L’Île-du-Prince-Édouard songe à commanditer les avis de décès dans les journaux

HALIFAX — Après avoir entendu les inquiétudes d’un nombre «alarmant» de résidents, le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, a dit qu’il envisagerait de parrainer la page de nécrologie d’une société médiatique régionale pour s’assurer que ses avis de décès ne soient pas payants.

Le premier ministre a fait ses commentaires sur SaltWire Network à l’Assemblée législative mardi, affirmant que la lecture d’avis nécrologiques dans les journaux et en ligne fait «partie de l’ADN de l’Île».

«Les Insulaires ont un grand lien et une grande affinité avec leur journal et les annonces de décès, a-t-il déclaré. Il s’agit d’un rituel très important et d’un service public auquel les Insulaires se sont habitués.»

SaltWire Network possède 23 journaux dans tout le Canada atlantique, dont deux des plus anciens de l’Île-du-Prince-Édouard: The Guardian, fondé en 1887, et Journal Pioneer, fondé en 1865. Le réseau a récemment déplacé les avis de décès derrière son verrou d’accès payant, informant les lecteurs dans une note en ligne qu’ils pourraient bénéficier d’un essai gratuit de 30 jours, mais qu’ils devraient ensuite payer un abonnement.

«Pour ceux qui consultent régulièrement ces articles sur notre site Web, nous demandons à nos lecteurs leur soutien pour maintenir ce service disponible et durable», indique la note.

M. King a déclaré qu’il était prêt à discuter des moyens de résoudre le problème de l’interface payante avec SaltWire.

«Est-ce que je veux que le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard parraine les nécrologies? Je ne sais pas. Mais il existe peut-être une façon créative d’examiner la question», a-t-il déclaré. 

Ni le premier ministre ni SaltWire n’ont répondu aux demandes de commentaires, mercredi.

Nathaniel Lamoureux, directeur de funérailles et propriétaire de la maison funéraire Dingwell, à Souris, à l’Île-du-Prince-Édouard, s’est dit favorable à ce que le gouvernement parraine la page de nécrologies pour les Insulaires.

«Je pense que ce serait une idée incroyable. C’est une façon de soutenir les Insulaires et la communauté (…) les avis de décès sont très importants pour les habitants de l’Île-du-Prince-Édouard», a-t-il déclaré lors d’une entrevue, mercredi.

M. Lamoureux a ajouté que de nombreuses maisons funéraires, y compris celle qu’il exploite, publient gratuitement sur leur site Web des nécrologies rédigées par des membres de la famille du défunt. Pourtant, de nombreux Insulaires se tournent vers leurs journaux locaux.

«Je l’ai entendu tellement de fois que les gens disent: « Dès que je reçois The Guardian, la première page que je consulte est celle des nécrologies »», a-t-il relaté.

Un moyen de survivre

Sasha Andric, 49 ans, un résident de Charlottetown, s’est dit favorable à ce que la province paie SaltWire pour que les résidents puissent accéder à la page nécrologique sans s’abonner au journal.

Il a dit considérer la décision de placer les avis de décès derrière un mur payant comme une tentative de SaltWire «de trouver un moyen de survivre».

«Ce serait de l’argent des impôts bien dépensé», a-t-il ajouté.

Abbey McClung, une étudiante de 24 ans en bibliothéconomie à l’Université Dalhousie, a déclaré que la nouvelle page nécrologique payante, qui s’applique à toutes les publications de la chaîne, va rendre le travail de recherche «beaucoup, beaucoup plus frustrant».

Elle s’appuie largement sur les nécrologies publiées dans le Chronicle Herald, propriété de SaltWire, en Nouvelle-Écosse, pour ses recherches scolaires et son exploration de la généalogie. «Quand je cherche quelqu’un et que je ne sais pas où trouver ses informations, c’est le premier endroit où je regarde», a-t-elle expliqué.

Mme McClung a affirmé qu’elle s’inquiétait des conséquences pour les historiens et les archivistes locaux de la perte de l’accès gratuit aux nécrologies du Canada atlantique via SaltWire.

«Venant d’un endroit avec une petite histoire, il n’y a pas beaucoup d’articles sur les gens, et nous essayons simplement de préserver cet héritage et de préserver nos histoires», a-t-elle affirmé.