«Je voulais mettre ça à terre parce que c’était très dangereux, mais on ne pouvait rien faire» -Yvon Deshaies

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LOUISEVILLE. «C’était un nid à feu!», clame Yvon Deshaies au lendemain de l’incendie des deux bâtiments, dont la pizzeria El Greco.

Le bâtiment où le feu aurait pris naissance, un ancien bar laitier était vacant depuis plusieurs années et en très mauvais état. Yvon Deshaies n’était pas de bonne humeur lorsqu’il a su que des bâtiments de son centre-ville étaient en feu, car il a tout tenté pour démolir la bâtisse désaffectée et sans électricité qui abritait autrefois le bar laitier Gelato en raison de son état.

«J’ai tenté de mettre ça à terre parce que je le savais que c’était dangereux. Tout le monde le disait! Même les propriétaires du restaurant El Greco avaient fait des démarches pour peut-être acheter le terrain et le bâtiment parce qu’ils trouvaient que c’était très dangereux à côté de leur commerce. J’ai fait tous les efforts pour démolir ça, mais on ne pouvait rien faire parce qu’on avait les mains liées. Les lois ne le permettent pas. Aujourd’hui, vous voyez le résultat! On perd plus de 20 emplois et un commerce avec une grande histoire», se désole le maire devant les décombres.

Yvon Deshaies et des témoins de l’incendie le confirment, «c’était une question de temps avant qu’il arrive quelque chose à cet endroit.»

Vitres éclatées, portes non verrouillées, endroit saccagé et cadenas brisé, tout le monde pouvait avoir accès à ce bâtiment inoccupé.

Le propriétaire du bâtiment, un homme de Pointe-du-Lac réclamait plus de 200 000$ pour céder son terrain et sa bâtisse. Yvon Deshaies estimait trop coûteux ce prix et a tenté de sensibiliser le propriétaire à l’état de son bâtiment. «Le monsieur doit des taxes impayées à la Ville. On sait qu’il n’y avait plus d’eau, ni d’électricité à cet endroit. Un feu dans une bâtisse sans aucun service, ce n’est pas normal. Malgré les discussions téléphoniques avec le propriétaire, il n’a rien fait pour sécuriser les lieux et éviter ce drame. Ce n’est vraiment pas un bon citoyen corporatif.» La Ville évaluera la possibilité d’intenter des recours contre le propriétaire.

Avenir du restaurant El Greco

La relance de l’entreprise fondée en 1971 reste incertaine. La bâtisse abritant la pizzeria El Greco avait été touchée par un incendie en août 2008. Le restaurant avait subi des dommages principalement causés par l’eau. La famille Lygitsakos avait investi plusieurs centaines de milliers de dollars dans la rénovation du restaurant qui a rouvert ses portes en août 2009. Voilà qu’en 2016, le bâtiment est à nouveau touché par un violent incendie et le restaurant est une perte totale. Impossible de savoir pour l’instant si les propriétaires désirent reconstruire. C’est toutefois le souhait du maire Yvon Deshaies.

«Mon rôle sera d’accompagner la famille Lygitsakos. Je vais regarder avec le conseil municipal la possibilité d’aider financièrement les propriétaires du restaurant El Greco avec un fonds d’aide que la Ville possède. Il est aussi possible de donner un congé de taxes de trois ans. On va étudier ça. La famille Lygitsakos est arrivée ici en 1971 et s’est très bien acclimatée à notre milieu. Elle a bâti une institution qui a toujours embarqué dans la communauté. Les propriétaires sont des grands bâtisseurs pour nous.»

Le travail des pompiers salué

Yvon Deshaies salue le travail des pompiers qui ont participé aux opérations d’extinction dans la nuit du 22 au 23 mai dernier. La majorité de ceux-ci ont travaillé plus de dix heures sans arrêt pour venir à bout du brasier. «Les dommages ont été limités à ces deux bâtiments là. Pour avoir été un pompier moi-même, les feux de plus de dix heures sont rares, mais lorsqu’ils arrivent les gars doivent être prêts parce que c’est très exigeant. Tout le monde a travaillé ensemble et je suis fier de tous les pompiers tant de Louiseville que des municipalités qui sont venues en entraide. Les bâtisses voisines sont proches, d’autres commerces auraient pu y passer aussi, mais les pompiers ont réussi à contrôler la progression et la propagation. Il faut souligner leur travail!»

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