcillo a été interrogé lundi sur les incidents de recours à la force survenus en 2012 et a déclaré qu’il n’y avait «rien de sinistre» à leur sujet. «Ils étaient tous justes, il n’y avait rien de mal avec eux», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’avait reçu aucune réaction négative sur cette question.

Il a déclaré qu’il ne se souvenait pas de l’incident de 2013.

À la fin de son témoignage, M. Forcillo a laissé entendre qu’il ne pouvait pas apporter grand-chose au processus d’enquête.

«En vérité, j’ai longuement témoigné à ce sujet. Au cours du procès pénal, j’ai été à la barre pendant cinq jours, j’en ai parlé lors de mon audience de libération conditionnelle. Je n’ai pas été policier sur la route depuis plus d’une décennie», a-t-il déclaré.

«Je ne sais vraiment pas ce que je dois ajouter à cette enquête, alors j’espère que nous pourrons regarder vers l’avenir… et faire quelque chose pour que ce genre d’incidents ne se reproduisent plus.»

Il doit revenir mardi pour un contre-interrogatoire.

Les jurés ont été informés que l’enquête visait à explorer les questions liées à la prise de décision de la police et aux meilleures pratiques en matière de gestion des personnes en crise, mais pas à examiner les événements de cette nuit-là ou la culpabilité potentielle de M. Forcillo.