Martine Biron ouvre, puis ferme la porte, à la reconnaissance de la pluriparentalité

MONTRÉAL — Après s’être dite ouverte à une forme de reconnaissance des familles de plus de deux parents, la ministre responsable des dossiers LGBTQ+ au sein du gouvernement Legault, Martine Biron, ferme la porte à double tour le même jour. 

Au Québec, un enfant ne peut avoir que deux parents aux yeux de la loi. Des groupes, comme la Coalition des familles LGBT+, ont fait des représentations auprès du gouvernement Legault afin que la pluriparentalité soit légalement reconnue. Le droit des familles ayant plus de deux parents ne serait pas adéquatement protégé, selon eux. 

Questionnée sur le sujet vendredi, Mme Biron a dit que sa réflexion n’était pas terminée, mais que la porte demeurait ouverte. «Je suis ouverte à différentes formules. Je commence à travailler avec eux [les groupes LGBT]. On veut pérenniser un bureau LGBTQ à l’intérieur du Secrétariat de la condition féminine. On veut investir pour les aider à se structurer et à mieux faire avancer leur dossier. Ça, c’en est un.»

Pour sa part, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, avait complètement fermé la porte sur la question par le passé. Il avait fermé complètement la porte à la pluriparentalité à l’automne 2021 lorsqu’il a présenté son projet de Loi visant à réformer le droit de la famille. 

«Pour nous, c’est très clair que la cellule familiale comporte deux parents seulement, avait-il tranché. La littérature et les études ne démontrent pas que c’est préférable pour un enfant d’avoir plus de deux parents.»

Mme Biron a-t-elle l’intention de porter le ballon auprès de son collègue à la Justice? «Je suis en réflexion là-dessus, répond-elle. La stratégie [LGBTQ] va sortir quand même bientôt, au printemps. On pourra vous revenir sur ces questions-là.

La porte ouverte s’est toutefois vite refermée en fin d’après-midi. La ministre se serait «mal exprimée», selon l’attachée de presse Catherine Boucher. «Elle voulait dire qu’elle était ouverte sur différents dossiers, affirme-t-elle. C’est sûr que la porte est fermée sur la pluriparentalité.»

Dans une famille pluriparentale, plus de deux personnes occupent le rôle de parent auprès d’un enfant, mais seulement deux personnes sont reconnues légalement comme détenteur de l’autorité parentale. 

Différentes situations de pluriparentalité existent. Par exemple, un couple de lesbiennes et le donneur pourraient choisir d’avoir chacun un rôle parental dans la vie de l’enfant. Un trouple, un couple formé de trois personnes, peut aussi élever un enfant, même si tous les parents n’ont pas un lien biologique ou juridique avec l’enfant.

Garder les liens avec la Chine

Mme Biron, qui est également la ministre des Relations internationales, était à Montréal pour donner une conférence sur la politique étrangère du Québec. Plus de 450 personnes ont bravé le froid polaire du vendredi pour entendre l’ex-journaliste de Radio-Canada à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Si la ministre avait évoqué, il y a deux semaines, la possibilité de fermer des bureaux en Chine, Mme Biron a insisté sur le fait qu’il n’était pas question de rompre les liens diplomatiques dans un contexte de tensions entre Pékin et l’Occident. 

Elle a souligné que la Chine est le deuxième marché d’exportation du Québec. «Il n’est donc pas question de couper nos liens avec eux», assure-t-elle dans sa présentation.

La ministre réfléchit toutefois à l’organisation de ses effectifs en Chine où le Québec a cinq bureaux et antennes, soit à Pékin, Shanghai, Hong Kong, Qingdao et Shenzhen. Cette décision doit toutefois se prendre «à tête reposée». «Peut-être que ces cinq antennes-là vont demeurer, nuance Mme Biron en mêlée de presse. Peut-être qu’ils vont avoir moins de personnels là où c’est moins performant. C’est un peu cette réflexion-là qu’on fait.» 

Elle mentionne que la politique de restrictions sanitaires en Chine a eu un effet sur le travail du personnel. «Ç’a été difficile dans les dernières années, pour les gens qui travaillent dans ces bureaux-là, raconte-t-elle. Ils n’ont pas pu bouger beaucoup. Ils n’ont pas fait beaucoup d’affaires parce que tout était fermé. Comment ça va maintenant? Quel sera le prochain geste de la Chine? Je pense qu’il faut surveiller les choses, voir comment les choses se placent et prendre les décisions appropriées.»

Elle mentionne aussi que les échanges commerciaux à Mumbai (Inde), Singapour et Séoul (Corée du Sud) ont connu une forte croissance. «Est-ce que ces délégations ont besoin de renfort? Je ne dis pas que c’est ce qui va arriver, mais la question se pose.»