Le PLQ veut des sanctions à partir d’un taux d’alcoolémie de 0,05

QUÉBEC — Le Québec doit imiter les autres provinces et imposer des sanctions administratives aux conducteurs dès que leur alcoolémie atteint 0,05, estime le Parti libéral du Québec (PLQ).

Son leader parlementaire, Monsef Derraji, a présenté une motion mercredi pour forcer le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) à prendre position sur cet enjeu de sécurité routière.

«J’offre une occasion en or aux caquistes de suivre la science, (…) les recommandations du coroner, mais aussi les suggestions du CAA-Québec», a déclaré M. Derraji en point de presse à l’Assemblée nationale.

À l’heure actuelle, au Canada, une alcoolémie à 0,08 constitue une infraction criminelle. Or, toutes les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, imposent des sanctions administratives dès 0,05. 

Par exemple, en Colombie-Britannique, grâce à cette mesure, il y a eu une baisse des accidents mortels de 52 %, a fait valoir le député libéral.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui pilote actuellement le projet de loi 48 pour améliorer le bilan québécois en matière de sécurité routière, n’a jusqu’à présent montré aucune intention d’imiter les autres provinces.

Lors du débat sur la motion mercredi, Mme Guilbault a plaidé que le Québec était déjà «globalement très sévère». Elle a énuméré toutes les mesures adoptées depuis 1996.

«De nos jours, conduire quand on a bu de l’alcool, (…) d’instinct, de culture et de responsabilité individuelle, on sait que ça n’a pas de sens», a déclaré la ministre, après avoir convenu avec ses collègues caquistes de maintenir le statu quo.

Une position «inexplicable», selon le député Derraji, qui rappelle tout le respect qu’avait le premier ministre François Legault pour les experts en santé publique lors de la pandémie de COVID-19.

«M. Legault (…) a suivi toutes les recommandations de la Santé publique. (…) Aujourd’hui, la Santé publique est pour baisser le seuil à 0,05. (…) Donc, M. Legault, il est face à ses propres contradictions», a-t-il affirmé.

Pour lui, ne pas abaisser le taux d’alcoolémie au Québec équivaut à un manque de «courage» et d’«empathie».

La semaine dernière, M. Derraji a accompagné Antoine Bittar et Elizabeth Rivera en point de presse pour réclamer que le Québec impose des sanctions administratives, comme une suspension temporaire du permis de conduire, dès 0,05. 

Le couple — qui a perdu un enfant à cause d’un ivrogne récidiviste du volant — a d’ailleurs causé une commotion en déclarant avoir dû verser 200 $ à la CAQ pour pouvoir parler deux minutes avec Mme Guilbault des ravages de l’alcool au volant.

Dans le passé, l’idée d’abaisser la limite d’alcool a rencontré beaucoup de «résistance», a noté M. Derraji, qui dresse un parallèle avec la cigarette dans les bars.

«Il y avait un bouclier énorme: « Ça n’a aucun bon sens. On va perdre notre chiffre d’affaires ». Regardez, quelques années plus tard, on a vu les effets de la fumée secondaire», a-t-il dit.

De leur côté, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) se sont montrés ouverts, mercredi, à abaisser le taux d’alcool à 0,05. Le vote sur la motion libérale se tiendra jeudi.