Visite du président russe Vladimir Poutine de la ville portuaire occupée de Marioupol

KYÏV, Ukraine — Le président russe Vladimir Poutine a visité la ville portuaire occupée de Marioupol, son premier voyage en territoire ukrainien que Moscou a illégalement annexé en septembre.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que Poutine est arrivé à Marioupol tard samedi après avoir visité la Crimée, à une courte distance au sud-ouest de Marioupol, pour marquer le neuvième anniversaire de l’annexion de la péninsule de la mer Noire de l’Ukraine. 

Les visites, au cours desquelles le président Poutine a été montré bavardant avec des résidents à Marioupol et visitant une école d’art et un centre pour enfants en Crimée, étaient une démonstration de défiance par le leader russe deux jours après qu’un tribunal a lancé un mandat d’arrêt pour crimes de guerre. 

Vladimir Poutine n’a pas commenté le mandat d’arrêt, qui a renforcé son isolement international malgré le peu de chances qu’il soit jugé bientôt. Le Kremlin a rejeté la décision de la Cour pénale internationale (CPI) comme «juridiquement nulle et invalide».

La CPI a accusé vendredi Poutine d’être personnellement responsable des enlèvements d’enfants en Ukraine. Les enquêteurs de l’ONU ont également déclaré qu’il existait des preuves du transfert forcé de « centaines » d’enfants ukrainiens en Russie. Selon les chiffres du gouvernement ukrainien, plus de 16 000 enfants ont été déportés vers des territoires contrôlés par la Russie ou vers la Russie, dont beaucoup de Marioupol.

Le voyage a également précédé une visite prévue à Moscou par le président chinois Xi Jinping cette semaine, qui devrait donner un coup de pouce diplomatique majeur à Poutine dans sa confrontation avec l’Occident.

Le président russe est arrivé à Marioupol en hélicoptère et s’est ensuite promené aux «sites commémoratifs» de la ville, sur les lieux de la salle de concert et sur le littoral, selon les informations russes. 

Dimanche, la chaîne d’état Rossiya 24 a montré Vladimir Poutine en conversation avec des habitants à l’extérieur de ce qui ressemblait à un complexe résidentiel nouvellement construit.

Après son voyage à Marioupol, Poutine a rencontré les chefs militaires et les troupes russes à un poste de commandement à Rostov-sur-le-Don, une ville du sud de la Russie quelque 180 kilomètres plus à l’est, et a discuté avec le général, Valery Gerasimov, qui est responsable des opérations militaires russes en Ukraine. 

S’adressant à l’agence d’État RIA dimanche, le vice-premier ministre russe Marat Khousnoulline a clairement indiqué que la Russie était à Marioupol pour y rester. Il a dit que le gouvernement espérait terminer la reconstruction de son centre-ville bombardé avant la fin de l’année.

Lorsque Moscou s’est emparée de la ville en mai, il restait environ 100 000 personnes, sur une population d’avant-guerre de 450 000. Beaucoup ont été piégés sans nourriture, sans eau, sans chauffage ni électricité. Les bombardements incessants ont laissé des rangées de bâtiments démolis ou éventrés.

Marioupol est devenu un symbole de résistance, depuis qu’un petit groupe de combattants ukrainiens a tenu 83 jours dans les vastes aciéries d’Azovstal, à l’est de la ville, avant de se rendre, leur défense acharnée venant symboliser la ténacité ukrainienne face à l’agression de Moscou, qui y a finalement pris le contrôle en mai.

La Russie a annexé la Crimée à l’Ukraine en 2014, une mesure que la plupart des pays du monde ont dénoncée comme illégale. Elle revendique quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine comme territoire russe, à la suite de référendums que Kyiv et l’Occident ont décrits comme étant une imposture.