Certains sites mayas sont inaccessibles au Mexique en raison des cartels

MÉXICO — Le gouvernement mexicain a reconnu qu’au moins deux sites de ruines mayas bien connus sont inaccessibles aux visiteurs en raison d’épisodes de violence liés aux cartels et de conflits fonciers.

La montée de la violence impliquant les cartels de la drogue au Chiapas depuis l’année dernière a laissé le site des ruines de Yaxchilán complètement isolé, a reconnu vendredi le gouvernement.

Selon des guides touristiques qui se sont confiés à l’Associated Press sous le couvert de l’anonymat par crainte de représailles, des hommes armés et des points de contrôle sont souvent installés sur la route menant à un autre site, Bonampak, célèbre pour ses peintures murales.

Pour accéder à un autre site archéologique, Lagartero, les voyageurs sont obligés de remettre leurs pièces d’identité et leurs cellulaires aux points de contrôle du cartel, ont raconté les guides touristiques.

Pendant ce temps, les autorités admettent que les visiteurs ne peuvent pas non plus se rendre aux imposantes pyramides de Tonina, parce qu’un propriétaire foncier a fermé l’accès à ses terrains en demandant un paiement au gouvernement pour l’octroi du droit de passage.

Les risques liés aux cartels sont les plus problématiques. Les deux cartels en guerre pour les routes lucratives de trafic de drogue et de migrants de la région ont installé des points de contrôle pour détecter tout mouvement de leurs rivaux.

Bien qu’aucun touriste n’ait été blessé jusqu’à présent et que le gouvernement assure que les sites sont sûrs, de nombreux guides n’y emmènent plus de groupes touristiques.

«C’est comme si tu me disais d’aller dans la bande de Gaza», a illustré l’un des guides.

«Ils exigent une pièce d’identité pour voir si on est des résidents d’ici», a-t-il expliqué, décrivant ce qui se passe au point de contrôle installé par des gangs sur la route de Lagartero, un complexe pyramidal maya entouré de lagons immaculés et turquoise.

«Ils prennent nos cellulaires et nous demandent le code pour le déverrouiller. Ils regardent nos conversations pour voir si on appartient à un autre gang», a-t-il ajouté.

«À tout moment, un groupe rival peut arriver et déclencher une fusillade.»

Versions contradictoires

Si les autorités reconnaissent que les sites de Yaxchilán et Tonina ne sont pas accessibles, ils refusent de faire la même déclaration pour ceux de Bonampak et Lagartero.

«Bonampak et Lagartero sont ouverts au public», a soutenu vendredi l’Institut national d’anthropologie et d’histoire.

«Il est faux, partial et irresponsable de dire que ces sites archéologiques sont menacés par les trafiquants de drogue», a ajouté l’organisme, qui souligne être en mesure de «garder le contrôle des sites».

Certains voyages qui étaient des favoris chez les touristes — comme l’aventure vers des ruines enfouies au plus profond de la jungle — sont soit impossibles, soit tellement risqués que plusieurs guides ont publiquement annoncé qu’ils refusaient d’y emmener des visiteurs.

Les luttes contre les cartels ont commencé à s’intensifier au Chiapas en 2023, ce qui coïncide avec l’augmentation du nombre de migrants — aujourd’hui environ un demi-million par an — traversant la jungle de Darien Gap depuis l’Amérique du Sud via l’Amérique centrale et le Mexique jusqu’à la frontière américaine.

Étant donné qu’une grande partie de la nouvelle vague de migrants vient de Cuba, d’Asie et d’Afrique, ils peuvent payer plus que les Centraméricains, ce qui rend les routes de passage clandestin via le Chiapas plus précieuses pour les cartels.

Le problème semble désormais échapper à tout contrôle.