L’avocat des plaignantes demande au tribunal de geler des actifs de Robert Miller

MONTRÉAL — L’avocat des femmes qui affirment que Robert Miller les a payées pour avoir des relations sexuelles alors qu’elles étaient mineures souhaite que le tribunal gèle des dizaines de millions de dollars d’actifs de l’homme d’affaires montréalais.

Me Jeff Orenstein représente ces femmes dans une requête pour intenter une action collective contre M. Miller. En Cour supérieure à Montréal, l’avocat a dit craindre que l’homme d’affaires ne dissimule le produit de la vente prochaine de sa société, Future Electronics, pour 5,2 milliards $.

Me Orenstein a indiqué au tribunal qu’il souhaitait que M. Miller et Future Electronics déposent un total de 200 millions $ en garantie auprès de la cour. Si cela n’est pas fait, l’avocat demande à la cour de geler les actifs de M. Miller et de Future Electronics, mais aussi ceux d’un certain nombre de sociétés et de particuliers qui sont liés.

Robert Miller a nié les allégations qui le visent.

Son avocat, Karim Renno, a déclaré au tribunal qu’il n’y avait aucune preuve que son client tenterait de dissimuler ses actifs. Il soutient que l’ordonnance du tribunal demandée par Me Orenstein ciblerait des personnes qui ne sont même pas citées dans l’action collective demandée. Me Renno estime aussi que cette requête est si large qu’elle empêcherait même M. Miller d’acheter une tablette de chocolat.

Les avocats rappelés à l’ordre

À plusieurs reprises, la juge Eleni Yiannakis a rappelé les deux avocats à l’ordre, remettant en question leurs affirmations et leur disant que leurs arguments n’étaient pas pertinents par rapport à ses interrogations. Au début de l’audience de vendredi, elle a réprimandé Me Orenstein après qu’il eut déclaré qu’il était prêt à appeler trois des victimes présumées de M. Miller comme témoins surprises.

Même si la juge s’est dite sensible aux allégations d’agression sexuelle et a affirmé qu’elle les prenait au sérieux, elle a ajouté qu’un gel des avoirs à ce moment constituerait un «remède extrême».

Me Orenstein a affirmé que depuis le dépôt de l’affaire, son cabinet a entendu 50 femmes qui soutiennent avoir été victimes de l’inconduite sexuelle de M. Miller sur une période de 30 ans commençant dans les années 1970, et que certaines n’avaient que 11 ans au moment des crimes allégués. Quarante et une victimes présumées ont fait des déclarations décrivant leurs allégations, a-t-il souligné, ajoutant qu’il s’attend à ce que davantage de femmes se manifestent.

Il a déclaré que le tribunal devrait ordonner le gel des avoirs parce que M. Miller sait qu’il va perdre et se prépare à dissimuler son argent. «Il est très clair que nous obtiendrons gain de cause au procès», a déclaré Me Orenstein au tribunal.

Trois autres femmes ont intenté des poursuites indépendantes faisant des allégations similaires contre M. Miller.

Me Renno a dit au tribunal qu’il voulait rappeler, en particulier à l’avocat qui ne cesse de dire qu’il s’agit d’une «victoire assurée», que ces allégations ont fait l’objet d’une enquête concluante de la police en 2009. «M. Miller n’a pas été acquitté, il n’a même pas été accusé», a-t-il déclaré.

Me Orenstein a affirmé que sa demande d’un dépôt par l’accusé de 200 millions $ auprès du tribunal est fondée sur le montant que ses clientes recevraient si elles avaient gain de cause dans la proposition d’action collective. Celle-ci demande 2,5 millions $ de dommages et intérêts au nom de la première femme à se manifester, qui dit qu’elle était âgée de 17 ans lorsqu’elle a été payée pour des relations sexuelles avec M. Miller. Certaines femmes, a-t-il expliqué, avaient moins de 17 ans au moment de l’exploitation présumée; d’autres, a-t-il ajouté, ont été exploitées par M. Miller sur une période plus longue.

Me Renno a dit croire que le montant de 200 millions $ n’avait aucun sens. «Cette réclamation de 2,5 millions $ est absolument ridicule, a-t-il ajouté au tribunal. Des fillettes de sept ans qui ont été violées à plusieurs reprises par des membres du clergé reçoivent 150 000 $ de dommages et intérêts.»

La juge Yiannakis a indiqué qu’elle prévoyait d’annoncer sa décision dans une semaine et qu’elle n’envisageait pas de geler la vente de Future Electronics.

L’affaire, qui a été déposée en février, doit encore être autorisée par un juge avant de pouvoir être traitée comme une action collective.