Le Canada a tiré des leçons du premier mandat de Donald Trump. L’inverse est-il vrai?

WASHINGTON — Dans les cercles de politique étrangère, il est fréquent d’entendre que le monde a tiré des leçons du premier mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Mais alors que la possibilité de voir l’ex-président retourner à la Maison-Blanche en 2024 approche, se pourrait-il également que M. Trump et ses conseillers aient quitté Washington avec une meilleure compréhension des relations du Canada avec les États-Unis?

«Oui, je le pense», soutient Kirsten Hillman, l’ambassadrice du Canada à Washington.

Pour commencer, il y a eu la renégociation ardue de l’Accord de libre-échange nord-américain, qui a duré 18 mois, au cours de laquelle même le champion américain autoproclamé des négociateurs a longtemps reconnu que le Canada s’était révélé un adversaire plus féroce que prévu.

Mais M. Trump était également président au début de 2020, lorsque la COVID-19 a commencé à se propager en sol nord-américain, peu de temps avant qu’elle déclenche une crise mondiale qui a permis aux États-Unis d’apprendre une ou deux choses sur leur plus grand partenaire commercial.

«Quand nous avons restreint la circulation à notre frontière, il a fallu moins d’une journée pour que les gens (aux États-Unis) comprennent pleinement les conséquences, souligne Mme Hillman. Ils ont rapidement pris conscience de la quantité de déplacements de loisirs et d’affaires qui ont lieu chaque jour à la frontière canado-américaine et, par conséquent, ils ont pleinement apprécié le degré d’intégration et de soutien mutuel de nos deux pays.»

Au début de la pandémie, M. Trump a rapidement imposé des restrictions concernant l’exportation de produits comme les gants et les masques chirurgicaux, mais a exempté le Canada et le Mexique.

«(Les Américains) ont compris qu’on avait besoin d’eux, mais qu’ils avaient aussi besoin de nous», raconte Mme Hillman.

Cela a donné au Canada une longueur d’avance alors qu’il poursuit actuellement ses efforts de sensibilisation auprès d’anciens responsables, de législateurs américains et d’autres personnes susceptibles de jouer un rôle dans une éventuelle seconde présidence de Donald Trump.

Des discussions en coulisses

Ces efforts sont en cours depuis un certain temps, confirme Mme Hillman, qui décrit un «appareil» politique et de transition plus robuste autour de M. Trump qu’il y en avait en 2016.

«Tout cela est développé d’une manière assez systématique, beaucoup plus proche de ce qui se passe normalement avec les autres candidats et les deux partis», analyse-t-elle.

«Cela nous permet donc d’avoir accès à eux, de leur parler et de comprendre les positions politiques qu’ils défendent pour l’éventuelle administration Trump.»

La principale responsabilité de Mme Hillman consiste à s’assurer que les décideurs à travers les États-Unis, à tous les ordres de gouvernement, comprennent comment le Canada touche leur vie, souvent de manière discrète.

En discutant avec l’équipe Trump, «ce qui est crucial, c’est que nous apportions la perspective canadienne» sur d’innombrables questions d’intérêt mutuel, explique-t-elle, citant le commerce, la défense, les transports et l’agriculture, pour n’en nommer que quelques-uns.

Mme Hillman s’est attardée sur un exemple en particulier: la politique énergétique.

Il s’agira certainement d’un thème dominant pour un futur président qui a promis de «forer, forer, forer» dès le premier jour où il se retrouvera de nouveau dans l’aile ouest.

«Le Canada est de loin le fournisseur d’énergie le plus important et le plus sûr des États-Unis dans tous les domaines de production d’énergie, et nous serons toujours là», mentionne Mme Hillman à propos d’une conversation hypothétique qu’elle pourrait avoir avec un homologue américain.

«Donc quand vous réfléchissez à la manière dont vous allez affiner vos politiques énergétiques, n’oubliez pas que nous sommes en quelque sorte main dans la main avec vous sur ce point.»