L’importante découverte de lithium d’un Aleximontois

GÉOLOGIE. Le docteur en géologie Rémi Charbonneau a fait la découverte d’importants blocs de lithium près de la Baie-James, minéral aujourd’hui très recherché.

C’est au cours du mois de juin 2023 qu’il s’est rendu sur ce territoire qu’il avait déjà exploré dans les années 90. « La grosse découverte de lithium sur laquelle on a travaillé cet été date en réalité de 1996. Je travaillais à cette époque dans la partie est de la Baie-James. J’échantillonnais des grains d’or dans les sédiments glacières, puis en cheminant, je suis tombé sur des blocs de spodumène, ce qui est finalement le minéral de lithium. Il était énorme », raconte le géologue.

« En 1996, il n’y avait pas d’intérêt pour le lithium. Je l’avais mentionné à mes clients de l’époque et ils trouvaient ça une belle curiosité, mais sans plus. À l’époque ça ne valait rien. J’en avais aussi parlé avec d’autres géologues. Puis l’an passé, il y en a un d’entre eux qui s’est mis à chercher du lithium. Il s’est rappelé de ça et m’a contacté ».

C’est ainsi que Rémi Charbonneau a replongé dans ces notes datant de 1996 afin de retrouver l’emplacement exact du potentiel gisement de lithium.

« Je me souvenais qu’il y avait un lac très pointu et que j’avais vu le bloc près de là. On ne pouvait pas se tromper vraiment avec ce lac très caractéristique. Ce qui nous a aidés aussi, ce sont les images satellites, puisqu’un bloc aussi gros ça fait un carré blanc », affirme-t-il. En effet, le bloc fut facilement repéré et l’homme put valider qu’il s’agissait bel et bien de lithium.

Rémi Charbonneau explique ne pas connaitre encore le déroulement de son extraction considérant qu’une entreprise spécialisée en est présentement à l’étape du forage, soit de mesurer le volume exact du spodumène. 

L’intérêt pour le lithium

« Ces temps-ci, il y a beaucoup de découvertes de lithium qui se font puisqu’il y a beaucoup d’intérêt avec notamment la transition vers les autos électriques. Ça va demander beaucoup de lithium tout ça. Puis ce ne sont pas juste les voitures. Ce sont aussi les outils à pile, les cellulaires, tout ce qui est à batterie dans le fond ». On constate effectivement un intérêt grandissant pour ce minéral qui assure le bon fonctionnement de divers appareils utilisés quotidiennement. 

Le docteur en géologie relève également que la communauté scientifique s’affaire actuellement à trouver des gisements de lithium. « Depuis l’an passé, je dirais, les gens vont ratisser les anciens rapports et il y en a peut-être 10 000 comme ça! Donc ils fouillent là-dedans et cherchent le mot spodumène ».

Rémi Charbonneau mentionne que le territoire du Québec apparait comme étant particulièrement propice à la découverte de blocs de lithium. Il poursuit d’ailleurs lui-même des recherches pour trouver d’autres sources de ce minéral en demande.

Plusieurs usines de transformation de lithium se trouvent en Chine. Cela dit, quelques projets d’implantation d’usines voient le jour dans la province. « Il y a un projet à McMasterville près de Beloeil pour une usine de batterie parce qu’il y a des lignes de la Baie-James qui passent par-là ».

L’Aleximontois souligne l’importante quantité d’électricité que demande ce type d’installation. C’est pourquoi selon lui, une usine de cet ordre pourrait s’implanter près de la Baie-James, notamment par la grande présence de barrages hydroélectriques.

Le travail de géologue

« En géologie, il y a plusieurs volets. Il y a le terrain où il faut se déplacer souvent loin. Après ça, il y a le volet du traitement d’échantillons avec analyseur, outils et toute sorte de choses. Ça, je fais ça ici dans ma maison de Saint-Alexis. Puis l’autre volet, ce sont les rapports. On fait beaucoup de travail d’ordinateur, on traite des données ».

Il soulève qu’en plus du lithium, plusieurs autres minéraux sont en demande. « L’or se cherche encore beaucoup. 80% du temps, c’est de l’or qu’on cherche. Il y a d’autres métaux qu’on cherche comme du nickel avec lequel on fait de l’acier inoxydable. C’est devenu la mode maintenant. Une substance qu’on a cherchée aussi c’est le titane. La valeur du titane est très élevée puisque c’est un métal pour le domaine biomédical parce que le corps ne va pas le rejeter. Par exemple, quand ils font une articulation en métal, c’est le titane qui est utilisé ».

Rémi Charbonneau se spécialise dans l’étude des glaciers ayant fait son doctorat sur le sujet. Il travaille aujourd’hui tout de même avec divers minéraux selon les besoins de ses clients. Il a en effet sa propre compagnie, Big Nugget Labs inc., avec laquelle il procède à de l’exploration minière un peu partout sur le territoire de la province.