Ces femmes qui ont fait leur place

Nouvelle exposition «Femmes de papier»

EXPOSITION. Elles étaient femmes au foyer, cuisinières dans les camps forestiers, secrétaires à l’usine ou défiaient les normes en participant à la production. Elles sont 34, dont Lucille Boisvert, originaire de Saint-Étienne-des-Grès, à avoir accepté de partager leur histoire de vie pour la nouvelle exposition temporaire de Boréalis intitulée Femmes de papier.

Jusqu’au 2 septembre, le musée trifluvien propose une incursion dans le quotidien des femmes de l’industrie papetière d’hier à aujourd’hui, des femmes d’usine aux femmes de forêt en passant par les femmes qui occupaient un rôle de soutien.

La Stéphanoise d’origine Lucille Boisvert était bûcheronne de 1969 à 1982. Elle accompagnait son frère pour bûcher du bois. «Il y en avait beaucoup des femmes [qui travaillaient en forêt], mais c’était sur les timberjacks. Moi le timberjacks, je ne le chauffais pas, mais je bûchais», raconte-t-elle dans le témoignage qu’elle livre.

Elle a aussi entretenu les roulottes et fait la cuisine, alors que son mari, malade, demeurait à la maison avec les enfants.

«Ça fait longtemps qu’on veut parler des femmes dans l’industrie forestière avec la sauce Boréalis, mais il fallait trouver sous quel angle on souhaitait traiter de ce sujet et trouver des témoignages. Ce qui a été difficile, c’est qu’il n’y a rien sur l’histoire des femmes, précisément, dans l’industrie papetière. C’était dur de trouver des sources ou des faits, alors ça a été assez ardu de partir l’exposition, au départ. Cette exposition a été un grand saut dans le vide», raconte Valérie Bourgeois, directrice du patrimoine à Culture Trois-Rivières.

Les témoignages et souvenirs de ces travailleuses de l’industrie papetière recueillis par Catherine Lampron-Desaulniers et Émilie Papillon ont été la source d’informations principale. L’équipe de conception de l’exposition a donc profité de l’occasion pour délaisser l’approche muséale plus classique pour opter pour le storytelling.

De station en station, le visiteur se retrouve plongé dans le regard d’une jeune narratrice qui découvre la vie de sa mère et de sa grand-mère, ainsi que l’évolution de la femme dans ce milieu encore non traditionnel.

À l’époque, on comptait parfois une femme par tranche de 100 hommes dans les camps de bûcherons. Elles faisaient souvent partie de la famille d’un homme au camp. De nos jours, les femmes occupent 14% des emplois dans l’industrie forestière.

«Faire sa place, c’est le message de l’exposition. On voulait également qu’elle soit différente. Avec l’intégration d’œuvres d’art, la forme des témoignages et la perspective différente de la présenter, on est allé ailleurs», ajoute Mme Bourgeois.

Laisser sa trace

À travers diverses stations interactives, les visiteurs pourront en apprendre davantage sur le sujet grâce à des photos, des citations, une projection vidéo, deux artéfacts ainsi qu’une œuvre d’art.

Ceux-ci pourront aussi laisser leur marque dans l’exposition. Une station propose d’inscrire des remèdes de grand-mère sur des cartons. Une autre compare la vie quotidienne d’aujourd’hui à celle du passé en regard au temps accordé à diverses tâches, tandis que les visiteurs pourront découvrir s’ils feraient une bonne secrétaire à une autre station.

Boréalis propose également aux petits et grands de tisser un souhait à l’aide d’un métier à tisser. Le visiteur peut ainsi inscrire un souhait sur une bande de tissu, puis la tisser à la suite de la présentation d’une vidéo explicative. Le message, ainsi caché, sera un élément d’une grande banderole.

Un quiz interactif placé à la toute fin de l’exposition propose de faire découvrir aux visiteurs quelle femme de papier ils sont.

Par ailleurs, l’exposition Femmes de papier se transporte aussi à l’extérieur de Boréalis. Une roulotte de chantier a entièrement été réaménagée pour recréer une forêt jusqu’à l’odeur des conifères. On peut y lire et entendre les témoignages d’une bûcheronne, de techniciennes en foresterie et d’une enseignante en foresterie. Le parcours des femmes travaillant en foresterie et les préjugés qu’elles subissent y sont notamment abordés.

Une exposition qui se promène

Femmes de papier a déjà été présentée à Alma et à Kinsgey Falls dans les derniers mois. Après sa présentation à Trois-Rivières, elle reprendra la route vers Valleyfield.