Le Parti québécois propose une série de mesures pour faciliter l’accès à la propriété

MONTRÉAL — Le Parti québécois veut ouvrir plus grande la porte de la propriété aux jeunes et invite le gouvernement Legault à se glisser la tête dans l’embrasure pour voir s’il ne pourrait y trouver des idées.

Le chef péquiste,Paul St-Pierre Plamondon, a présenté lundi une série de mesures visant à contrer ce qu’il estime être devenu une iniquité intergénérationnelle inacceptable. «On peut qualifier ça de bris du contrat social parce que c’est à ce point inéquitable entre les générations.»

Le lancement de ce Plan d’accès à la propriété à l’approche du dépôt du prochain budget n’est pas un hasard, précise-t-il. «On veut influencer le gouvernement pendant qu’il est temps, parce qu’on est devant une situation incomparable sur le plan historique où il y a toute une génération à qui on dit:  »vous n’aurez pas accès à la propriété ».»

Au premier chef, le plansuggère d’aider financièrement les premiers acheteurs en leur offrant un rabais de 3,5 % sur les taux d’intérêt hypothécaires par le biais de négociations avec les institutions financières et des garanties de prêt. Prenant l’exemple d’un taux d’intérêt de 7 % réduit à 3,5 % pour une maison de 525 000 $ achetée avec une mise de fonds de 10 %, les paiements mensuels passeraient de 3308 $ à 2358 $, soit une économie annuelle de 11 400 $.

Il doublerait également le crédit d’impôt pour l’achat d’une première maison, qui passerait de 1500 $ à 3000 $, et le remboursement maximal de TVQ sur le coût de construction d’une maison neuve, qui serait porté à 20 000 $. À ce sujet, il a reproché au gouvernement de la CAQ d’avoir procédé à «une augmentation du crédit d’impôt, mais tellement minime qu’elle n’a aucun impact sur l’accès à la propriété». Vendredi, le Parti libéral du Québec proposait notamment de son côté une exemption de la TVQ sur les matériaux pour les nouvelles constructions.

Si la proposition sur les taux d’intérêt s’inspire du programme Mon taux, mon toit, de Robert Bourassa, une autre proposition visant à rehausser l’offre par une accélération de la construction s’inspire du programme Corvée habitation lancé en 1982 par le gouvernement de René Lévesque. Québec solidaire a également proposé un programme similaire lors de son caucus à la fin de janvier.

Paul St-Pierre Plamondon accueille sans réserve les propositions d’autres partis d’opposition. «Je m’attends à ce que chaque parti d’opposition apporte des solutions. Ce qui est inacceptable en ce moment, c’est l’inaction ou le manque d’intérêt du gouvernement parce que la palette de solutions possibles est là.»

Tout comme le gouvernement fédéral l’a fait récemment, le Parti québécois suggère de fournir un catalogue de plans préapprouvés pour faciliter et accélérer l’érection de maisons et d’immeubles d’habitation. Il propose également de convertir ou vendre les bâtiments gouvernementaux laissés vacants pour en faire de lieux de résidence.

Enfin, un des axes du plan péquiste est de réduire la demande, ce qui passe entièrement, selon sa vision, par une réduction des seuils d’immigration permanente et du nombre d’immigrants temporaires, question épineuse pour laquelle M. St-Pierre Plamondon n’avait pas de données précises à offrir, s’en remettant à des analyses à venir. «Nous sommes en train de refaire ces calculs-là. (…) On va se pencher sur chaque catégorie d’immigration temporaire pour arriver à des conclusions, des calculs qui sont réalistes et sur la base d’une écoute active de chaque secteur de l’économie en fonction de leur situation.»

La porte-parole péquiste en matière d’habitation, l’ex-députée de Gaspé Méganne Perry Mélançon, portera ce plan lors d’une tournée des régions afin de le bonifier en vue d’une bonification finale en prévision du Conseil national de la formation souverainiste en avril prochain.

Dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne, le cabinet de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, affirme qu’«on est ouverts à évaluer ce qu’on peut faire pour améliorer l’accès à la propriété, notamment pour les premiers acheteurs».

«La clé, ça demeure d’augmenter l’offre! On met d’ailleurs déjà en place plusieurs choses que le PQ propose, notamment des mesures pour retirer de la bureaucratie et l’utilisation du préfabriqué pour raccourcir les délais de construction», ajoute le cabinet de la ministre.