Les Canadiens sont très partagés sur l’aide médicale à mourir pour la maladie mentale

OTTAWA — Moins de la moitié des Canadiens estiment que l’aide médicale à mourir devrait être offerte aux personnes dont le seul problème médical est une maladie mentale, suggère un nouveau sondage publié mercredi.

À l’heure actuelle, les personnes qui sont «affectées de problèmes de santé graves et irrémédiables leur causant des souffrances persistantes et intolérables» peuvent demander à mettre fin à leurs jours avec l’aide d’un professionnel de la santé.

Les personnes souffrant d’une maladie mentale chronique et incurable devaient pouvoir le faire à compter du 17 mars prochain, mais le ministre de la Santé, Mark Holland, a déposé un projet de loi plus tôt ce mois-ci qui reporterait leur admissibilité de trois ans supplémentaires.

Alors que 77 % des Canadiens interrogés par la firme de sondage Léger appuient la politique actuelle d’aide médicale à mourir au Canada, seulement 42 % seraient d’accord avec l’élargissement de l’admissibilité aux personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale incurables.

Le reste des personnes interrogées se répartissent entre ceux qui s’opposent à cet élargissement, à 28 %, et ceux qui disent ne pas savoir, à 30 %.

Le soutien à l’élargissement semble le plus fort au Québec, où 49 % des personnes interrogées ont déclaré que les patients souffrant de maladies mentales avaient le même droit à l’aide médicale à mourir que les personnes souffrant de maladies physiques graves. Ce sont les Albertains qui semblent plus farouchement opposés: 26 % se disent totalement opposés à cet élargissement.

Le mois dernier, toutes les provinces et tous les territoires ont demandé au ministre fédéral de la Santé de retarder l’élargissement de la politique aux patients atteints de maladies mentales, parce qu’ils n’étaient pas prêts à l’offrir ou qu’ils refusaient d’aller de l’avant.

Cette pause donnerait aux provinces plus de temps pour se préparer et aux Canadiens le temps d’avoir une «conversation plus approfondie» sur ce programme, a déclaré le ministre Holland.

Interrogés sur ce report de trois ans, 47 % des répondants au sondage Léger affirment que le gouvernement devrait prendre le temps nécessaire pour s’assurer que les choses sont bien faites. Seuls 17 % déclarent qu’ils s’opposent catégoriquement aux changements proposés — et que, par conséquent, ils s’accommodent très bien de tout report.

Les 37 % restants ont déclaré que le gouvernement ne devrait pas tarder du tout, puisque les Canadiens atteints d’une maladie mentale incurable ont le même droit à l’aide médicale à mourir que les Canadiens déjà admissibles.

Le projet de loi visant à retarder l’élargissement de l’aide médicale à mourir, déposé le 1er février, est toujours devant la Chambre des communes.

Le sondage de la firme Léger, réalisé pour La Presse Canadienne, a interrogé 1579 adultes canadiens la semaine dernière sur cette politique controversée. Les experts en recherche et en méthodologie estiment qu’il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.

Le projet de loi a été adopté en deuxième lecture mercredi et fera l’objet d’une deuxième troisième lecture jeudi.

Il doit également être adopté par le Sénat avant de devenir loi.

Le sondage de la firme Léger, réalisé pour La Presse Canadienne, a interrogé 1579 adultes canadiens la semaine dernière sur cette politique controversée. Les experts en recherche et en méthodologie estiment qu’il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.

Le sondage a également exploré le soutien à l’idée de permettre aux personnes atteintes d’une maladie cognitive dégénérative, comme la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, de demander une aide médicale à mourir avant que leur maladie n’altère leur capacité de prise de décision.

Le soutien était bien plus élevé que celui visant à étendre le programme aux personnes souffrant uniquement d’une maladie mentale, avec 65% des personnes indiquant leur approbation.

Seulement 15% des personnes interrogées se sont opposées à l’offre de l’aide médicale à mourir aux personnes atteintes de maladies cognitives dégénératives. Les autres ont dit qu’ils ne savaient pas.

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NOTE DE LA RÉDACTION — Si vous songez au suicide ou si vous vous inquiétez pour un proche, un soutien est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les résidants du Québec peuvent rejoindre le Centre de prévention du suicide au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553).

Ailleurs au Canada, on peut obtenir un soutien en tout temps en envoyant un texto au 988, la ligne d’assistance nationale pour la prévention du suicide.