Attaques partisanes: QS réclame des excuses à la CAQ et n’exclut pas de poursuivre

Québec solidaire (QS) réclame des excuses formelles à un membre de la garde rapprochée du premier ministre François Legault et n’exclut pas de le poursuivre en diffamation.

Dans une publication intitulée «Attaques en ligne par l’équipe de François Legault: ça suffit», le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, accuse la CAQ d’avoir sali la réputation du député Vincent Marissal.

«Depuis l’éclatement des scandales de financement politique de la CAQ, mon collègue Vincent Marissal (…) est ciblé par des attaques de plus en plus agressives de la part du gouvernement», écrit-il. 

Vendredi dernier, M. Marissal a raconté dans une lettre ouverte que M. Legault l’avait croisé dans les corridors de l’Assemblée nationale et traité de «lanceur national de bouette». 

Le porte-parole du premier ministre, Ewan Sauves, a réagi en accusant M. Marissal de s’être présenté en politique «sur la base d’un mensonge», faisant référence au fait qu’il avait nié avoir flirté avec le Parti libéral du Canada.

Des employés des cabinets politiques de la CAQ ont poursuivi l’offensive sur les réseaux sociaux toute la fin de semaine, un haut gradé accusant même M. Marissal d’avoir «tourné les coins ronds» lorsqu’il était journaliste.

«L’auteur de ce tweet, Manuel Dionne, (…) est le directeur des relations médias du premier ministre. Ce genre de manœuvre porte un nom. C’est du salissage», s’est indigné M. Nadeau-Dubois. 

«C’est non seulement une atteinte à l’intégrité et à la réputation professionnelle de Vincent, (…) c’est aussi une menace indirecte envers tous les députés de l’opposition: faites attention (…) sinon, on va vous le faire payer.

«Manuel Dionne doit formellement retirer ses propos et s’excuser à Vincent. C’est le strict minimum. Nous évaluons la suite des choses et rien n’est exclu à ce stade», a ajouté le chef solidaire.

M. Dionne n’avait pas encore répondu aux questions de La Presse Canadienne, lundi soir.

«Partisanerie agressive»

Plus tôt lundi, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon avait dénoncé la «partisanerie agressive» de la CAQ. «Ça vient d’une volonté politique malsaine», a-t-il déclaré en point de presse à Montréal.

«Ça fait partie de la joute politique, a répondu M. Sauves, lundi après-midi, dans un message envoyé à La Presse Canadienne. Les employés de cabinet (…) sont des citoyens engagés. C’est aussi ça la démocratie.»

«Maintenant, nous réalisons que ce n’est pas le ton qu’on souhaite donner aux échanges. L’objectif est de rétablir les faits. Nous préconisons un ton respectueux», a-t-il ajouté.

Jeudi dernier, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait apostrophé le député péquiste Pascal Bérubé dans un couloir du parlement, devant les caméras.

Elle lui a rappelé qu’il avait lui aussi participé à un cocktail de financement lorsqu’il était ministre du Tourisme; M. Bérubé lui a demandé si elle voulait qu’il parle de ses 42 cocktails de financement à elle.  

Mme Guilbault s’apprêtait alors à tenir un point de presse pour répondre au couple endeuillé qui disait avoir dû verser 200 $ à la CAQ pour la rencontrer. L’histoire plongeait la CAQ dans l’embarras.

«Les récentes péripéties à l’Assemblée nationale soulignent un début de session chaotique pour François Legault», a déploré lundi le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Monsef Derraji.

«La crise du logement et la pénurie de main-d’oeuvre exigent une action urgente. (…) Il est temps que le gouvernement (…) retrouve le contrôle nécessaire pour répondre efficacement à ces défis», a-t-il renchéri. 

La CAQ dans la tourmente

La CAQ est dans la tourmente depuis le 23 janvier dernier en raison de controverses sur ses méthodes de collectes de fonds.

La Presse Canadienne a révélé des messages de députés caquistes qui invitaient des élus municipaux à des cocktails de financement en laissant entendre que ce serait une occasion pour faire avancer des dossiers.

Deux élus caquistes, Sylvain Lévesque et Louis-Charles Thouin, sont visés par une enquête de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale.

La Loi électorale prévoit que tout citoyen peut contribuer jusqu’à 100 $ par an à un parti politique, mais sans contrepartie.

La Presse Canadienne avait également appris que près de la moitié des maires, soit 503 sur 1138, ont contribué au financement de la CAQ depuis les élections municipales de 2021, pour un total de près de 100 000 $.

Le Soleil avait d’ailleurs révélé que Mme Guilbault et son collègue à l’Économie, Pierre Fitzgibbon, étaient de loin les ministres les plus populaires invités à des cocktails de financement caquistes. 

Incidemment ce sont deux ministères qui attribuent beaucoup de subventions, avait alors souligné le Parti québécois (PQ).

QS a accusé la CAQ d’avoir mis sur pied un «stratagème» de financement, tandis que le PQ a évoqué une méthode «systémique» de financement.

Depuis quelques mois, la CAQ voit ses appuis dégringoler dans les sondages. 

Le parti de François Legault obtiendrait désormais 25 % des intentions de vote, contre 32 % pour le PQ de M. St-Pierre Plamondon, selon le plus récent sondage Léger.