Feux de forêts: la SOPFEU dresse le bilan de la saison 2023
QUÉBEC — Le Québec a vécu en 2023 une saison des feux de forêt «historique», a déclaré mardi le directeur général de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), Éric Rousseau.
En conférence de presse à Québec, il a dressé le bilan d’une saison «de tous les records» lors de laquelle 4,5 millions d’hectares de forêt ont brûlé, dont 1,1 million en zone habitable.
Le précédent record, établi en 2005, était de 386 671 hectares brûlés en zone habitable.
À la fin-mai, la capacité opérationnelle de la SOPFEU — qui permet de combattre 30 feux simultanément — était déjà dépassée. Puis, le 1er juin est arrivé ce que M. Rousseau appelle le «grand débordement».
Plus de 150 feux étaient actifs, dont une centaine ont été déclarés «hors contrôle».
Au total, il y a eu 711 incendies — à peu près tous causés par la foudre — et près de 27 000 personnes dans 27 municipalités ont dû être évacuées.
Heureusement, la SOPFEU a pu compter sur les Forces armées canadiennes, ainsi que sur des pompiers venus des autres provinces, des États-Unis, de la France, de l’Espagne, du Portugal et de la Corée du Sud.
«La SOPFEU a réussi un réel tour de force (…) avec la sauvegarde des vies humaines, des communautés et des infrastructures stratégiques du Québec», s’est félicité Éric Rousseau.
16 millions $ additionnels
Pour aider la SOPFEU à faire face à cette nouvelle réalité, le gouvernement du Québec a annoncé mardi qu’il débloquait 16 millions $ supplémentaires.
Treize millions permettront d’acquérir de l’équipement additionnel, différents types de véhicules, des unités de logement mobiles et du matériel de télécommunication.
Les 3 millions $ restants serviront à des activités de prévention et de formation dans la province.
Ces sommes s’ajoutent aux quelque 200 millions $ annoncés la semaine dernière lors de la mise à jour économique pour planter 40 millions d’arbres au cours des huit prochaines années.
«La saison 2023, elle aura laissé une cicatrice sur la forêt québécoise. Il y aura avant l’été 2023 et après l’été 2023», a déclaré mardi la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.
De son côté, M. Rousseau a réagi en qualifiant l’investissement de «vent de fraîcheur». Il a souligné que son organisation était «en discussion avec le gouvernement depuis quand même longtemps».
«En prévention, je pense que ça va faire vraiment du bien. Est-ce qu’on a d’autres besoins à d’autres endroits? Oui. On est en discussion.»
Selon lui, il faudra aussi éventuellement remplacer des avions-citernes. La SOPFEU est «en manque» de ressources lorsqu’elle doit combattre des feux dans plusieurs zones en même temps, a-t-il ajouté.
Mardi, la porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de ressources naturelles et de forêts, Alejandra Zaga Mendez, a rappelé l’importance d’avoir une «vision globale».
«La SOPFEU a été sous-financée et négligée pendant des années. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est simplement un rattrapage, mais ce n’est pas suffisant», a-t-elle déploré dans un communiqué.
Du personnel durement touché
Par ailleurs, la SOPFEU a dévoilé qu’une vingtaine de ses employés ont été particulièrement «affectés» par la saison «exceptionnelle» qu’ils ont vécue et ont dû «prendre une pause».
«On vit des choses très intenses et c’est difficile pour le personnel», a expliqué en conférence de presse le directeur des ressources humaines de la SOPFEU, Dominic Pagé.
La semaine dernière, la mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, a annoncé qu’elle démissionnait en raison d’un syndrome de stress post-traumatique lié aux feux de forêt.