L’usage d’une chanson dans une publicité de Vrbo a offensé les résidents de T.-N.-L.

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Un musicien folk terre-neuvien a affirmé que la compagnie derrière l’utilisation «désobligeante» d’une chanson chère à Terre-Neuve-et-Labrador dans une publicité diffusée lors du Super Bowl dimanche devrait s’excuser auprès de la province.

Korona Brophy, directrice artistique du groupe de musique The Celtic Fiddlers, n’en croyait pas ses oreilles lorsqu’elle a entendu «I’se the B’y» jouer alors que des voyageurs déçus découvrent que leur logement de vacances est envahi par le bétail dans la publicité de la société de location Vrbo.

«Utiliser la chanson « I’se the B’y » pour leur publicité de cette manière, c’était presque comme insulter notre province», a soutenu Brophy dans une interview lundi.

La publicité a fait sensation sur le réseau social X, pendant le Super Bowl, certains affirmant que la chanson classique de Terre-Neuve était utilisée pour évoquer quelque chose de stéréotypé, rural et indésirable. L’annonce suggère que l’utilisation de Vrbo est un moyen d’éviter de telles surprises désagréables.

Mme Brophy, une musicienne qui anime également des ateliers sur la musique folklorique traditionnelle de Terre-Neuve, a fait savoir que la chanson était un morceau important de l’histoire de la province, qui comprend des descriptions de la pêche, de la danse et de la construction de bateaux. La chanson mentionne également des endroits de la province comme Fogo, Twillingate et Moreton’s Harbour.

«Il y a beaucoup d’histoire dans nos chansons, en particulier celle-ci. Et cela doit être respecté», a affirmé l’artiste, ajoutant que la compagnie devrait retirer la publicité ou la rééditer sans la chanson, et s’excuser auprès des résidents de Terre-Neuve-et-Labrador.

«Ça ne doit pas être pris et utilisé comme ça, c’est une telle honte à mon avis. Et je sais que beaucoup d’autres personnes disent la même chose.»

La musicienne a raconté avoir envoyé un enregistrement de la publicité au premier ministre Andrew Furey. Dans une déclaration envoyée par courriel lundi après-midi, le premier ministre a admis que l’utilisation de la chanson «emblématique» de Terre-Neuve-et-Labrador dans la publicité était très décevante.

«Notre province a tellement à offrir aux touristes du monde entier, y compris notre riche histoire musicale», a déclaré M. Furey. «Ce n’est pas une représentation fidèle de notre province, de notre culture ou de notre peuple. J’encourage Vrbo à arrêter de diffuser la publicité jusqu’à ce qu’ils puissent la modifier pour inclure un choix de musique différent.»

«L’annonce se moque de nos concurrents, pas des gens de Terre-Neuve. C’est l’une des nombreuses publicités de cette campagne», a expliqué un porte-parole de Vrbo, dans un courriel. Ils n’ont pas immédiatement répondu aux questions sur l’utilisation de la chanson et n’ont pas dit si l’entreprise s’excuserait ni divulgué qui avait chanté l’enregistrement utilisé dans la publicité.

Andrew Taylor, un étudiant en histoire basé à St. John’s, a reconnu qu’associer l’une des chansons les plus appréciées de Terre-Neuve aux animaux de la ferme, comme Vrbo l’a fait dans sa publicité, est «malheureux et dégoûtant».

«Ma petite amie et moi étions assis sur le canapé en train de regarder le match et nous avons tous les deux levé les yeux vers la télévision et nous sommes regardés avec des regards vides. Nous ne pouvions pas y croire», a-t-il raconté lundi, dans une entrevue.

M. Taylor a déclaré que la façon dont la chanson a été utilisée est offensante, car elle perpétue le «stéréotype dégradant selon lequel nous sommes des gens sans instruction ou nonchalants».

Il a ajouté qu’il est important de traiter les chansons culturelles comme «I’se the B’y» avec respect, car permettre que la chanson soit utilisée pour décrire quelque chose de négatif peut perpétuer une fausse représentation néfaste de la province et de ses habitants.

«Pour les Terre-Neuviens et les Labradoriens, notre musique raconte les histoires des gens qui vivent ici depuis 400 ans. La perte, la tragédie, les célébrations… il est important de s’assurer que [les histoires] sont racontées de la bonne manière», a affirmé Andrew Taylor.

Selon l’Encyclopédie canadienne, «I’se the B’y» date des années 1870 et l’auteur de la chanson n’est pas officiellement connu. Elle a été transcrite par des chercheurs étudiant les traditions folkloriques de Terre-Neuve en 1951.

La chanson a été popularisée à l’extérieur de la province grâce à de nombreux enregistrements, notamment par Great Big Sea, Dick Nolan et Alan Mills.