Jean-Guy Talbot, ancien défenseur du Canadien de Montréal, est décédé

MONTRÉAL — Jean-Guy Talbot, l’un des 12 joueurs du Canadien de Montréal à avoir gagné cinq coupes Stanley consécutives entre 1956 et 1960, est décédé jeudi soir. Il était âgé de 91 ans.

La nouvelle avait d’abord été rapportée par plusieurs médias tôt vendredi matin. Peu après 10h, la direction du Canadien a publié un communiqué relatant les grandes lignes de la carrière de Talbot avec le Tricolore.

Le seul survivant de ce prestigieux groupe est Don Marshall, également âgé de 91 ans.

«(Talbot) avec Guy Lapointe, ç’aurait été l’enfer dans le vestiaire!», a lancé Yvan Cournoyer, qui a été un coéquipier, à des époques différentes, de ces deux joueurs reconnus pour leur habileté à détendre l’atmosphère au sein de leur équipe.

«C’était un joueur de tours, un bon vivant. J’ai eu la chance de gagner deux coupes Stanley avec Jean-Guy. Pour avoir gagné sept coupes Stanley, Jean-Guy était un excellent joueur de hockey. Pour un entraîneur, c’était le joueur idéal parce qu’il n’avait pas besoin de crier pour le motiver.»

Né à Cap-de-la-Madeleine le 11 juillet 1932, Talbot a joué pendant 17 saisons dans la LNH, avec cinq équipes différentes, entre 1954 et 1971.

Talbot a aussi occupé le poste d’entraîneur-chef avec les Blues de St. Louis, entre 1972 et 1974, et avec les Rangers de New York, en 1977-78. Il a tenu des fonctions semblables dans la défunte Association mondiale de hockey pendant 41 matchs en 1975-76.

Pendant sa carrière de joueur, Talbot a participé à 1066 matchs et amassé 285 points, dont 43 buts, et 1014 minutes de punition. Il a aussi pris part à 151 matchs éliminatoires avec le Canadien et les Blues de St. Louis, et récolté 30 points et 142 minutes de punition.

En 801 parties avec le Canadien, entre 1954 et 1967, il a inscrit 36 buts et 245 points, et fait graver son nom sur la coupe Stanley en deux autres occasions, en 1965 et 1966, pour un grand total de sept en carrière.

«C’est moi qui détiens le record pour le plus grand nombre de coupes Stanley pour un défenseur dans l’histoire de la Ligue nationale de hockey avec huit. Avec sept, Jean-Guy est le suivant», a fait remarquer Serge Savard lors d’une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne vendredi matin.

Talbot a connu sa meilleure campagne en 1961-62, amassant cinq buts et 47 points en 70 matchs, un rendement qui lui a valu sa seule sélection au sein de la première équipe d’étoiles de la LNH.

Cette même saison, il a terminé troisième au scrutin pour le trophée Norris, remis au meilleur défenseur, derrière son ancien coéquipier Doug Harvey, alors avec les Rangers de New York, et Pierre Pilote, des Black Hawks de Chicago.

Changement de cap

Après un revers du Canadien en finale de la Coupe Stanley, en 1967 face aux Maple Leafs de Toronto, Talbot a été laissé sans protection par le Tricolore en prévision du repêchage d’expansion de la Ligue nationale de hockey, qui allait accueillir six nouvelles formations à l’automne de cette même année.

«Je m’y attendais, on m’avait averti. J’étais l’un des plus vieux défenseurs de l’équipe et le Canadien avait déjà (Jacques) Laperrière et Jean-Claude Tremblay», avait confié Talbot lors d’une entrevue qu’il avait accordée à La Presse Canadienne en 2019.

Talbot a été réclamé par les North Stars du Minnesota mais n’a joué que quatre matchs avec cette formation avant d’être échangé aux Red Wings de Detroit.

Soumis au ballottage après avoir pris part à 32 parties avec les Red Wings, Talbot a été réclamé par les Blues, l’une des six équipes de l’expansion, le 13 janvier 1968, alors dirigés par Scotty Bowman.

À St. Louis, Talbot a renoué avec d’anciens coéquipiers lors de ses années avec le Tricolore, incluant Harvey, Dickie Moore et le gardien Jacques Plante, qui avaient tous joué un rôle-clé dans la dynastie du Canadien de la fin des années 50.

Talbot a aidé les Blues à atteindre la finale de la Coupe Stanley en 1968, 1969 et 1970. Toutefois, la formation du Missouri a été victime de trois balayages, les deux premiers face au Canadien et le troisième, contre les Bruins de Boston.

Le 10 mai 1970, il était sur la patinoire lors du fameux but vainqueur de Bobby Orr en prolongation lors du quatrième match de la finale, au Garden de Boston.

Ce but, inoubliable à cause du vol plané de Orr au moment où il avait trompé la vigilance de Glenn Hall, avait permis aux Bruins de compléter un balayage de cette série finale quatre de sept.

«Ce ne sont pas de mauvais souvenirs. On savait qu’on n’en gagnerait pas une seule!» avait lancé Talbot, en riant de bon coeur, lorsque le journaliste de La Presse Canadienne s’était excusé de lui rappeler, justement, ces «mauvais souvenirs».

Le hasard avait alors voulu que les Bruins de Boston soient les adversaires des Blues lors de la finale de 2019. Une série que les Blues allaient gagner en sept matchs, incluant la victoire décisive sur la patinoire des Bruins.

Lors de cette entrevue à La Presse Canadienne, Talbot avait aussi dit avoir beaucoup apprécié ses années à St. Louis.

«St. Louis était une très belle ville. Les Salomon, les propriétaires, étaient de très bonnes personnes, ils se tenaient proches des joueurs. Ils étaient toujours à côté de nous, ils s’occupaient de nous. J’ai bien aimé St. Louis. J’ai bien, bien aimé ça.»