N.-É.: les pompiers volontaires contrariés par les délais d’attente des ambulances

HALIFAX — Les pompiers volontaires disent qu’ils se sentent «impuissants» d’attendre aussi longtemps des ambulanciers paramédicaux lors d’urgences sanitaires dans la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse.

Dwayne Barteaux — qui est pompier volontaire au sein du service d’incendie d’Annapolis Royal depuis 35 ans — affirme avoir attendu plus d’une heure sur les lieux d’un accident de voiture impliquant quatre personnes grièvement blessées, la semaine dernière, à environ 150 kilomètres au nord de Yarmouth.

Selon un communiqué de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) concernant l’accident, un enfant de 11 ans a dû être transporté par avion jusqu’à Halifax, tandis que deux autres passagers – un enfant de quatre ans et un enfant de neuf ans – ont été transportés à l’hôpital en ambulance depuis Litchfield. Le conducteur de 37 ans a également été transporté à l’hôpital.

En entrevue mardi, M. Barteaux a déclaré que lui et d’autres pompiers volontaires – qui sont souvent les premiers intervenants sur les lieux d’une urgence – devaient aider des patients souffrant de blessures très graves pendant des périodes prolongées avec une formation et un équipement limités, ajoutant que cela causait des niveaux élevés de stress et, pour certains, des nuits blanches.

«À un moment donné, l’intervention (de l’ambulance) aurait duré quelques minutes», a expliqué le pompier de 57 ans.

«Cela place les volontaires dans une position terrible, où nous soignons des patients gravement blessés pendant de longues périodes et où nous avons des patients qui nécessitent des soins plus avancés que ceux que nous sommes capables de leur prodiguer», a-t-il ajouté. 

Les pompiers, a-t-il précisé, ne sont pas autorisés à transporter les patients vers les salles d’urgence.

Manque de services dans la région

Alex Cranton, chef adjoint des pompiers de la ville d’Annapolis Royal, a déclaré en entrevue qu’un élément clé du problème est que le Centre de santé communautaire d’Annapolis ne dispose plus d’une salle d’urgence capable de soigner les personnes gravement blessées. Et les autres urgences de la région sont souvent fermées, a-t-il indiqué.

Par conséquent, dit M. Cranton, les ambulances établies dans sa région doivent souvent parcourir de plus longues distances jusqu’aux services d’urgence de Yarmouth ou de Kentville, ce qui crée des retards dans les interventions.

M. Cranton a relaté qu’un patient qui était récemment soigné par l’une de ses équipes de volontaires était décédé d’une crise cardiaque à Annapolis Royal après avoir attendu environ une heure pour une ambulance.

«Cela place des pompiers volontaires dans des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas, a-t-il soutenu. On pourrait avoir quelqu’un qui décède dans nos bras, on n’a aucun contrôle là-dessus et on n’a aucune  assistance qualifiée à notre disposition pendant jusqu’à deux heures.»

Jennifer Lewandowski, porte-parole de Santé Nouvelle-Écosse, a affirmé que certains petits services d’urgence doivent parfois être fermés en raison du manque de médecins et d’autres professionnels de la santé. 

«Dans d’autres cas, nous avons transféré le personnel de certains services d’urgence plus petits pour soutenir le fonctionnement de services d’urgence régionaux plus importants, ce qui a entraîné des fermetures planifiées», a-t-elle précisé.

Des initiatives pour remédier à la situation

Charbel Daniel, directeur des opérations provinciales des services de santé d’urgence, a déclaré que son organisation était reconnaissante du travail des volontaires et «comprend leurs préoccupations».

M. Daniel a déclaré dans un courriel que des démarches étaient en cours dans l’ensemble du système de santé pour réduire le temps que les ambulanciers consacrent aux patients à faible risque. Ces initiatives incluent la présence d’un médecin et d’une infirmière au centre de communication des services de santé d’urgence pour conseiller les ambulanciers paramédicaux, et la mise en place d’unités «entièrement équipées et à réponse unique» pour les appels pour les cas moins graves.

Colin Stevenson, du ministère provincial de la Santé, a déclaré mardi en entrevue qu’il n’y avait «pas de solution unique» au problème. En réponse, a-t-il déclaré, la province a formé une nouvelle classe d’intervenants médicaux d’urgence qui travailleront aux côtés d’ambulanciers paramédicaux plus hautement qualifiés. Des efforts de rétention et de recrutement sont également en cours pour contribuer à réduire la pénurie de personnel paramédical, a-t-il ajouté.

Cependant, Carman Kerr, député libéral d’Annapolis, a déclaré dans un communiqué que les inquiétudes des pompiers représentaient «un sombre rappel du manque de services d’urgence dans la région».

«Sans salle d’urgence ouverte et sans ambulance dans nos communautés, les résidants d’Annapolis vivent dans la peur que notre système de santé ne puisse pas les soutenir», a-t-il soutenu.