«Il ne faut jamais les oublier»
Diffusion d’images de personnes disparues
LOUISEVILLE. Ce n’est pas un hasard si les automobilistes et piétons circulant au centre-ville de Louiseville remarquent ces jours-ci la diffusion des photos de Mélissa Blais, Philippe Lajoie et Sébastien Dupuis sur l’enseigne numérique extérieure positionnée près de l’hôtel de ville.
La Ville a en effet accepté de diffuser sur ce babillard, pendant 10 jours consécutifs, la photo de ces trois personnes disparues dans la MRC de Maskinongé à la demande de l’organisme Meurtres et Disparitions Irrésolus du Québec (MDIQ), et ce, dans l’espoir de résoudre ces dossiers de disparition. «C’est vraiment pour éveiller les gens. Après un certain temps, on a tendance à oublier et à ne plus y penser. Il ne faut jamais les oublier. C’est une façon pour nous d’aider les familles», mentionne Yvon Deshaies, maire de Louiseville.
Les visages de Mélissa Blais, disparue à Louiseville le 2 novembre 2017, de Philippe Lajoie, disparu à Yamachiche le 14 février 2007 et de Sébastien Dupuis, disparu à Saint-Paulin le 15 août 2005 occuperont un espace dans la programmation des messages diffusés sur cette enseigne numérique pour encore cinq jours. La Ville n’exclut d’ailleurs pas la possibilité de réafficher à nouveau ces mêmes images dans le futur.
«À force de voir l’image, si quelqu’un sait quelque chose ou qu’il a été témoin d’une des disparitions, il va peut-être parler. Ça peut devenir lourd et fatigant à la longue dans la tête de quelqu’un de revoir ça régulièrement», croit M. Deshaies.
Selon MDIQ, Louiseville serait la première ville du Québec à diffuser des images de personnes disparues. Le maire de Louiseville a particulièrement été touché par cette demande puisqu’il se rappelle régulièrement l’histoire de sa sœur qui a elle-même été assassinée. «On a vécu ça dans ma famille. Ce qui est différent, c’est qu’on a trouvé ma sœur et l’auteur du crime a été arrêté et condamné. C’est un deuil lourd et difficile. Les familles des personnes disparues ne peuvent malheureusement pas faire ce deuil-là», affirme-t-il.
Meurtres et Disparitions Irrésolus du Québec est un organisme sans but lucratif créé en 2017. Sa mission première est d’offrir de la visibilité aux victimes de meurtre et de disparition dont les dossiers sont toujours irrésolus sur des supports mobile, électronique et Web. Le fondateur, Stéphane Luce, a eu l’idée d’adresser cette demande à la Ville de Louiseville suite à son passage dans la région, en novembre dernier, où il a aperçu l’enseigne numérique lors d’une marche organisée en l’honneur de Mélissa Blais. «Le message est clair, si quelqu’un possède de l’information concernant ces disparitions, on lui demande de parler. On veut conscientiser la population à quel point il est insoutenable pour les familles de vivre dans le mystère total, sans jamais savoir ce qui est arrivé à l’être cher. Nous demandons à ceux qui possèdent de l’information, aussi minime soit-elle, de parler. Ces informations pourraient mener à la résolution d’un dossier», raconte Stéphane Luce, président et fondateur de MDIQ, lui-même le fils d’une victime d’un meurtre non-résolu survenu à Longueuil, en 1981.
Ce dernier invite aussi les propriétaires de babillards électroniques ou les villes qui en possèdent à diffuser les images de personnes disparues. «Nos besoins touchent toutes les régions du Québec. Du visionnement, quelques minutes par jour, pendant quelques jours, quelques fois par année, serait une excellente façon de contribuer à l’obtention potentielle d’informations et à aider à résoudre des disparitions et meurtres irrésolus», termine M. Luce.
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