Voyage au pays des mots

Une Louisevilloise, Marjolaine Cloutier, a récemment mis au monde son premier livre intitulé Contre-Chant ou la trentaine en dérive. L’auteure a déjà presque écoulé les 100 copies originales imprimées aux éditions première chance.

Pourtant, Mme Cloutier s’est lancée dans une voie à sens inverse. À une ère où la facilité et la simplicité, voir l’abêtissement du langage semblent régner, elle utilise sans heurt un vocabulaire soutenu et des tournures de phrase longuement réfléchies.

Le rythme de sa prose force le respect, impose un abandon à la lecture.

L’écrivaine avoue elle-même avoir donné naissance à un exercice de style. N’empêche que l’histoire, oscillant entre deux lignes de temps, se montre digne d’intérêt. Le lecteur plonge rapidement dans l’univers de Marie, nouvelle trentenaire confrontée à la fatalité, deux époques à la fois. Chaque page est tantôt un baiser, tantôt un soufflet de l’âme du personnage principal; le protagoniste est hautement introspectif.

« Le futur est une ordure, le présent son testament. Amis, je testamente à la manière de l’autre. Amis, je teste amante… » commente Marie dans un passé trouble.

Toutefois la créatrice de Marie y voit dans ses méandres un bout de chemin ardu, souvent parcouru par les gens, qui débouche vers un constat optimiste à sa manière.

« Je crois beaucoup en l’humain et aux forces des relations et c’est ce qui ressort dans le livre », mentionne-t-elle en ajoutant qu’il n’y a pas de côté « moralisateur » à son ouvrage.

Au niveau de la langue, par contre, elle espère avoir prêché par l’exemple.

« J’ai un petit peu peur à cette espèce de raccourci d’esprit qu’on prend dans la langue et qu’on prend un peu partout dans la société. Il faut se battre pour bien la parler et bien l’écrire. Respecter le français, c’est beaucoup plus que le reflet de ce qu’on est. Quand les enfants sont capables de synthétiser, c’est parce qu’ils maîtrisent leur langue. Donc, si on ne la maîtrise plus, ce n’est pas juste la beauté de la langue qui meurt, c’est notre capacité d’exprimer notre pensée qui s’éteint », avise-t-elle.

Contre-Chant ou la trentaine en dérive se veut une bonne lecture pour tout humain qui désire s’assoupir un peu dans ce monde effréné.

Admis auprès des éditions de l’apothéose

La plume de Mme Cloutier a séduit le président et directeur général des éditions première chance, Sylvain Vallières, si bien qu’il a offert une place privilégiée au roman Contre-Chant ou la trentaine en dérive avec les éditions de l’apothéose. La nouvelle maison qui pige ses œuvres parmi les premiers de classe des éditions première chance distribuera sous peu une vingtaine de titres partout à travers le Québec en librairie.

Pour sa part, Marjolaine Cloutier sera de passage au Salon du livre de Trois-Rivières du 21 au 24 mars prochains.

D’ici là, elle planche sur un projet tout autre; un récit de science-fiction destiné aux adolescents. Intitulé Casier 0235, le livre relatera l’histoire d’un étudiant fraîchement arrivé au secondaire qui se fait avaler par son casier.