L’ex-militaire Edmundson nie les accusations d’agression sexuelle lors de son procès

OTTAWA — Le vice-amiral à la retraite Haydn Edmundson a pris la parole lundi lors de son procès pour agression sexuelle, niant avoir eu des contacts sexuels ou physiques avec la femme qui l’accuse de l’avoir violée sur un navire militaire il y a plus de 30 ans.

La plaignante, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication ordonnée par le tribunal, a témoigné pendant trois jours la semaine dernière.

Elle a raconté que M. Edmundson était un officier supérieur et qu’elle appartenait au grade le plus subalterne de la marine lorsqu’ils ont été déployés ensemble en 1991.

Elle a témoigné que l’une de ses responsabilités à bord du navire était de réveiller les officiers pour le quart de nuit et qu’elle réveillait M. Edmundson toutes les deux ou trois nuits.

Le comportement de l’officier s’est progressivement aggravé au cours des deux mois à bord du navire cet automne, a-t-elle raconté, témoignant qu’il avait commencé à dormir nu et à laisser des parties de son corps exposées lorsqu’elle venait le réveiller.

À la barre lundi, le vice-amiral a affirmé au tribunal qu’il n’avait jamais dormi nu à bord du navire et qu’il ne s’était jamais montré nu à quiconque venait le réveiller.

Il a également témoigné qu’il était rare qu’il effectue un quart de nuit lors de ce déploiement parce qu’il était le navigateur du navire.

«En raison de mon rang et de ma position, j’ai effectué moins de quarts (de nuit) que les personnes plus jeunes», a-t-il soutenu. Il s’est assuré de cela en vérifiant le carnet de commandes de nuit du capitaine, un enregistrement informel, mais détaillé, des activités du navire créé par son capitaine et son commandant.

Lorsqu’il devait se réveiller pour un quart de nuit, M. Edmundson a fait savoir qu’il se servait d’une montre-bracelet Timex avec alarme. Demander un réveil aurait été une «garantie supplémentaire», a-t-il déclaré.

M. Edmundson a également admis qu’on lui avait ordonné de prendre sa retraite en février 2022, après 39 ans dans les forces armées, en raison des accusations portées contre lui.

L’officier était parmi un groupe de hauts dirigeants militaires accusés d’inconduite sexuelle au début de 2021, déclenchant une crise qui a abouti à un examen externe des forces armées dirigé par l’ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour.

Au moment de l’accusation portée contre lui, M. Edmundson était chef du personnel militaire. Il a démissionné en mars 2021, lorsque l’allégation a été rendue publique, et des accusations ont été portées en décembre de la même année.

La version de la plaignante mise à mal

La plaignante a témoigné la semaine dernière qu’après un incident au cours duquel elle avait trouvé son supérieur entièrement nu et exposé, elle était «devenue folle furieuse» et lui avait crié dessus, allumant les lumières de sa chambre.

C’est une ou deux nuits plus tard, dit-elle, qu’il l’a agressée sexuellement.

Elle a raconté que le navire était amarré dans un port américain et qu’elle n’était pas en service et prévoyait de débarquer avec des amis. Elle allait chercher les lunettes égarées de son amie dans le garde-manger des officiers, a-t-elle précisé, lorsque M. Edmundson l’a appelée dans sa chambre pour parler.

La plaignante a dit qu’elle se sentait mal à l’aise, mais qu’elle est allée dans sa chambre pour s’excuser de son comportement antérieur, puis a tenté de partir.

Elle a affirmé que M. Edmundson lui avait dit que l’entretien n’était pas terminé. Elle se sentait piégée et tétanisée. La plaignante a affirmé qu’il l’avait complimentée, l’avait embrassée puis l’avait violée.

Edmundson a nié lundi que tout cela se soit produit, témoignant de sa routine habituelle lorsque le navire était au port. Il a confié au tribunal qu’il se souvenait d’avoir passé deux des quatre nuits sur terre au cours de cette escale particulière, bien qu’il ne se souvienne pas quelles nuits.

Lorsque son avocat de la défense lui a demandé s’il avait eu des contacts physiques ou sexuels avec la plaignante lors de cette escale au port, il a répondu qu’il n’en avait pas eu.

«Est-ce qu’au cours de votre carrière, quelqu’un est entré dans votre cabine et a eu le type d’explosion que [la plaignante] a décrit dans cette salle d’audience?», a demandé l’avocat de la défense, Brian Greenspan.

«Jamais», a affirmé Edmundson.

Selon son témoignage, Edmundson se souvenait à peine d’avoir interagi avec la plaignante lors du déploiement de 1991.

La cause de la Couronne a subi un coup dur, jeudi, lors du contre-interrogatoire cinglant d’une témoin clé qui avait corroboré la version des événements de la plaignante.

L’amie, dont l’identité est également protégée par une ordonnance de non-publication, avait témoigné qu’elle se rappelait d’avoir perdu ses lunettes et que la plaignante était allée les chercher pour elle. Elle a dit qu’elle se souvenait avoir cherché la plaignante avant de quitter le navire ce soir-là.

L’avocat chargé de la défense de M. Edmundson, Brian Greenspan, a présenté une transcription d’une entrevue que cette témoin a eue avec la CBC avant de se rendre à la police.

La transcription laisse entendre qu’au début de cette entrevue, la journaliste de CBC semblait divulguer au témoin des détails importants sur l’histoire de la plaignante, notamment sur le fait que la plaignante cherchait les lunettes.