Une dizaine d’incendies par année à cause de batteries mises au recyclage

Depuis bon nombre d’années déjà, le recyclage fait partie de notre quotidien. Icimedias s’est intéressé à savoir si les Mauriciens trient bien leurs matières recyclées et s’ils avaient adopté de bonnes habitudes au fil du temps.

Pour ce faire, notre journaliste s’est rendu chez Énercyle pour faire le tour de la question avec Sylvie Gamache, conseillère en communication chez Énercycle.

« Nous sommes de bons recycleurs et nous participons très bien, assure-t-elle d’entrée de jeu. Ce qu’on voit au niveau du recyclage, au niveau des quantités, c’est assez stable depuis quelques années. Il faut savoir que 85% de ce que les gens mettent dans le bac bleu sont de bonnes matières qui trouvent le chemin du recyclage. »

Il y a trois grandes catégories de matières qui peuvent être recyclées, soit les contenants, les emballages et les imprimés.

« Si tout le monde maîtrisait ce concept-là, on éviterait beaucoup de problèmes. Dès que ce n’est pas un contenant, un emballage et un imprimé, les problèmes commencent. »

Des batteries problématiques

Évidemment, il existe différents types d’emballages et de plastiques qui nous font parfois hésiter, mais les employés sont capables de les gérer une fois que la matière se retrouve sur la chaîne de tri.

Or, il existe d’autres problématiques à conséquences plus néfastes. Un des plus grands problèmes avec lequel doivent concilier les employés œuvrant à la chaîne de tri: les batteries.

« Il y a du lithium dans les piles et ça peut causer des bris d’équipement, mais aussi des débuts d’incendie, avise Mme Gamache. Le lithium est hautement inflammable lorsque les piles vont s’entrechoquer, entre autres. Il faut aussi se souvenir que le tri est réalisé par des équipements mécanisés, alors lorsqu’on secoue la matière et que le lithium se libère, il y a de fortes chances d’incendie, surtout que la majorité des matières du centre de tri sont du papier et du carton. »

D’ailleurs, la semaine précédant l’entrevue avec Icimédias, Énercycle avait dû évacuer le centre de tri en raison d’un début d’incendie.

« On fait face à un début d’incendie une dizaine de fois par année. On réussit à les maîtriser rapidement grâce à la forte compétence de nos équipes d’intervention, mais on aimerait éviter ces situations », mentionne Sylvie Gamache.

« Au pire, le centre de tri va le trier »

Depuis quelques semaines, Éco Entreprises Québec déploie une campagne de sensibilisation intitulée Bac Impact: faire le bon geste de tri afin de mieux aiguiller les citoyens sur les matières qui peuvent être déposées dans le fameux bac bleu.

« Ils font beaucoup de publicités de sensibilisation, incluant la problématique des piles, souligne la conseillère aux communications chez Énercycle. Elle est représentée par un citoyen, chez lui, qui se demande si la batterie de sa perceuse devrait aller dans le bac bleu et il se dit, qu’au pire, le centre de tri va le trier. Mais le pire, c’est le danger que ça pourrait occasionner, comme un début d’incendie où la sécurité des employés va être mise en jeu. »

« Souvent, dans le doute, on ne devrait pas prendre de chance, insiste Sylvie Gamache. Nouvellement aussi, on voit beaucoup de vapoteuses parce qu’il y a des piles à l’intérieur. Ça ne va pas dans le bac bleu. »

Beaucoup de seringues sont aussi retrouvées parmi les matières recyclables depuis deux ans.

« C’est difficile de cerner d’où elles proviennent. Sachez qu’il y a des endroits pour s’en départir et lorsqu’on se procure des seringues ou de la médication par seringue, vous y retrouvez souvent la façon d’en disposer avec les directives, rappelle Mme Gamache. Encore là, c’est la sécurité de nos employés qui est remise en cause et c’est une grande source de stress pour eux. »

« On reçoit beaucoup de corps linéaires aussi, tels des boyaux d’arrosage, des cordes à linge, des rallonges électriques et même des lumières de Noël, dans le temps des Fêtes. Ça vient s’enrouler dans les séparateurs mécaniques et causer des arrêts de production », poursuit-elle.

Énercycle a constaté une certaine stabilité au niveau des statistiques ces dernières années. 

« C’est stable, ces cinq dernières années, dans les quantités et dans la composition. C’est stable aussi au niveau des problématiques. C’est là qu’on espérait voir certaines améliorations. »

« Il faut corriger les lacunes. On n’a qu’à penser à l’huile, par exemple, qui est une problématique stable et récurrente, qui serait à modifier positivement. On voit apparaître des problématiques saisonnières également. En janvier, on voit beaucoup de papiers d’emballage et de rubans. L’été, on retrouve des petites bonbonnes de propane que les gens utilisent en camping. C’est très dangereux et ça devrait être dirigé à l’écocentre. Sinon, en général, on est de très bons recycleurs. »

Uniformiser les centres de tri

Éco Entreprises Québec sera bientôt pleinement responsable de toute la chaîne de tri dans l’ensemble de la province, c’est-à-dire de la collecte au tri jusqu’à la mise en marché.

« Du même coup ça venir uniformiser les sites de matières acceptées et les façons de faire. On ne verra plus de disparité entre les régions, à titre d’exemple », note Mme Gamache.

À partir de mars 2025, tous les contenants de boisson de format de 100 ml à 2L seront consignés, incluant la bouteille d’eau et la bouteille de vin.

« Ça va jouer sur la quantité de matière recyclable reçue. Ça va engendrer un changement d’habitudes pour les citoyens, donc les consignes seront directement envoyées chez le recycleur au lieu de passer par les centres de tri. Il y a aussi la disparation du Publisac qui va diminuer la masse de matière recyclable reçue », conclut-elle.