Marc-André Grenon a admis qu’il avait tué Guylaine Potvin, selon la Couronne

MONTRÉAL — La Couronne soutient que Marc-André Grenon, accusé du meurtre au premier degré de Guylaine Potvin il y a près de 24 ans au Saguenay, admet maintenant qu’il a causé sa mort.

Alors qu’il entamait mercredi matin sa plaidoirie finale, au palais de justice de Chicoutimi, le procureur Pierre-Alexandre Bernard a indiqué au jury que la défense admettra que c’est bel et bien Grenon qui avait causé la mort de Guylaine Potvin, mais par des déductions différentes de celles de la Couronne.

Les avocats de la défense de Grenon, qui n’ont appelé aucun témoin, devaient présenter leurs plaidoiries mercredi après-midi. Cependant, un problème technique a empêché la liaison vidéo permettant de suivre les débats de l’après-midi depuis l’extérieur de la salle d’audience.

Me Bernard avait déclaré au jury que la défense soutiendrait que Grenon s’était rendue à l’appartement de Potvin avec l’intention de commettre un vol qualifié et qu’elle était décédée au cours d’une bagarre.

Grenon, âgé de 49 ans, a plaidé non coupable de meurtre au premier degré et d’agression sexuelle en lien avec le décès de Guylaine Potvin, en avril 2000. L’étudiante de 19 ans avait été retrouvée morte dans son appartement de Jonquière, aujourd’hui un arrondissement de Saguenay.

Le nom de Grenon a fait surface lors d’une enquête en 2022, après qu’un projet de recherche ADN a suggéré qu’une personne portant ce patronyme pourrait être liée au meurtre commis 22 ans plus tôt.

Grenon a été ensuite arrêté à Granby après que l’ADN sur un verre et des pailles qu’il avait jetés dans une poubelle en sortant d’un cinéma correspondait aux échantillons prélevés sur la scène du crime en 2020.

Me Bernard a déclaré mercredi au jury que les preuves recueillies sur les lieux du crime suggéraient que Grenon avait violé la victime dans son lit pendant qu’elle dormait — là où elle aurait dû pourtant se sentir en sécurité — et l’avait étranglée avec une ceinture.

«Malgré toute la force et la détermination que Guylaine a pu donner, Marc-André Grenon a réussi son projet qui était justement d’assouvir ses pulsions sexuelles, a plaidé le procureur. Et ce, coûte que coûte, même si la mort de sa victime devait en résulter.

«Pour Marc-André Grenon, dans la nuit du 27 au 28 avril 2000, la fin justifiait tous les moyens.»

Le meurtre au premier degré

Le Code criminel du Canada définit un meurtre au premier degré comme un meurtre «commis avec préméditation et de propos délibéré». Mais le meurtre que commet une personne est aussi assimilé à un meurtre au premier degré lorsque la mort est causée par cette personne «en commettant ou tentant de commettre une agression sexuelle», notamment.

Me Bernard a fait valoir au jury qu’il existait des preuves pour ces deux scénarios dans le cas de Grenon.

Le procureur a fait référence au témoignage d’un technicien de scène de crime, qui a souligné que le lit de la victime était le seul endroit de l’appartement qui présentait des signes de lutte. Selon Me Bernard, cela suggère que Grenon est entré dans l’appartement et a pris la décision d’agresser la victime alors qu’elle dormait.

Me Bernard a souligné que l’ADN de l’accusé avait été retrouvé sous les ongles de Guylaine Potvin, autour de sa région génitale, sur un T-shirt qu’elle portait ainsi que sur une boîte de préservatifs et une ceinture trouvées sur les lieux du crime — ce qui, selon lui, suggère à la fois une violence extrême et un élément sexuel dans le crime. Le procureur a souligné aux jurés qu’il est très fréquent de retrouver l’ADN de l’agresseur sous les ongles d’une victime, qui se défend lorsqu’elle est agressée.

On a appris au procès que le corps, presque entièrement nu, de la victime, battue, avait été retrouvé sur son lit le matin du 28 avril 2000. Bien que de l’ADN masculin ait été recueilli sur les lieux, il n’y avait aucune correspondance à l’époque dans la base de données criminelle — et aucune arrestation n’a été effectuée pendant plus de 20 ans dans ce dossier de «meurtre non résolu».

Mais Grenon a été soupçonné en 2022 lorsque l’ADN recueilli sur les lieux a été inséré dans une nouvelle base de données du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec. Ce nouvel outil analyse les chromosomes Y d’échantillons non identifiés et suggère des correspondances potentielles avec certains patronymes.

Après que le nom de famille «Grenon» est sorti du lot, la Sûreté du Québec a suivi le suspect jusqu’à un cinéma et a saisi un verre et des pailles qu’il avait jetés en sortant. L’ADN prélevé sur les pailles s’est avéré correspondre aux échantillons de la scène du crime, tout comme un échantillon prélevé directement sur Grenon après son arrestation, a-t-on appris au procès.