Début de saison hâtif pour les cabanes à sucre 

AGRICULTURE. La courte saison hivernale et les redoux des dernières semaines sont profitables pour la coulée des érables. Un début de saison hâtif et constant s’avère être assez rare pour les cabanes à sucre de la Mauricie.

« Des températures comme on a eu dernièrement, on en voyait dans les dernières années, mais pas de manière consécutive comme on a présentement. On voyait parfois des périodes de 2-3 jours, puis après ça revenait au gel de jour et de nuit », témoigne Éric Bouchard, président du volet Mauricie pour la PPAQ (Producteurs et productrices acéricoles du Québec).

L’acériculteur reconnait également que les températures printanières se sont manifestées hâtivement cette saison. « Ce qui est exceptionnel cette année c’est que ça a commencé tôt, puis les températures se sont maintenues. Ça fait en sorte que présentement par exemple, chez nous, j’ai à peu près le quart de ma saison de fait déjà à ce moment-ci alors qu’habituellement on n’a pas commencé la saison », souligne-t-il.

Éric Bouchard mentionne que la Mauricie est bel et bien en production depuis environ les deux dernières semaines. « On a eu quelques épisodes de redoux un peu avant, mais la vraie production a pu commencer il y a 15 jours. On a des températures ici qui sont de notre côté, c’est-à-dire un léger gel la nuit et des journées ensoleillées avec une température pas trop chaude. C’est parfait pour favoriser la coulée ». 

Ce qui pourrait nuire considérablement à la production actuellement serait une montée rapide de la température. Des degrés élevés combinés à un soleil très présent peuvent effectivement s’avérer catastrophiques pour la production. Une telle température active les bourgeons et crée par le fait même une sortie d’eau indésirable selon l’acériculteur.

« Si la température se maintient, ça risque d’être une bonne saison pour nous en Mauricie. Pour d’autres régions plus au sud, ça peut être plus problématique parce qu’ils vont connaitre plus de chaleur ». Il poursuit, « en Mauricie, souvent ce qui arrive c’est qu’à cette période-ci, c’est frais. Il nous manque parfois 1 ou 2 degrés pour que les érables coulent. Cette année, ces degrés-là ont les a ».

Réserve de sirop provinciale

Par ailleurs, depuis quelques années, on note que la réserve stratégique provinciale de sirop est presque à sec. Pour pallier ce manque, 14 millions de nouvelles entailles ont été octroyées au Québec dans les trois dernières années: 7 millions en 2021 et 7 millions l’année dernière.

« On voit que la réserve baisse encore, puis le fait qu’on a eu une petite saison l’an dernier a fait en sorte qu’on se devait de mettre à grande vitesse la création d’entailles. On risquait d’être à sec et ce n’est pas quelque chose de souhaitable en tant que producteur », affirme le président du volet Mauricie pour la PPAQ. Il ajoute, « on espère que les nouvelles entailles vont pallier au peu de sirop qu’on a, puis qu’on va remonter la réserve tranquillement ».

Un manque de sirop dans la réserve de la province a pour effet d’entrainer une hausse des prix. Par conséquent, le public se tourne vers d’autres produits sucrants plus accessibles. Selon Éric Bouchard, il est possible qu’à la suite d’un tel épisode, un certain temps soit nécessaire avant que les ventes de sirop d’érable reviennent à leur rythme initial.

Service de restauration en diminution

Il est possible de constater que le service de restauration des cabanes à sucre est en diminution depuis les dernières années. « On voit que plusieurs cabanes à sucre ferment ce service et c’est souvent par manque de main-d’œuvre ou manque de relève », soutient Éric Bouchard. 

L’acériculteur reconnait également que depuis la pandémie de Covid-19, les frais de roulement ont augmenté de manière fulgurante ce qui force les restaurateurs à gonfler le prix des repas. « Les intrants ont augmenté énormément, puis il y en a qui ne veulent pas nécessairement charger plus de 40$ par personne ».

On remarque par ailleurs que le service de repas à emporter des cabanes à sucre gagne en popularité. « Le take-out qu’on a vu apparaitre pendant la pandémie, on voit que c’est encore bien présent. Les gens se tournent vers ça aussi et ça aide un peu les producteurs parce que ça nécessite parfois moins de main-d’œuvre ». Selon Éric Bouchard, cette nouvelle façon de faire s’agit possiblement d’une manière d’assurer la pérennité des traditionnels repas de cabane à sucre.