L’aide humanitaire à Gaza «n’arrive plus qu’au compte-gouttes», dit Ahmed Hussen

OTTAWA — Les cargaisons d’aide humanitaire pour les Palestiniens atteignent Gaza en quantités «plus basses que jamais», a constaté le ministre canadien du Développement international, Ahmed Hussen, au cours d’une visite à la frontière égyptienne.

Des travailleurs humanitaires rencontrés en Égypte, tout près du passage de Rafah, l’ont informé de la baisse, a-t-il indiqué au cours d’une entrevue accordée à La Presse Canadienne depuis Le Caire.

«Ça n’arrive plus qu’au compte-gouttes comparé aux besoins là-bas», a-t-il dit en anglais.

Le ministre, qui doit se rendre mercredi en Jordanie, a plaidé pour une plus grande affluence des denrées et équipements médicaux à Gaza après sa rencontre, mardi, avec des représentants du Programme alimentaire mondial, entre autres.

«J’ai vu l’aide humanitaire être amenée (en Égypte) et être entreposée à plusieurs points d’arrêt, mais le plus important est l’accès aux personnes qui en ont besoin», a-t-il ajouté.

Il a mentionné avoir vu des centaines de camions stationnés, en attente de pouvoir passer. «Certains d’entre eux attendent là depuis des semaines», a-t-il affirmé.

Selon lui, une «combinaison» de facteurs explique ces délais, comme des «procédures fastidieuses» d’inspection à différents moments du trajet, de part et d’autre de la frontière.

«Plus d’aide doit se rendre et plus de passages frontaliers doivent être ouverts. (…) Nous pressons aussi, bien sûr, pour un cessez-le-feu immédiat puisque cela aidera», a poursuivi M. Hussen.

Une résolution des Nations unies soutenue par les pays arabes exigeant un tel cessez-le-feu a été bloquée mardi par le veto américain au Conseil de sécurité. Les États-Unis, qui travaillent sur une résolution rivale, ont justifié leur opposition en disant craindre que la proposition parrainée par l’Algérie nuise aux efforts déployés pour conclure un accord entre les parties belligérantes.

En plus de l’absence d’un cessez-le-feu, le ministre a relevé que les organisations humanitaires s’inquiètent au plus haut point de la menace d’Israël d’étendre son offensive dans le sud de la bande de Gaza, à Rafah. Plus de la moitié des 2,3 millions de Gazaouis s’y sont réfugiés.

«Nous croyons que cela aurait des conséquences humanitaires très sérieuses et il en résulterait inévitablement des morts et blessés, de façon inimaginable», a-t-il dit pour réitérer des déclarations passées d’Ottawa.

Plus de 29 000 Palestiniens ont perdu la vie, selon les autorités sanitaires locales de Gaza, depuis la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. Cette offensive avait fait 1200 morts et 250 otages – il en resterait une centaine.

Depuis l’automne, le Canada a engagé 100 millions $ pour l’aide humanitaire à Gaza.

À la fin janvier, le Canada a suspendu tout financement supplémentaire à l’UNRWA, l’agence des Nations unies qui soutient les Palestiniens, en réponse aux allégations selon lesquelles certains de ses employés auraient joué un rôle dans l’attaque du 7 octobre.

La décision a été vertement critiquée aux Communes par les néo-démocrates et bloquistes, mais aussi par une coalition de 20 organisations non gouvernementales, dont le Conseil norvégien pour les réfugiés et Oxfam.

Une responsable gouvernementale a précisé à La Presse Canadienne qu’aucun paiement prévu à l’UNRWA n’a été retenu par le Canada pour l’instant. Il reste à voir si un versement de 25 millions $ prévu au printemps prochain sera retenu.

Questionné sur l’impact de la suspension de financement à venir, M. Hussen s’est contenté de déclarer qu’Ottawa travaille avec l’organisation «et la famille plus large des Nations unies» au fil de l’avancement d’une enquête sur les allégations. Il a dit qu’Ottawa espère ainsi avoir confiance, «ce qui (lui) permettr(a) de continuer à travailler avec eux dans le futur».

– Avec des informations de Laura Osman