Éclipse solaire: une occasion d’apprentissage et d’émerveillement

SCIENCE. Le 10 juillet 1972, ­étiez-vous en mesure de regarder la dernière éclipse solaire totale ? ­Il faut saisir l’occasion d’observer celle du 8 avril puisqu’il y a fort à parier que vous ne pourrez pas voir la suivante, le 3 mai 2106.

«  ­Des éclipses totales, la plupart des gens n’ont jamais eu l’occasion d’en voir et n’auront pas d’autres occasions pour en voir, affirme d’entrée de jeu ­Audrey ­Groleau, professeure titulaire de didactique des sciences et de la technologie à l’UQTR. J’arrive à 40 ans et de mon vivant, à moins de partir en voyage et d’aller plutôt loin, je n’en reverrai pas d’autres. Je me souviens de l’éclipse partielle en 1994, j’étais enfant, mais ce sont les derniers grands souvenirs d’éclipse que je peux avoir.  »

Mme ­Groleau présente ces ­temps-ci des conférences en vue de l’éclipse du 8 avril. Elle décortique entre autres toutes les conditions qui doivent être réunies pour qu’on puisse bien en observer une.

«  Ça dépend de l’alignement entre la lune, le soleil et la ­Terre, parce que, oui, on se retrouve à avoir la lune qui passe devant le soleil quelquefois par année un peu partout régulièrement sur la ­Terre, mais pour qu’on puisse la voir, il faut être au bon endroit et il faut que l’alignement soit bon. Donc, il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu.  »

Selon l’endroit où on se trouve, la magnitude de l’éclipse, soit la portion du diamètre du soleil couvert par la lune, sera différente. «  ­Trois-Rivières ne sera pas dans la zone de totalité, on va être dans la zone partielle tout le temps, mais dans les 98 %.  »

Les institutions d’enseignement ont évidemment pu voir venir l’éclipse du 8 avril. Des organisations reconnues les ont épaulées dans l’élaboration d’activités d’observation. L’UQTR s’y prépare depuis le printemps 2023.

«  ­Je dois dire que c’est le centre de service scolaire du ­Chemin-du-Roy qui nous a dit : « N’oubliez pas l’éclipse du 8 avril 2024″ il y a un an. En s’y prenant d’avance, on pouvait le faire de façon sécuritaire, avoir des lunettes, parce qu’on savait qu’il y aurait éventuellement une course aux lunettes. Mais les personnes qui ont le leadership de l’organisation dans les centres de service scolaires, ce sont des collègues qu’on admire et qu’on apprécie beaucoup. Ce sont deux groupes. À la découverte de l’univers, un organisme associé à l’Université de ­Toronto basé au ­Québec, a aidé beaucoup les écoles, les universités, les cégeps à bien s’organiser et à former les gens. Puis, l’Association pour l’enseignement des sciences et de la technologie au ­Québec (AESTQ) a fait pression pour que les écoles s’équipent et restent ouvertes.  »

Certains centres de services scolaires du ­Québec ont choisi de déplacer une journée pédagogique le jour de l’éclipse, une décision dénoncée par la directrice de l’AESTQ, ­Camille ­Turcotte, qui voit là une occasion manquée. Ce n’est pas le cas en ­Mauricie-Centre-­du-Québec où les cinq ­CSS ont adopté une position régionale concertée.

«  ­Ici dans la région, les écoles vont être ouvertes, on est très très content. Je sais qu’il y a des risques relatifs à la sécurité, que ce n’est pas simple à organiser mais ça vaut la peine. Puis ce n’est pas si compliqué : l’idée c’est d’avoir suffisamment de lunettes pour tout le monde et d’avoir suffisamment d’adultes dans les écoles pour s’assurer que les jeunes les portent bien. Mais, on le savait longtemps d’avance qu’il y allait y avoir une éclipse. Donc, c’est quelque chose qui s’organise somme toute plutôt bien. Je lève mon chapeau aux écoles qui ont décidé de rester ouvertes et d’amener les élèves à observer sécuritairement l’éclipse.  »

Dans les écoles primaires et secondaires le 8 avril, le transport du retour en fin de journée devra être assumé par les parents, ont décidé les ­CSS, ne pouvant faire porter la responsabilité de la sécurité des élèves aux conducteurs d’autobus.

Au ­Cégep de ­Shawinigan

Le ­Cégep de ­Shawinigan a prévu une activité extérieure d’observation qui s’échelonnera de 14 h 30 à 16 h 30 environ.

«  ­On pointera un télescope avec un filtre directement sur le soleil au début de l’éclipse et on va projeter ça sur une toile, explique le responsable de la vie étudiante, ­Simon ­Cormier, technicien en loisirs, environnement et socioculturel. On va faire de l’interprétation historique et scientifique sur les éclipses. On va pouvoir étendre l’interprétation sur toutes sortes d’autres phénomènes. Au début de l’éclipse, le soleil est très peu caché. Ça va être possible d’observer même à l’avance des taches solaires. Et plus l’éclipse va prendre de l’ampleur, plus on va axer le discours sur le phénomène qu’on voit ­au-dessus de nous en direct.  »

Des lunettes de protection seront remises aux étudiants et aux professeurs, mais l’utilisation d’un télescope agrémentera l’expérience.

«  C’est le fun d’avoir les lunettes parce qu’on peut voir le phénomène de nos yeux directement, mais c’est loin d’être le moyen le plus optimal. On voit le soleil tout petit avec la lune qui passe devant, mais on ne voit pas les détails. Alors que quand on prend le télescope on peut avoir des détails beaucoup plus intéressants. À ­Shawinigan on devrait avoir une magnitude de 97,8 %.  »

M. Cormier a constaté l’enthousiasme de la direction et de ses collègues impliqués dès qu’il a proposé cette activité.

«  ­Dès l’automne on s’est dit que c’était une méchante belle occasion de faire de l’éducation scientifique autour de l’événement. Ça ne faisait même pas de questionnement.  »