Identité de genre: Diane Lavallée présidera le «comité de sages» du gouvernement

QUÉBEC — L’ancienne présidente du Conseil du statut de la femme, Diane Lavallée, présidera le «comité de sages» que le gouvernement Legault a mis sur pied pour répondre aux controverses sur l’identité de genre.

La ministre de la Famille, Suzanne Roy, a annoncé mardi les noms des trois personnes qui formeront ce comité qu’avait promis d’instaurer le premier ministre François Legault, dans la foulée de manifestations turbulentes au pays à propos de l’identité de genre dans les écoles.

Mme Lavallée, une infirmière et administratrice, a aussi dirigé la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec dans les années 1980 et 1990. Elle s’était présentée sous la bannière péquiste lors des élections de 2018.

Elle sera accompagnée du docteur Jean-Bernard Trudeau, un médecin de famille qui a déjà été directeur général adjoint au Collège des médecins du Québec, et du professeur de droit Patrick Taillon, qui est actuellement codirecteur du Centre d’études en droit administratif et constitutionnel de l’Université Laval.

Par rapport au travail du comité, la ministre Roy a tenu à assurer une chose: «il n’est pas question de faire reculer les droits des personnes trans et non binaires».

Le comité est plutôt appelé à dresser un portrait des politiques actuelles en la matière et étudier ce qui se fait ailleurs, dans des États comparables au Québec. Il devra également identifier les enjeux sur lesquels le gouvernement devrait réfléchir à l’avenir. Le comité aura à «collaborer étroitement» avec le Conseil québécois LGBT, précise-t-on.

Pour ce faire, il consultera des experts, des décideurs, mais aussi des intervenants qui travaillent sur le terrain.

Le rapport devra être remis à l’hiver 2025.

«Les travaux du Comité devront nourrir les réflexions du gouvernement de plus en plus appelé à se prononcer sur les questions sensibles liées à l’identité de genre, qui méritent des réponses mûrement réfléchies», a indiqué Mme Roy par communiqué.

Réactions

Ce «comité des sages» est loin de faire l’unanimité. Mardi, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a déclaré qu’il aurait plutôt souhaité une consultation élargie. 

«C’est une façon de procéder qui ne convient pas, a-t-il affirmé. Ça n’enlève rien à ces trois personnes-là, mais, de mon point de vue, sur des questions comme celle-là, il faut entendre tout le monde puis il faut le faire de manière transparente.»

Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, a également tenu à souligner qu’il n’y avait aucune personne trans ou non binaire au sein du comité.

«On trouverait sans doute ça spécial (…) un comité sur l’avenir de la langue française avec pas de francophones. C’est un peu particulier quand même qu’on débatte d’enjeux aussi sensibles sans mettre autour de la table les voix des personnes concernées», a-t-il déploré.

«Toutes bien intentionnées, intelligentes soient les personnes membres du comité qui ont été annoncées ce matin, on ne peut pas prétendre qu’elles sont des expertes réellement de ces questions-là», a renchéri le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay.

Pour sa part, la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, estime que la formule du comité qui collabora avec le Conseil québécois LGBT est «gagnante et intéressante». 

Les journalistes ont rappelé à Mme Biron que des organismes ont soulevé qu’il n’aurait sans doute pas été possible de constituer un comité qui se penche sur les questions des femmes sans femme. «Ils n’ont pas été choisis en fonction de leur orientation sexuelle ou autre, a répondu la ministre à propos des sages. Ils ont été choisis pour leurs compétences spécifiques, pour leur capacité à s’élever dans un dossier qui est quand même assez sensible dans notre société.»

Mme Biron a poursuivi en disant qu’elle pensait que c’était «un bon comité» qui sera capable de regarder l’enjeu de l’identité de genre «de façon un peu plus large».