L’Ontario n’avait pas de stratégie pour prévenir les fermetures d’urgences, dit le VG

TORONTO — Le gouvernement de l’Ontario n’a pas de plan global pour aider les hôpitaux à lutter contre les pénuries d’infirmières qui entraînent des fermetures temporaires de services d’urgence, a constaté le vérificateur général par intérim de la province. Il souligne aussi que des patients aux urgences sont là uniquement parce qu’ils n’ont pas de médecin de famille.

Ces conclusions sont contenues dans le rapport annuel publié mercredi par le Bureau du vérificateur général de l’Ontario, qui exhorte le gouvernement à élaborer un plan pour remédier aux fermetures sporadiques et temporaires de salles d’urgence dans les hôpitaux.

Il y a eu plus de 200 fermetures temporaires imprévues de services d’urgence dans 23 hôpitaux entre juillet 2022 et juin 2023, en raison de pénuries de médecins et d’infirmières, souligne le vérificateur général par intérim. Et au milieu de cette pression sur le système, un patient sur cinq qui s’est rendu aux urgences n’y était que parce qu’il n’avait pas de médecin de famille, alors qu’il n’avait pas besoin de soins d’urgence, selon le rapport d’audit.

Le vérificateur général par intérim de l’Ontario constate qu’un patient sur cinq qui s’est rendu aux services d’urgence de la province l’a fait uniquement parce qu’il n’avait pas de médecin de famille.

Nick Stavropoulos a publié mercredi un rapport annuel qui se concentre sur 12 audits d’«optimisation des ressources». Quatre de ces audits portent sur la santé: les services d’urgence dans les hôpitaux, les soins dans le Nord de l’Ontario, l’état des foyers de soins de longue durée et la situation à la Santé publique.

Pour ce qui concerne les services d’urgence, M. Stavropoulos affirme que le gouvernement de l’Ontario n’avait pas de «stratégie globale» à l’échelle provinciale pour aider les hôpitaux à prévenir les fermetures temporaires.

«Le ministère et Santé Ontario comptaient plutôt sur les hôpitaux pour gérer ces situations de façon autonome, habituellement en fermant leurs services d’urgence ou, dans la mesure du possible, en faisant appel à du personnel d’agences plus coûteux», écrit le vérificateur général.

Il constate que les hôpitaux continuent de faire face à une pénurie d’infirmières et de médecins et que les patients attendent en moyenne deux heures avant une évaluation médicale. 

Par ailleurs, les patients des services d’urgence devaient parfois attendre plus de 24 heures pour obtenir un lit d’hospitalisation, et «bon nombre d’entre eux continuent d’être traités dans les couloirs des services d’urgence lorsqu’aucune place n’est disponible», lit-on dans le rapport.

M. Stavropoulos affirme également que les hôpitaux dépendent de plus en plus des agences privées de soins infirmiers pour combler les pénuries de personnel, ce qui coûte beaucoup plus cher.

«L’absence d’une stratégie à l’échelle de la province pour aider les hôpitaux à prévenir les fermetures de services d’urgence, en plus des pénuries continues de personnel, continue de mettre les hôpitaux à rude épreuve, a indiqué M. Stavropoulos. Cela signifie que les patients sont moins susceptibles de recevoir rapidement des soins intensifs lorsqu’ils en ont besoin.»

Les patients qui ont un besoin immédiat de soins vitaux peuvent accéder rapidement au réseau, précise M. Stavropoulos. Mais il souligne aussi que les patients ont attendu en moyenne tout près de deux heures (118 minutes) après le triage pour recevoir une évaluation initiale d’un médecin aux services d’urgence en 2022‑2023, soit environ 30 minutes de plus qu’en 2013-2014.

Le manque d’infirmières chargées du triage des patients qui arrivent en ambulance empêche aussi les ambulanciers de reprendre rapidement la route pour répondre à d’autres appels d’urgence, constate M. Stavropoulos.

Certains hôpitaux ont travaillé avec les services paramédicaux pour améliorer ces «délais de prise en charge», mais tous les hôpitaux ne l’ont pas fait, écrit le vérificateur général.