Québec investit dans le soutien psychologique du personnel de la sécurité publique

MONTRÉAL — Dans le contexte où la santé mentale du personnel de la sécurité publique est fragile, le gouvernement du Québec annonce une enveloppe de 750 000 $ pour assurer le maintien des services de psychothérapie en ligne de PSPNET. 

PSPNET est un organisme pancanadien et l’un des seuls au Québec à déployer des services cliniques répondant aux besoins des pompiers, des policiers, des agents de services correctionnels, des ambulanciers et des télécommunicateurs d’urgence. 

Ses services sont offerts via diverses organisations québécoises telles que la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec et Urgences-santé. Depuis 2020, plus de 400 personnes ont été aidées à travers la province par les programmes de PSPNET. 

«Le fait de porter un uniforme ne met personne à l’abri du stress psychologique, au contraire, et c’est pourquoi je trouve très important d’offrir des services de santé adaptés à leurs besoins spécifiques», a déclaré dans un communiqué le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. 

Dre Amélie Fournier, psychologue principale au Québec et associée de recherche clinique au PSPNET, a salué le financement annoncé par le ministre Bonnardel. 

Elle a expliqué que dans le cadre de leur travail, le personnel de la sécurité publique est davantage exposé à des événements potentiellement traumatisants. Selon elle, la population générale sera exposée à peut-être un événement traumatisant au cours de sa vie, alors que chez le personnel de la sécurité publique cela se produit à répétition et de façon «presque hebdomadaire». 

«Ils sont donc plus à risque de développer un état de stress post-traumatique ou des symptômes reliés à différentes problématiques de santé mentale», a précisé Dre Fournier. 

Une étude de l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique effectuée en 2017 indique que 44,5 % du personnel de la sécurité publique développera un problème de santé mentale, comparativement à 10 % chez la population en général. «La différence est non négligeable et ça s’explique par la nature de leur travail, les contextes auxquels ils ont à faire face», souligne Dre Fournier. 

Trois parcours d’accompagnement sont offerts gratuitement sur le site de PSPNET. Les services sont accessibles pour le personnel actif de la sécurité publique et les étudiants, mais aussi ceux qui ont fait une réorientation de carrière ou qui sont retraités. 

Les policiers sont ceux qui utilisent le plus les services de PSPNET, suivis du secteur paramédical. Selon Dre Fournier, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils vivent une plus grande détresse; les services d’aide sont peut-être simplement mieux connus. 

«Il y a peut-être une promotion qui se fait davantage au niveau organisationnel sur l’importance d’aller chercher de l’aide psychologique au besoin, avance Dre Fournier. La culture dans les organisations a beaucoup changé depuis les cinq dernières années. On voit que c’est de moins en moins tabou et de plus en plus mis à l’avant-plan au niveau des organisations, ce qui est une bonne nouvelle.»  

Le financement du gouvernement servira surtout à s’assurer qu’il n’y a pas de liste d’attente pour le personnel qui souhaite obtenir de l’aide. Advenant une hausse de la demande, PSPNET serait en mesure d’embaucher plus de psychologues et de cliniciens pour y répondre. Actuellement, après une demande en ligne, le travailleur peut avoir accès à un psychologue dans les deux jours ouvrables pour évaluer son état. 

«On sait que souvent les policiers, pompiers et différents membres du personnel de la sécurité publique ont tendance à attendre longtemps avant de demander une aide psychologique et on voulait éviter qu’il y ait une autre attente qui s’ajoute», a déclaré Dre Fournier. 

Dans le cadre du budget 2022-2023, le ministère de la Sécurité publique a obtenu 2,9 millions $ sur cinq ans pour assurer un filet de sécurité auprès des policiers en détresse psychologique. L’École nationale de police du Québec a notamment reçu 1,65 million $ pour développer un nouveau programme de formation destiné aux psychologues et psychothérapeutes membres de l’Ordre des psychologues du Québec. 

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