Les communautés francophones «très déçus» par les cibles d’immigration d’Ottawa

OTTAWA — Les nouvelles cibles d’immigration francophone hors Québec sont fort mal accueillies par les communautés francophones du pays qui qualifient «d’occasion ratée» l’annonce faite mercredi par le gouvernement Trudeau.

«Nous sommes très déçus de cette annonce-là aujourd’hui parce que pour nous le 6% continue à contribuer au déclin démographique des communautés francophones», s’est désolée la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Son organisme considère que «le minimum qu’on peut consentir» afin de non seulement rétablir, mais aussi de faire progresser le poids démographique des francophones est que la cible soit établie à 12%.

Or, le Plan des niveaux d’immigration pour 2024-2026 prévoit une hausse de la cible d’immigration francophone à 6% en 2024, à 7% en 2025 et à 8% en 2026.

L’objectif précédent de 4,4 % avait été atteint de peine et de misère l’an dernier et le ministre Miller déclarait en entrevue le mois dernier qu’il doute de la capacité de son ministère de «livrer la marchandise» d’une éventuelle cible de 6 %, tout en promettant d’y «mettre le paquet».

Questionné sur ce qui a bien pu changer en quelques semaines, M. Miler a expliqué que son ministère n’a «jamais eu de bons mécanismes» pour que les cibles soient rencontrées, mais que l’organisation est «en train de jeter les bases» pour corriger la situation, ce qui lui a donné «confiance».

À la FCFA, on reconnaît que la progression annoncée mercredi est «très importante» tout en déplorant du même souffle qu’Ottawa tarde à instaurer la cible de 8% qu’ils considèrent comme le minimum pour freiner le déclin. 

«Plus longtemps qu’on attend, plus que l’écart va se former, a dit Mme Roy. Si on avait eu du 8 immédiatement en 2024, on aurait été contents.»

Selon elle, la solution passe par la mise en place d’un programme distinct pour l’immigration francophone afin d’adopter des cibles plus agressives.

De son côté, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, juge que les nouvelles cibles d’immigration francophone représentent «un pas dans la bonne direction».

Il note également à mots couverts que les nouvelles cibles contreviennent à la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles.

«Toutefois, l’accroissement du poids démographique des francophones hors Québec et son rétablissement à 6,1 %, tel qu’exigé par la Loi sur les langues officielles modernisée, dépendra grandement du respect de ces nouvelles cibles et de l’adoption de cibles encore plus ambitieuses à l’avenir», mentionne-t-il dans un communiqué de presse.