Pierre Poilievre traite Valérie Plante et Bruno Marchand de «maires incompétents»

OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre a qualifié jeudi le maire de Québec, Bruno Marchand, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, d’«incompétents».

Dans une publication diffusée sur le réseau social X, le politicien fédéral reproche au gouvernement de Justin Trudeau de verser «des milliards» à ces maires malgré ce qu’il décrit comme une «chute massive de la construction au Québec». Il soutient que M. Marchand et Mme Plante «bloquent des chantiers». 

M. Poilievre rappelle, par le fait même, sa promesse de faire fluctuer le financement fédéral alloué aux municipalités en fonction de leur efficacité à accroître l’offre en logements sur leurs territoires respectifs.

Le gouvernement de Justin Trudeau, avec son Fonds pour accélérer la construction de logements, compte forcer les municipalités à réduire la bureaucratie entourant la délivrance de permis de construction, par exemple. En d’autres mots, si les administrations municipales veulent obtenir leur part, elles doivent acquiescer à alléger leurs processus.

Les propos de M. Poilievre ont visiblement piqué au vif le maire Marchand, qui a accusé ce dernier de s’adonner à «de la petite politique».

«Le  »gros bon sens » de Poilievre, c’est d’insulter les élus du Québec. Franchement. C’est non seulement du mépris envers les élus, mais envers tous ceux qui travaillent sur les dossiers d’habitation dans notre ville», a-t-il lancé par le biais de la plateforme X.

En mêlée de presse, il s’est défendu de bloquer des chantiers, comme le lui reproche M. Poilievre. «On est dans un processus d’accélération, même», a-t-il affirmé.

«Pour un homme qui veut être chef d’État, agir ainsi, (…) ce n’est pas du tout le gros bon sens. (…) Quand on veut être premier ministre, le gros bon sens, c’est de respecter les gens», a ajouté le maire de Québec.

Dans la même veine, l’Union des municipalités du Québec a invité le chef conservateur à «éviter les raccourcis simplistes et à faire preuve de respect».

La mairesse Plante a accusé M. Poilievre de ne pas «comprendre qu’au Québec, le financement fédéral en habitation ne passe PAS par les villes».

«Le  »gros bon sens », c’est aussi de comprendre les mécanismes de financement propres à chaque province», a-t-elle déclaré, également sur X.

Au Québec, des dispositions législatives empêchent le fédéral de verser de l’argent directement aux villes, c’est-à-dire sans avoir conclu, au préalable, une entente avec le gouvernement provincial. Cela dit, les villes touchent tout de même des fonds fédéraux.

Les adversaires politiques de M. Poilievre sur la scène fédérale ont unanimement dénoncé ses propos.

«Je suis extrêmement déçu de ce qu’on a vu de M. Poilievre aujourd’hui, son mépris pour les élus québécois. Ça fait plusieurs fois maintenant qu’il a démontré une condescendance et une ignorance par rapport à comment les choses fonctionnent entre le gouvernement fédéral et les provinces», a dénoncé le premier ministre Justin Trudeau, qui était de passage au Nunavut, jeudi.

«Il a le culot de dire que les élus québécois sont incompétents. Ça n’a pas d’allure», a pour sa part tonné le lieutenant du Québec du gouvernement Trudeau, Pablo Rodriguez.

Les libéraux, tout comme les néo-démocrates, exigent des excuses de la part du chef de l’opposition officielle.

«Ce que Pierre Poilievre a dit au sujet de la mairesse Plante et du maire Marchand, c’est complètement inacceptable et ce n’est pas digne d’un leader ou d’un futur premier ministre. (…) J’espère que Pierre Poilievre comprendra qu’au Québec ce type de langage ne passe pas et qu’il doit s’excuser», a soutenu le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, par communiqué.

En point de presse depuis Burnaby, en Colombie-Britannique, il a comparé M. Poilievre à des enfants qui lancent des insultes.

«Mais c’est exactement le caractère de M. Poilievre: quelqu’un qui veut insulter plutôt que de trouver des solutions, veut diviser au lieu de proposer des solutions», a-t-il lancé.

De son côté, le chef bloquiste Yves-François Blanchet voit dans les propos du chef conservateur du «mépris pour des élus au Québec». «On peut les apprécier ou non, ils ont été choisis. (…) Ce gars avec le pouvoir… ma foi… ça fait penser à d’autres», a-t-il réagi sur X.

Le co-chef du Parti vert, Jonathan Pedneault, a fait valoir que M. Poilievre est «un politicien fédéral qui traite plus du quart des Québécois d’idiots».

Pour accompagner ses reproches envers les maires, M. Poilievre a partagé des propos d’un analyste de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) rapportés par Radio-Canada. 

«Au Québec, jamais il ne s’est construit si peu de maisons depuis 1955, soit l’année où les données ont commencé à être collectées», peut-on lire dans la citation attribuée à cet expert, Francis Cortellino.

M. Cortellino commentait un rapport de la SCHL, qui a déterminé que, pour l’ensemble de 2023, le nombre réel de mises en chantier d’habitations à l’échelle nationale a diminué de 7 % dans les centres de 10 000 habitants et plus, pour s’établir à 223 513, comparativement à 240 590 en 2022.

Cette baisse s’explique principalement par un recul de 25 % des mises en chantier de maisons individuelles.