Les Sœurs Boulay en paix au 4488 de l’amour

MUSIQUE. Après le tourbillon des trois dernières années à la suite de la parution de leur premier album, les Sœurs Boulay ont trouvé la paix dans un appartement de Montréal qu’elles appellent simplement le «4-4-8-8».

«C’est l’endroit où nous nous sommes ressourcées après avoir autant voyagé pour le premier album. Quand on a pris deux mois de vacances en hiver, nous avons voyagé à l’extérieur du pays. On a eu besoin de se reposer, de se retirer du milieu quelque temps. Quand nous sommes revenues à la maison, c’était le 4-4-8-8. C’est l’endroit où on peut se reposer, être soi-même, ôter le masque et être aimée pour ce qu’on est. Ça a été réconfortant de retrouver cet endroit», raconte Stéphanie Boulay.

Leur nouvel album intitulé 4488 de l’amour, un clin d’œil direct à cet appartement que les deux sœurs partagent avec des amis, est empreint de références à la maison, de ce désir de retrouver un chez-soi après trois ans à sillonner les routes du Québec.

«On a tellement vécu de choses dans les trois dernières années. Nous sommes passées de filles à femmes. On a passé trois ans toujours sur la route à vivre dans nos valises, loin de la famille et de la maison. L’envie de retrouver la paix s’entend un peu sur le disque, d’où cette quête de la maison, le besoin de parler des racines, des amis, des gens qui nous entourent», note Mélanie Boulay.

Il en résulte un album plus «tamisé» que Le poids des confettis. On y sent les deux sœurs plus calmes, mais elles ont conservé cette éclaircie et cette poésie lumineuse qui fait sourire dans les douze nouvelles chansons de 4488 de l’amour.

«Je dirais que c’est un album plus lucide. Il y a beaucoup d’espoir à travers le disque. Il est moins bipolaire que Le poids des confettis. Sur le premier disque, il y avait des chansons très joyeuses et très sombres. Celui-là, c’est un peu de lumière tout au long. C’est tamisé», souligne Stéphanie.

Philippe B, qui a réalisé l’album, a apporté une touche d’exotisme dans les arrangements de l’album.

L’angoisse de la page blanche

Les Sœurs Boulay ont vécu une période d’angoisse après la sortie de leur premier album. «On a eu peur d’avoir le syndrome de la page blanche, explique Stéphanie. Quand l’album est sorti, on n’a rien écrit en six mois. C’est là qu’on a vécu l’angoisse du deuxième disque. On se demandait si on avait encore quelque chose à dire, si le premier disque était un accident.»

«À chaque fois que Mélanie finit d’écrire une nouvelle chanson, elle se dit qu’elle nous pourrait plus en écrire une autre. On a appris à ne plus écouter cette petite voix, sachant qu’elle parvient à écrire de nouveau chaque fois», ajoute Stéphanie.

«C’est le même sentiment que lorsqu’on dit: «Il m’a brisé le cœur! Je ne pourrai plus jamais aimer personne.» On sait qu’on va s’en remettre, mais la peur que ce soit la dernière chanson reste. Quand tu écris une chanson, c’est un moment magique. Tu es happée par quelque chose de si fort, si spécial! Et puis, l’inspiration, c’est flou comme concept», précise Mélanie.

L’inspiration est revenue de manière inattendue. Un musicien qui avait pour projet d’écrire une chanson par jour pendant un an les a contactées pour savoir si elles souhaitaient passer une journée avec lui pour créer une nouvelle chanson.

Elles ont accepté, mais une fois sur place, elles ont paniqué un peu. Comment arriveraient-elles à écrire une chanson en une journée quand ça faisait six mois qu’elles n’avaient rien écrit?

«Finalement, à ce jour, la chanson qui a été composée ce jour-là reste une de nos chansons préférées: Les couteaux à beurre. Ce jour-là, on a vu que la magie pouvait encore opérer. C’est après ça qu’on a pris un bon rythme d’écriture et de composition», indique Mélanie.

«On a beaucoup écouté notre intuition, par la suite, pour cet album. On n’a pas fait de compromis et on s’est écoutée. Il n’y a pas grand-chose qu’on aurait pu faire autrement», enchaîne Stéphanie.

À Trois-Rivières cet hiver

Les Sœurs Boulay seront en spectacle à la Maison de la culture le 28 février. Le spectacle sera en formule trio. Elles seront accompagnées du multi-instrumentiste Gabriel Gratton. En plus d’interpréter les pièces de 4488 de l’amour, elles revisiteront les chansons de leur premier album. Les billets sont en vente à la billetterie de Trois-Rivières (819-380-9797) et via le site enspectacle.ca.

Intrusion au 4488 de l’amour

Stéphanie: «C’est un appartement qui existe pour vrai, mais il n’est pas sur la rue de l’amour. C’est un petit surnom que les gens avant nous lui ont donné. Entre nous, on l’appelle juste le 4-4-8-8.»

Mélanie: «C’est un appartement mythique dans le milieu. Il y a eu des gangs de musiciens qui y ont habité avant nous. L’appartement a la réputation d’avoir une énergie spéciale. La musique y est la bienvenue. (…) En tant que Gaspésienne exilée, j’avais un appartement pendant plusieurs années à Montréal, mais je ne me sentais pas chez moi. En trouvant le 4-4-8-8, j’ai accepté que c’était ma nouvelle maison.»

Leurs coups de cœur sur l’album

Stéphanie | T’es ben mieux de les ouvrir tes yeux: «Elle a été écrite avec nos deux musiciens sur la route entre la Gaspésie et Montréal. On a sorti le ukulélé et elle a été écrite à quatre. En studio, il y avait une belle ambiance quand on l’a enregistrée. Les gars chantent avec nous. C’est la première fois sur CD. Ça a été un beau moment de laisser-aller.»

Mélanie | Jus de boussole: «C’est Stéphane Lafleur, d’Avec pas d’casque, qui nous l’a offerte. Il a ce don pour se mettre à la place des femmes. Il comprend bien la psychologie féminine. C’est un beau cadeau et je suis très heureuse qu’il nous l’ait fait.»