Doug Ford assure qu’il n’a pas influencé personnellement le dézonage

TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a assuré mardi que lorsqu’on a agrandi certaines limites urbaines pour construire des logements, l’an dernier, il n’avait pas demandé à son personnel politique d’inclure des terrains appartenant à des promoteurs — même si des documents suggèrent que son bureau a été impliqué.

Depuis que le nouveau ministre du Logement, Paul Calandra, a déclaré que le cabinet de son prédécesseur était trop impliqué dans le processus de dézonage, le gouvernement Ford a annoncé la semaine dernière qu’il faisait marche arrière sur l’expansion des limites urbaines, proposée l’année dernière.

M. Ford n’a pas précisé mardi ce que le gouvernement avait découvert pour faire ainsi marche arrière. Mais il a expliqué qu’il avait ordonné à M. Calandra d’annuler les agrandissements de territoires urbains lorsque le ministre du Logement lui a parlé de l’implication du cabinet de son prédécesseur dans ce dézonage.

L’organisme «Environmental Defence» a publié lundi des milliers de pages de courriels et de documents sur ce processus d’agrandissement des zones urbaines, en empiétant sur des terres agricoles. Selon l’organisme, ces communications démontrent que des membres du personnel politique au gouvernement ont ordonné des changements de zonage qui auraient bénéficié à certains promoteurs.

L’un des courriels de Ryan Amato, alors chef de cabinet du ministre du Logement de l’époque, suggère que le cabinet du premier ministre Ford voulait voir des cartes de Nobleton pour s’assurer que des terrains «fassent partie» du dézonage et qu’on puisse y faire du développement.

Mais M. Ford semblait confus, mardi, sur le terrain de Nobleton, qui appartient en partie à Flato Developments, de son vieil ami Shakir Rehmatullah. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait exigé de son personnel qu’il prenne des mesures spécifiques sur les terres de Nobleton ou sur d’autres terres, M. Ford a répondu: «Honnêtement, je ne sais même pas de quelles terres vous parlez».

«Mais ceci dit: non, je ne l’ai pas fait, pour être bien clair», a-t-il ajouté.

L’entreprise de M. Rehmatullah a également bénéficié de la décision du gouvernement Ford, désormais annulée, de retirer 15 terrains de la Ceinture de verdure pour y construire des unités d’habitation.

Les oppositions sceptiques

Selon l’opposition, les documents rendus publics lundi montrent que M. Ford était bel et bien impliqué dans la sélection des terres qui deviendraient «aménageables», alors que le gouvernement élargissait les limites urbaines en dézonant des terres agricoles.

«Je pense que personne ne croit que son personnel a agi de manière indépendante et que (M. Ford) n’était pas au courant de ce qui se passait», a soutenu Jeff Burch, porte-parole néo-démocrate en matière de logement.

Le chef libéral par intérim, John Fraser, s’est également montré incrédule face aux affirmations du premier ministre. «Peut-être qu’il est lui-même convaincu qu’il n’a rien fait de mal, mais il l’a fait et il doit l’admettre», a déclaré M. Fraser.

En novembre dernier, le gouvernement Ford a apporté une série de changements dans le cadre de ses efforts visant à stimuler la construction de logements en Ontario, notamment en modifiant la Ceinture de verdure et en forçant plusieurs villes et régions à étendre leurs secteurs urbains sur des terres agricoles.

Le gouvernement a récemment commencé à annuler bon nombre de ces changements, à la suite d’un tollé et de rapports cinglants de la vérificatrice générale et du commissaire à l’intégrité.

La vérificatrice et le commissaire ont constaté dans des rapports distincts que le processus visant à retirer des terres de la Ceinture de verdure avait été précipité et favorisait certains promoteurs.

L’ancien ministre du Logement, Steve Clark, a démissionné en septembre, peu de temps après que le commissaire à l’intégrité a constaté qu’il avait violé les règles d’éthique en se mettant la tête dans le sable pendant que son chef de cabinet sélectionnait les terrains qui seraient retirés de la Ceinture de verdure. Ces terrains sont allés à certains promoteurs qui avaient demandé à Ryan Amato de les dézoner.

La Gendarmerie royale du Canada a plus tard annoncé qu’elle enquêtait sur tout ce processus de dézonage du gouvernement.

Deux ministres et plusieurs membres du personnel politique du premier ministre Ford ont démissionné dans la foulée de ce «scandale de la Ceinture de verdure».