Les médias sociaux, des «pushers virtuels», lance Legault

SAINT-HYACINTHE — Les médias sociaux, comme TikTok et Instagram, sont des «pushers virtuels», selon François Legault, qui s’en remet à une commission parlementaire spéciale pour déterminer s’il faut les interdire d’accès aux plus jeunes.

«La façon de fonctionner des médias sociaux, c’est de rendre les lecteurs dépendants», a déclaré le premier ministre, samedi, à l’ouverture du conseil général de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Saint-Hyacinthe.

«C’est un peu comme s’ils étaient des « pushers » virtuels, comme la drogue ou d’autres substances.»

«C’est inquiétant, a-t-il renchéri. Moi, ça me fait peur. Ça crée des problèmes de santé mentale importants chez les jeunes. (…) Je suis ouvert à poser des gestes importants.»

Environ 700 membres de la CAQ étaient réunis à Saint-Hyacinthe samedi pour participer à un conseil général ayant comme thème «Le Québec en changement».

Au centre des débats, la proposition de l’aile jeunesse de la CAQ de fixer à 16 ans l’âge minimal pour accéder aux réseaux sociaux.

Le 2 mai dernier, M. Legault avait tourné au ridicule l’idée suggérée par le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, d’interdire l’accès aux réseaux sociaux pour certains jeunes.

Samedi, la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, s’est présentée au micro pour souligner que dès 14 ans, un jeune peut consulter un médecin sans autorisation parentale.

«Donc, pourquoi à 16 ans on ne pourrait pas ouvrir un compte sur Facebook?» a-t-elle demandé à la salle.

Au final, la proposition de l’aile jeunesse a été lourdement amendée: le conseil général a voté pour que la question d’une majorité numérique «à un âge à déterminer» soit étudiée en «commission parlementaire».

M. Legault a aussitôt dégainé une lettre aux chefs des partis d’opposition leur proposant la création d’une commission spéciale transpartisane qui étudiera l’impact des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes.

Cette commission spéciale pourra également se pencher sur une possible interdiction des cellulaires partout dans les écoles, a ajouté en mêlée de presse le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Aucune échéance n’est encore prévue pour le déroulement de ces travaux.

Rôle des parents

Par ailleurs, des militants caquistes ont soutenu que l’État ne devait pas se substituer aux parents.

«Est-ce que les parents aujourd’hui vont transférer (au gouvernement) la façon d’élever un enfant? (…) C’est dans les cuisines et les maisons qu’il faut faire la première éducation» a déclaré Roch Laviolette.

Invitée par la CAQ à se prononcer sur «les effets des médias sociaux sur les jeunes», la directrice du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne, Emmanuelle Parent, a invité les parents à se regarder dans le miroir.

«Dans une classe, c’était super touchant, je suis sortie tellement émue, un jeune m’a demandé: « Madame, c’est quoi votre truc pour que mes parents lâchent les écrans? »» a-t-elle relaté.

«Les enfants de 10, 11 ans disaient: « Moi, j’arrive à mon parent avec une activité concrète ». (…) Un autre disait: « Moi, j’amène de la bouffe. Si j’arrive avec un bol de bouffe, il faut utiliser ses mains, donc il lâche son écran ».»

«Chez les adolescents, (…) on va entendre: « Il l’utilise au souper, je l’utilise au souper »», a-t-elle ajouté.

De son côté, la professeure et psychologue invitée Magali Dufour a dit espérer que les médias sociaux, qu’elle a comparés à «un nouveau jouet», vont éventuellement «se stabiliser» et «se réguler».

«On l’a vu, par exemple, à Amsterdam avec le cannabis; (…) on l’a vu avec le poker aussi», a-t-elle remarqué.

Intelligence artificielle

Les caquistes ont aussi débattu d’intelligence artificielle (IA), qui offre «des occasions exceptionnelles», mais qui «risque (…) d’engendrer des effets secondaires inattendus», pouvait-on lire dans le cahier de résolutions.

Il a notamment été proposé «d’employer l’IA dans le but de réduire les délais et le fardeau administratif des entreprises et des citoyens dans leurs interactions avec l’État».

Cette proposition a semblé inquiéter certains caquistes; elle a d’ailleurs été amendée pour prévoir le droit des Québécois de poser leurs questions directement à un employé de l’État.

Les caquistes étaient réunis à Saint-Hyacinthe alors que leur parti est 10 points derrière le PQ, à un peu plus de deux ans des prochaines élections, selon le plus récent sondage de la firme Léger.

«Il y a des hauts et des bas. C’est le « fun » quand on est dans les hauts. Mais (…) quand les temps sont durs, c’est là qu’on a un vrai test de caractère», a reflété M. Legault dans son allocution de clôture.