Des Juifs veulent intenter une action collective contre l’université Concordia

MONTRÉAL — Une requête pour intenter une action collective accuse l’Université Concordia et son association étudiante d’avoir laissé pendant des décennies se créer un terreau fertile sur ses campus montréalais pour qu’y prolifère l’antisémitisme, laissant les étudiants et les professeurs psychologiquement marqués par cette atmosphère.

Les requérants souhaitent réclamer 15 millions $ en dommages et intérêts pour les étudiants, les professeurs et le personnel juifs actuellement à Concordia, et ceux qui ont fréquenté cette université ou qui y ont travaillé au cours des trois dernières années.

Ce sont deux étudiants et un professeur de Concordia qui ont déposé la requête jeudi en Cour supérieure. Les requérants souhaitent conserver l’anonymat dans les procédures judiciaires parce qu’ils craignent des représailles.

«L’Université Concordia n’a pas réussi à enquêter et à réagir adéquatement aux incidents antisémites survenus dans ses édifices, ce qui a permis à l’antisémitisme de proliférer sur ses campus», indique la requête. «En omettant de discipliner correctement les étudiants et/ou les organisations étudiantes pour leurs comportements antisémites (…) les défendeurs ont créé, finalement, un espace sûr pour l’antisémitisme.»

Cette requête est déposée alors que Concordia et d’autres universités du pays tentent de composer avec les vives tensions sur les campus liées à la guerre entre Israël et le Hamas.

Parmi les exemples d’actes antisémites sur le campus de Concordia, les requérants évoquent l’échauffourée entre pro-israéliens et pro-palestiniens, le 8 novembre dernier. Une étudiante a été arrêtée et trois personnes ont été blessées — deux gardiens de sécurité et un étudiant.

Les requérants énumèrent d’autres exemples d’incidents qui, selon eux, démontrent des décennies de sentiments antisémites sur les campus de Concordia. 

Les étudiants et le professeur allèguent que «la discrimination répétée» a entraîné des «blessures psychologiques importantes» – notamment des cauchemars, des flashbacks, la peur d’être sur les campus de Concordia et la crainte de s’identifier comme juif.

En plus de manquer à son devoir d’enquêter sur les incidents antisémites et de sanctionner leurs auteurs, la demande accuse Concordia de n’avoir pas su offrir un soutien aux étudiants juifs visés par ces actes haineux et de ne pas sensibiliser les étudiants à la question de l’antisémitisme.

Aucune des allégations n’a été prouvée devant le tribunal, qui devra d’abord autoriser l’action collective.

L’université Concordia a indiqué qu’elle ne commentait pas les dossiers judiciarisés. L’Association étudiante de Concordia n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires, pas plus d’ailleurs que les cabinets De Louya Markakis et Eidelmann, qui représentent les requérants du recours collectif.

Le cabinet d’avocats Diamond & Diamond mène une action similaire contre l’Université Queen’s de Kingston, l’Université métropolitaine et l’Université York à Toronto, ainsi que l’Université de la Colombie-Britannique. L’associée directrice chez Diamond & Diamond, Sandra Zisckind, a confirmé vendredi que sa firme s’associait aux cabinets montréalais De Louya Markakis et Eidelmann dans le cadre de la procédure visant Concordia.