Charette: la patronne de l’église immortalisée dans le roc

Le sculpteur Claude Des Rosiers à l’œuvre tout le mois de mai sur le terrain de l’église

CHARETTE. Les bruits de scie et de pics ont de quoi aiguiser la curiosité des passants par les temps qui courent, à Charette. Sur le terrain de l’église Notre-Dame-des-Neiges, le sculpteur Claude Des Rosiers s’affaire à métamorphoser une grosse pierre sur socle en statue qui représentera la patronne de l’église. Jour après jour, depuis le 1er mai, il se rend sur place avec ses outils pour réaliser l’œuvre; une commande du comité du 100e anniversaire de la municipalité. Il lui faudra environ un mois pour compléter l’ouvrage. «La pierre présente un angle intéressant. Ça me permettra de donner du mouvement à la statue», explique le sculpteur, en scrutant des yeux la pierre de calcaire, qui provient de Saint-Marc-des-Carrières. À son regard, on voit qu’il réussit déjà à percevoir le résultat final… ou presque. Car la sculpture sur pierre réserve toujours son lot de surprises, confie-t-il. «J’ai commencé la tête et il y a une fissure dans la roche avec laquelle je dois composer.» Loin d’être un irritant, cette fissure représente plutôt un défi intéressant pour lui, car il connaît bien son matériau de prédilection: «La pierre, ça peut être capricieux. Et il faut travailler avec ses petits défauts, parfois.» Cette réalité fait en sorte qu’il lui est difficile de livrer une réplique exacte du croquis réalisé au départ, fait-il remarquer. Par contre, le résultat final est toujours très ressemblant. Dans ce cas-ci, il s’agira de la sainte patronne de l’église, vêtue d’un drapé et tenant dans ses bras un bébé; «une statue classique, mais qui sera aussi différente de ce que l’on voit généralement», mentionne M. Des Rosiers.

«J’aime sculpter sur la place publique. Ça met de l’animation et ça permet aux passants d’être initiés à la taille directe. Les gens sont curieux et je prends beaucoup de plaisir à les renseigner» – Claude Des Rosiers

Les étapes Celui-ci expose ensuite son plan de match: «D’abord, je vais finir la tête. Lorsque ce sera fait, je vais dégrossir le reste avec ma scie et mes ciseaux. Je commencerai ensuite à tailler. On va alors voir apparaître les détails, du haut vers le bas. Comme si je déballais la statue bout par bout.» Quand on lui demande combien d’heures il estime avoir à passer sur le projet, il hausse les épaules et sourit de façon complice: «Ça dépend de notre perception du temps. Dans ce cas-ci, et pour tout le mois de mai, je suis habité par le projet 24h sur 24. J’y pense constamment. Je me dédie à ça et il n’y a rien d’autre qui va rentrer dans ma vie pendant ce mois-là.» Il assure que l’échéancier d’un mois sera respecté. «Je vois ça comme courir un marathon ou labourer un champ; on en fait un bout à la fois et on finit par arriver à nos fins.» D’autres réalisations Le sculpteur, qui réside à Charette depuis une trentaine d’années, réalise actuellement sa toute première œuvre dans son village. On parle d’un projet global de 15 000$. Si c’est une première dans son patelin, c’est loin d’en être une à son portfolio! Il en est à sa 41e sculpture monumentale depuis qu’il s’adonne à cette pratique, c’est-à-dire depuis l’an 2000. Ses œuvres sont partout à travers le Québec: Baie-Comeau, Laurentides, Charlevoix… Il y en a aussi dans plusieurs municipalités de la région, comme Saint-Paulin, Saint-Élie, Grandes-Piles, Saint-Mathieu-du-Parc… C’est lui, d’ailleurs, qui a réparé les statues de Léo Arbour, au Calvaire de Saint-Élie, et qui a conçu la sculpture du Père Frédéric, située à proximité. «Je dois dire que la sculpture religieuse, c’est quand même récent dans mon cas. Mais je m’y découvre peu à peu une mission: celle de conserver le patrimoine et d’en créer.» On peut voir le sculpteur à l’œuvre tous les jours, lorsque Dame Nature est clémente. Il se fera un plaisir de renseigner les curieux sur sa technique.   Le saviez-vous? Pour assurer la solidité et la durabilité de l’œuvre, la pierre a été déposée sur un socle de béton, dont la base a été coulée à quatre pieds de profondeur. Une dalle de soutien complète l’installation.