Résidence de création: Saint-Élie-de-Caxton accueille Pierre Labrèche

CULTURE. Conteur de l’Abitibi, Pierre Labrèche passera tout le mois d’avril en résidence de création à Saint-Élie-de-Caxton afin de travailler à l’écriture de son prochain spectacle intitulé Comme une main tendue.

On sait que la résidence de création pour conteurs du Regroupement du conte au Québec (RCQ), qui devait se dérouler en avril 2020, avait dû être reportée en raison du contexte lié à la COVID-19. Cette fois, elle aura bien lieu à Saint-Élie-de-Caxton pour une 7e année durant tout le mois d’avril.

Grâce au partenariat avec le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), et en collaboration avec le conteur Fred Pellerin qui offre l’espace de création, le RCQ offre un modèle de résidence qui donne aux conteurs les moyens financiers et professionnels de créer. Il s’agit d’un chaînon essentiel pour l’émergence de nouveaux spectacles en conte.

Pierre Labrèche, le facteur-conteur

Pierre Labrèche est facteur de contes. Il a longtemps eu un pied dans ses bottines de facteur et l’autre dans ses souliers de conteur. C’est en 2003, dans son Abitibi natale, qu’il chausse pour la première fois ses souliers de conteur. Les histoires qu’il raconte sont des œuvres originales; il puise aussi parfois dans le répertoire traditionnel et le patrimoine universel pour y tirer des contes qu’il transforme au gré de son imaginaire.

Il y a quelques années, Pierre Labrèche s’est mis à collectionner gants et mitaines perdus qu’il trouvait sur sa route.

«Comme j’étais facteur, j’étais toujours à sillonner rues et trottoirs. Ma collection de mitaines esseulées a rapidement grandi, ce qui fait qu’aujourd’hui, j’en possède une grosse boîte bien pleine. Lors d’un grand ménage dans le grenier, j’ai retrouvé cette boîte remplie d’histoires pas encore tricotées. J’ai toujours pensé que chaque gant ou mitaine cachait une histoire. J’ai d’ailleurs écrit un conte sur une mitaine trouvée sur mon chemin. C’est une histoire que je raconte depuis longtemps, mais ça demeure une histoire toute seule, comme ma mitaine! Le projet d’en faire un spectacle me trotte dans la tête depuis longtemps», explique M. Labrèche

Son parcours artistique a ainsi été inspiré par son travail de facteur. «Il m’apparaît plus important que jamais de favoriser et de protéger les liens humains et les valeurs de solidarité, de bienveillance et de bien-être collectif. Je crois que le travail artistique devrait, entre autres, mettre en lumière les enjeux sociaux. Celui de remettre l’humain au cœur de nos vies en est un primordial et, j’estime que le conte, comme art de proximité humaine, est porteur de ces valeurs. (…) L’idée d’être en résidence de création dans un village loin de chez moi correspond à ce désir de rencontres, d’ouverture et de ponts à créer entre individus et communautés.»

Comme les activités initialement prévues durant la résidence de création ont dû être repensées en raison des contraintes actuelles, le facteur-conteur distribuera des lettres dans les boîtes aux lettres des résidents de Saint-Élie-de-Caxton pour les inviter à le contacter par téléphone ou par courriel. Des affiches «Mitaine perdue!» feront aussi leur apparition à l’épicerie, chez le dentiste, au bureau de poste, à la quincaillerie du coin… Et si jamais il redevient possible de se rencontrer, il donnera des rendez-vous dans un parc ou sur le perron de l’église.