De fil en aiguille depuis 20 ans

SAINT-SÉVÈRE. Le duo composé de Evelyne Gélinas et Marie-Claude Trempe lançait il y a 20 ans l’entreprise Rien ne se perd, tout se crée à Saint-Sévère. Après ces deux décennies, la production de l’entreprise, son fonctionnement et sa mission ont grandement évolué.

« Depuis le début, il y a quelque chose qui est resté et c’est de valoriser le savoir-faire québécois. On a toujours voulu faire les choses à la main et d’encourager les artisans québécois », souligne Evelyne Gélinas, copropriétaire de Rien ne se perd, tout se crée. Cette mise en valeur de l’achat local et du savoir-faire québécois sont des éléments qui font que le public choisit l’entreprise et qu’il y reste fidèle selon la copropriétaire.

« Notre clientèle a beaucoup changé au fil des 20 ans. Elle s’est élargie je dirais. On a notre clientèle pour nos vêtements, mais on a aussi notre clientèle pour notre boutique qui vend plein d’autres choses ». En effet, depuis l’implantation de l’entreprise dans sa nouvelle infrastructure en 2017, la boutique est désormais dédiée non seulement à la vente d’items de Rien ne se perd, tout se crée, mais également à de multiples produits artisanaux de la Mauricie et ailleurs dans la province. Offrant notamment des bijoux, des articles pour la maison et des produits de beauté, le lieu est devenu une véritable boutique cadeau.

L’entreprise de Saint-Sévère détient pour la vente de ses vêtements entre 75 et 80 points de vente un peu partout au Québec, en plus de sa boutique en ligne. « La boutique en ligne ça fait longtemps qu’elle roule, au moins 10-12 ans. C’était avant même que ce soit vraiment courant », relève Evelyne Gélinas. Les deux entrepreneuses ont ainsi constaté une croissance de leurs ventes au fil des 10 dernières années. C’est d’ailleurs lors de cette période d’expansion que le duo a joint des employés à la roue afin de répondre efficacement à la demande. Rien ne se perd, tout se crée compte aujourd’hui près d’une quinzaine d’employés.

L’entreprise collabore par ailleurs avec plusieurs industries locales. Elle fait affaire depuis deux ans avec Textile Patelin de Saint-Paulin entre autres pour la teinture de ses tissus. De plus, la coupe de ceux-ci s’effectue régulièrement chez Chemise Empire à Louiseville. Une dizaine de couturières en sous-traitance dans la MRC sont ensuite mobilisées pour la conception des vêtements, à la suite de quoi, les articles reviennent à Saint-Sévère pour la finalisation de la production.

« Présentement, on est plus dans l’idée de conserver ce qu’on a. On ne veut pas grossir, on veut garder la production actuelle et garder nos employés. Notre vision c’est de prendre soin de ce qu’on a et de ne rien prendre pour acquis. Toujours avoir les deux pieds sur terre finalement ». Effectivement, Evelyne Gélinas explique qu’étant déjà un projet plus grand qu’escompté, le duo souhaite désormais le conserver et le chérir.

La petite (ou grande) histoire

Evelyne Gélinas et Marie-Claude Trempe, respectivement native de Saint-Sévère et de Louiseville, sont amies depuis l’école primaire. C’est à l’automne 2003 que l’aventure a commencé alors le duo fut initié au domaine du textile. « Marie-Claude avait acheté un métier à tisser d’un ancien voisin, puis elle voulait apprendre comment ça fonctionnait, donc c’est pourquoi on faisait des cours. Puis il y avait un local à louer à côté de l’église à Saint-Sévère, donc on l’a loué pour y mettre le métier à tisser ».

Les deux femmes ont ainsi fait un projet Jeune volontaire soutenu par Emploi Québec qui leur a permis de découvrir diverses techniques du textile. Elles avaient à leur actif quelques années d’études au collégial et cherchaient la voie à prendre pour leur carrière.

« On n’était pas particulièrement passionnée par le textile auparavant. On voulait vraiment apprendre ça pour le fun« . Au départ, le duo confectionnait essentiellement des accessoires comme des sacs, des foulards ou des bandeaux.

« C’est devenu une passion! Donc on cherchait une manière de continuer à en faire. Alors on s’est inscrit dans un salon métier d’art en 2004 et c’est à ce moment-là qu’on a réalisé qu’on pouvait peut-être faire ça dans la vie », affirme Evelyne Gélinas. 

À travers cette révélation, les deux amies se sont également découvert une réelle complicité et complémentarité d’affaires ce qui leur a permis en 2005 d’officiellement lancer leur entreprise. À cette époque, le duo s’occupait de la fabrication des items, de la gestion de l’entreprise et se déplaçait régulièrement dans les salons des métiers d’art.

C’est en 2010 qu’elles ont débuté la confection de vêtements. Dans la même période, elles engageaient leur toute première employée, soit la dessinatrice de mode Nicole Beauchemin. S’ancrant alors dans l’industrie de la mode, l’entreprise souhaite incarner un regard innovant. « Maintenant qu’on est vraiment dans la mode, il y a quelque chose qui se renouvelle, donc notre idée c’est justement d’être en mesure de se renouveler et de ne pas stagner ».

Graduellement, Evelyne Gélinas et Marie-Claude Trempe ont vu leur production croitre et leur espace de travail réduire. « C’est là qu’on a franchi le point de se demander si on agrandit la bâtisse actuelle, ou si on se construit ailleurs. Puis il y avait beaucoup de contraintes à agrandir la première bâtisse à cause du zonage notamment ».

Par conséquent en 2016, elles se sont lancées dans le projet de construction. Cette nouvelle infrastructure avait aussi pour objectif de pouvoir établir une boutique de grande envergure et d’ainsi accueillir le public. La nouvelle bâtisse a officiellement vu le jour à l’automne 2017.

« Entre temps on avait aussi établi le réseau à Saint-Sévère avec Passion Lavande et le Domaine & Vins Gélinas. On a découvert rapidement que c’était une force d’être ici », mentionne la copropriétaire. En effet, quitter la campagne de Saint-Sévère n’a jamais été une option pour les deux entrepreneuses. Le milieu rural apparait comme leur ayant ouvert des portes qu’elles n’auraient pas eues en milieu urbain, tel que prendre part à une offre touristique et des frais de fonctionnement moins élevé.

« C’est sûr que notre mission s’est développée en 20 ans. Cependant, on est quand même toujours dans la même lignée, soit de faire quelque chose à la main qui est fait pour être durable », conclut Evelyne Gélinas.