Fin des audiences publiques
ENQUÊTE. Voilà qu’après 19 jours d’audience et 67 personnes interrogées, l’enquête sur la mort de la sergente Maureen Breau a pris fin le 21 mars dernier. La coroner Géhane Kamel devrait déposer le rapport de l’enquête au cours de l’automne 2024.
Faits saillants des deux premières semaines
Au commencement des audiences publiques, plusieurs intervenants ont témoigné concernant l’état de santé et les suivis médicaux effectués auprès d’Isaac Lessard-Brouillard. On note entre autres le Dr David Olivier, psychiatre d’Isaac Brouillard Lessard de 2012 à 2018.
Celui-ci a raconté qu’en novembre 2017, son patient vivait une importante crise de santé mentale. Ce sont alors les parents d’Isaac Brouillard Lessard qui ont alerté le système de santé. Pour ce faire, ils se sont adressés à une ergothérapeute qui avait traité leur fils plus d’un an auparavant. C’est à ce moment que le psychiatre apprend que son patient ne s’est pas présenté à deux rendez-vous pour recevoir une injection de médicaments antipsychotiques.
Ainsi, la question des lacunes de communication entre les différents parties du système de santé et les psychiatres a été soulevée par la coroner Kamel. Elle a également mentionné réfléchir à ajouter ce problème aux recommandations de son enquête.
Par ailleurs, lors des premières semaines d’audience, des experts ont témoigné du fait que le Québec est la province ayant le plus haut nombre d’individus déclarés non criminellement responsables (entre 450 et 500 nouveaux verdicts chaque année). Ils ont également relevé que les verdicts de non-responsabilité criminelle sont deux fois plus fréquents au Québec qu’en Ontario, bien que la population ontarienne soit deux fois plus élevée.
Il y eut également diffusion de l’appel effectué au 911 par les proches de Isaac Brouillard Lessard. En effet, quatre jours avant le drame, les parents de l’homme avaient contacté le corps policier dans le but de les prévenir du danger que représentait leur fils.
Deuxième bloc d’audiences
Lors de ce deuxième bloc d’audiences publiques, les policiers présents lors des tragiques évènements du 27 mars 2023 sont allés témoigner. Ce qui ressort de leurs interventions est le manque de communication interne et ultimement, le manque de connaissance sur le risque que présentait réellement Isaac Lessard Brouillard au moment d’intervenir.
Le maire de Louiseville, Yvon Deshaies et le directeur général de la municipalité, Yvon Douville ont pour leur part présenté un plaidoyer pour des logements mieux adaptés et encadrés pour les personnes ayant des troubles de santé mentale.
De plus, le père de Maureen Breau, Michel Breau, est venu témoigner. Il a reconnu avoir subi certaines pressions afin de le dissuader de demander une enquête publique sur la mort de sa fille. Il serait question d’un homme s’étant présenté comme un enquêteur privé. Celui-ci l’aurait téléphoné à quelques reprises pour tenter de convaincre M. Breau de ne pas demander une enquête sur les évènements.
Dans les derniers jours des audiences, le conjoint de la sergente Breau, Daniel Sanscartier, a rendu publique une émouvante lettre. Livrant un témoignage en l’honneur de sa conjointe, l’homme en profite pour suggérer certains changements qui devraient s’opérer, notamment en ce qui a trait à une formation adéquate et continue pour le corps policier en contexte d’intervention, à l’encadrement des patients ayant des problèmes de santé mentale, ainsi qu’à une meilleure communication entre les différentes structures du système de santé et du système de sécurité publique.
Conclusion de l’enquête
Lors de sa conclusion des audiences publiques, la coroner Géhane Kamel a rappelé que son objectif était la recherche de vérité. Elle a également pris le temps de remercier les nombreux témoins qui ont contribué à l’enquête, ainsi que les parents de Maureen Breau et d’Isaac Lessard Brouillard. Géhane Kamel a par ailleurs mentionné avoir le souhait que les conclusions de son rapport d’enquête soient combinées à la création d’une loi qui porterait le nom de la sergente Breau. Plus de détails sur la suite du dossier suivront à l’automne 2024.
« Pour ce serment, elle aura donné injustement sa propre vie. J’espère sincèrement que ce rapport honorera sa mémoire », a souligné la coroner.