Israël complique l’atteinte d’une stabilité au Proche-Orient, selon Justin Trudeau

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré vendredi que les actions militaires israéliennes dans la bande de Gaza, destinées à éliminer les militants du Hamas du territoire palestinien, compliquaient l’atteinte d’une stabilité à long terme dans la région.

S’adressant aux journalistes en marge du sommet de l’APEC à San Francisco, M. Trudeau a affirmé que le chemin vers une «solution durable à deux États» devenait plus ardu «avec toutes les difficultés que traversent les Palestiniens».

«Le Canada est extrêmement préoccupé par le nombre de civils morts à Gaza», a mentionné M. Trudeau.

Interrogé à ce sujet, M. Trudeau a également réitéré son appel à Israël à faire preuve «de la plus grande retenue» — une expression qu’il avait utilisée mardi et qui a suscité une réprimande de la part du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Vendredi, M. Trudeau a indiqué que lors de sa conversation de jeudi avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, il avait souligné la «profonde préoccupation» du Canada face à ce que les Nations unies ont qualifié de «catastrophe humanitaire qui va frapper des millions de personnes dans les jours et les semaines à venir» et touche déjà beaucoup de personnes.

La conversation avec M. Gantz a eu lieu au lendemain de la dispute avec Benyamin Nétanyahou, suscitée par le fait que M. Trudeau a exhorté Israël à arrêter «le meurtre de femmes, d’enfants et de bébés» dans le territoire palestinien assiégé.

M. Trudeau a déclaré qu’il avait «des désaccords de longue date avec le premier ministre Nétanyahou sur la nécessité d’une solution à deux États, sur notre condamnation des colonies (illégales)», mais a noté que cela constitue depuis longtemps la politique du Canada à l’égard du Proche-Orient.

«Même si nous devons absolument voir la libération des otages et une condamnation et la traduction en justice des terroristes du Hamas, nous devons également avancer vers la paix et la stabilité dans la région, et cela signifie protéger la vie civile; cela signifie fournir l’aide, les médicaments et l’eau nécessaires à Gaza», a soutenu M. Trudeau vendredi.

Le premier ministre s’est également dit troublé par «les réactions de colère des Canadiens» les uns contre les autres depuis le déclenchement de cette nouvelle guerre entre Israël et le Hamas. Il a évoqué notamment les écoles juives ciblées par des tirs nocturnes et des actes d’islamophobie.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a de son côté estimé que le Hamas n’acceptera jamais un cessez-le-feu. Le chef de l’opposition croit que le Hamas continuera à vouloir perpétrer «un génocide» contre les Israéliens et «opprimer la population de Gaza».

M. Poilievre a également avancé que le gouvernement canadien devait sévir plus durement contre les personnes au Canada qui sont liées au régime iranien, en raison des liens entre Téhéran et le Hamas, que le Canada considère comme une entité terroriste.

Neuf autres personnes ont traversé en Égypte

Par ailleurs, selon les chiffres de la mise à jour d’Affaires mondiales Canada, vendredi, neuf autres personnes liées au Canada auraient été en mesure de quitter la bande de Gaza pour l’Égypte. Selon l’agence, 376 Canadiens, résidents permanents et membres de leur famille admissibles ont traversé en Égypte par le poste frontalier de Rafah jusqu’ici.

Mercredi après-midi, le gouvernement canadien indiquait qu’il était en contact avec 386 personnes toujours présentes dans le territoire assiégé. Affaires mondiales a cessé depuis de rapporter le nombre de Canadiens se trouvant à Gaza, publiant plutôt un chiffre combiné avec ceux de Cisjordanie.

Ce nouveau conflit au Proche-Orient a débuté le 7 octobre, lorsque des militants du Hamas ont tué 1200 personnes lors d’attaques surprises en Israël, dont des centaines de civils dans leurs maisons et lors d’un festival de musique en plein air. Environ 240 personnes ont par ailleurs été prises en otage par des combattants du Hamas.

Israël a déclaré la guerre au Hamas et lancé une vaste offensive par des frappes aériennes et des opérations terrestres. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a coupé les approvisionnements en nourriture, en carburant et en eau à Gaza, qui abrite 2,3 millions de Palestiniens.

Les responsables de la santé dans le territoire contrôlé par le Hamas affirment que plus de 11 470 personnes ont été tuées jusqu’ici, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, et que 2700 autres personnes sont portées disparues.